Contrairement aux fiducies, l’offre totale du Bitcoin (BTC) n’est pas infinie ou dictée par une politique monétaire d’un gouvernement ou d’une Banque Centrale. Bien que celle-ci soit en constante évolution depuis 2009, elle est fixée à 21 millions d’unités avec une émission dictée par le processus de halving. Si l’idée qu’il n’y aura plus un jour de nouveaux Bitcoins en circulation contribue à donner de la valeur à la cryptomonnaie, plusieurs analystes estiment que cette caractéristique finirait par se retourner contre elle. C’est notamment le cas de Chi Lo, stratège senior chez BNP Paribas Asset Management, qui y voit la cause de l’effondrement des cryptomonnaies.
L’offre limitée du Bitcoin n’en fait pas une monnaie légale ni une réserve de valeur
C’est à travers un article de blog paru sur le site officiel de BNP Paribas que M. Lo a lâché ses nombreuses critiques à l’endroit du Bitcoin et des cryptomonnaies. Il s’est notamment attaqué au rôle de réserve de valeur que les partisans de l’actif attribuent au bitcoin estimant qu’il s’agissait d’une vision totalement erronée. « Contrairement à l’idée reçue selon laquelle l’offre limitée du Bitcoin et des cryptos est un avantage et protège la valeur, c’est en fait un gros problème pour eux d’être considérés comme de l’argent » a-t-il affirmé. Poursuivant son raisonnement il ajouta que la mère des cryptomonnaies ne représentait qu’un « véhicule pour les spéculateurs ».
L’offre totale du Bitcoin étant fixée notamment à 21 millions d’unités, M. Lo affirme dans l’article de blog que cette limitation rend de fait la cryptomonnaie inadaptée comme monnaie légale. Prenant l’exemple des fiducies, il a ainsi expliqué que celles-ci ne sauraient être émises sur une offre statique, car cela empêcherait les banques centrales de mettre en œuvre des politiques anticycliques. Il ajouta à cet effet que les gouvernements allaient bientôt prendre des mesures pour protéger le système monétaire traditionnel contre les cryptomonnaies. « Plus les gens croient que les cryptomonnaies sont de l’argent, plus le risque d’intervention gouvernementale sur ce marché est grand » a-t-il prévenu.
La CBDC comme première arme des gouvernements
Sur ce dernier point il est difficile de donner tort à M. Lo même si sa théorie sur la question de la réserve de valeur reste à discuter. Alors que les acteurs de l’espace cryptographique font face au durcissement de la réglementation dans de nombreux pays, une autre menace pointe son nez. L’affrontement entre les cryptomonnaies et la CBDC s’annonce déjà explosif avec d’un côté une monnaie bénéficiant du soutien des gouvernements.
Bien qu’il n’existe pas actuellement entre ces derniers un consensus sur le mode de fonctionnement et la gestion des CBDC, il est clair qu’ils en feront tous une arme contre les cryptomonnaies. Les banques centrales devant mettre en œuvre la politique monétaire derrière ces actifs, il existera de fait une compétition entre monnaies numériques à offre limitée ou non.
Malgré les critiques et le point de vue exprimés par M. Lo, il est important de rappeler que plusieurs banques traditionnelles affirment déjà leur soutien au Bitcoin. Une telle position suggère donc qu’elles adhèrent à son principe d’offre limitée, une chose qui ne semble pas être le cas de BNP Paribas