Avec plus de 13 milliards de dollars de valeur totale bloquée, la DeFi a su s’imposer dans l’espace cryptographique en dépit de toutes les critiques. Il est aujourd’hui un fait que le concept qu’elle met en avant présente de meilleurs avantages que le système de prêt prôné par les banques traditionnelles. Malgré ce potentiel, elle tarde à devenir accessible à la majorité des entreprises et structures en quête de financement. Pour combler ce retard et rendre la chose effective, Artem Tolkachev –Fondateur et PDG de Tokenomica– estime que la DeFi devra se connecter aux actifs du monde réel.
Les actifs du monde réel comme garantie pour emprunter de l’argent aux protocoles
M. Tolkachev évoqua dans un premier temps les problèmes urgents auxquels doit faire face la DeFi à l’heure actuelle à savoir le surdimensionnement des garanties demandées et la volatilité de celles-ci. Comme solution, le PDG de Tokenomica propose la mise en place d’une infrastructure capable de combler le fossé entre les actifs du monde réel et l’écosystème DeFi. D’après l’intéressé, cela permettrait à quiconque d’utiliser ces actifs comme garantie pour emprunter de l’argent aux protocoles. Il estime cependant que ces actifs devront répondre à certains critères afin de résoudre efficacement les problèmes précédemment mentionnés. La stabilité de l’actif constitue bien évidemment le premier critère identifié par M. Tolkachev pour remédier au problème de volatilité.
Il devra ensuite générer des revenus fixes de façon périodique afin de fournir des flux de trésorerie réels. La détermination de sa valeur devra quant à elle se faire de manière transparente sur la base de plusieurs sources éprouvées et reconnues, chose qui manque à la DeFi. De telles exigences impliquent donc que l’actif se présenterait sous la forme d’obligations ou de titres à revenu fixe. « L’utilisation d’obligations assure la stabilité de l’actif, même en période de forte volatilité du marché de la cryptographie, éliminant ainsi le risque de liquidation. Fondamentalement, cela permettra aux investisseurs de la DeFi de bénéficier à la fois des revenus générés par les garanties et des paiements d’intérêts effectués par les emprunteurs » affirma l’analyste.
Trois problèmes majeurs à la mise en place d’un tel système
Conscient qu’il ne sera pas évident de mettre en place une telle infrastructure, M. Tolkachev a lui-même évoqué les obstacles qu’il faudra surmonter. Le premier d’entre eux et pas des moindres est que les emprunts dans la DeFi nécessitent des garanties sous forme d’actifs numériques. La seconde difficulté quant à elle est beaucoup plus structurelle.
« Les emprunteurs sont capables d’attirer des fonds provenant des protocoles DeFi strictement en cryptomonnaies, et il en va de même pour les paiements d’intérêts. Comme les entreprises opèrent dans le système traditionnel, les fonds d’emprunt et le remboursement de la dette doivent être fixés par décret » a-t-il ainsi expliqué. Le dernier obstacle quant à lui n’est rien d’autre que l’absence d’un cadre juridique définissant les règles d’emprunt un protocole.
S’il fait bien de reconnaitre l’existence de difficultés à l’avènement de cette connexion avec le monde réel, l’analyste n’en a pas pour autant manqué de dresser un constat lucide sur l’état de la DeFi. L’instabilité que traverse actuellement ce marché malgré son potentiel prouve bien qu’il a grandement besoin de s’ouvrir au marché financier traditionnel.