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Pourquoi le Contrôle des Taux par les Banques Centrales est une aubaine pour Bitcoin

dim 21 Juin 2020 ▪ 11 min de lecture ▪ par Nicolas T.

Les États-Unis sont condamnés à voir leur dette s’envoler car le dollar, en tant que monnaie de réserve internationale, se doit d’offrir un vaste marché de la dette afin que les nations puissent y placer leurs réserves de change. Cette dette en constante augmentation promet des taux toujours plus bas pour rester soutenable. Et lorsque les taux d’intérêt réels deviennent négatifs, il devient plus avantageux de placer son argent dans l’or ou le Bitcoin plutôt que dans de la dette d’un État au bord de la faillite…

Monnaie de Réserve Internationale

Une monnaie de réserve internationale est la monnaie avec laquelle les gouvernements décident de commercer entre eux.

Étant acceptée partout dans le Monde, chaque pays aura tendance à détenir la majorité de ses réserves de change dans cette monnaie « universelle ».

[Les réserves de change d’un pays étant toutes les monnaies autres que la sienne ayant été obtenues via ses exportations]

« Majorité » et non pas « totalité » car il se trouvera toujours des pays qui ne l’accepteront pas. Par exemple, même si le Dollar fait toujours office de monnaie internationale par excellence, la Russie ne l’accepte plus en échange de ses ventes d’armes…

Ce qui nous amène à nous demander qui décide de la monnaie internationale ? C’est une bonne question et la réponse est simple. La monnaie la plus fiable et la plus utilisée triomphe. Point.

Avant la première guerre mondiale, à l’apogée de l’empire sur lequel le soleil ne se couchait pas, quasiment un pays sur deux était une colonie britannique. Ainsi, même si un marchand ne commerçait pas avec une colonie britannique, la nation en question était heureuse d’être payée en livre Sterling car il y avait de fortes chances qu’elle en ait besoin tôt ou tard pour commercer avec l’immense empire britannique.

De nombreuses monnaies ont servi de monnaie internationale à travers l’Histoire. Mais loin d’être éternelle, la domination monétaire dure rarement plus d’un siècle… Les détenteurs du Graal finissent toujours par abuser de leur privilège et briser la confiance. Une question qui ne se pose pas avec le Bitcoin qui ne repose pas sur une dette

La Monnaie Internationale au XXIe Siècle

Si un pays veut imposer sa monnaie au reste du Monde, il faut qu’elle présente plusieurs avantages :

  • Il faut avoir des choses à vendre au monde entier (On ne décrète pas que sa monnaie internationale à partir du néant. Pour que sa monnaie soit demandée, il faut commencer par générer une demande tangible).
  • Il faut que les autres nations puissent placer leur réserves, ce qui requiert de disposer d’un large marché financier (marché de la dette, surtout, car liquide est sûr).
  • Les nations doivent pouvoir obtenir cette monnaie internationale facilement.

Les États-Unis remplissaient toutes les cases à la fin de la seconde guerre mondiale. Ils étaient le premier exportateur mondial et possédaient le plus grand marché financier du monde. Il était également facile d’obtenir des dollars car Washington était très heureux de les échanger contre de l’or. Et de manière plus décisive, il y eut le plan Marshall…

Ce plan fut constitué d’un prêt de 16 milliards de dollars (175 milliards en dollars corrigés de l’inflation, c’est-à-dire à pouvoir d’achat constant). Il fut assorti de la condition d’importer pour un montant équivalent de marchandises américaines. Nous sommes donc bien loin de la croyance populaire voulant que le plan Marshall ait été don. Ce cadeau empoisonné servit avant tout à promouvoir l’internationalisation du dollar supposé « as good as gold » (convertible en or).

« Supposé » car les États-Unis vont trahir le monde entier dès 1971 en abandonnant la convertibilité du dollar en or de façon unilatérale. Nous y reviendrons.

Les Privilèges Exorbitants de la Monnaie Internationale

Une monnaie internationale offre des privilèges qui portent en eux les germes de sa destruction…

Le grand privilège que les États-Unis retirent du dollar est de pouvoir se permettre un déficit commercial chroniquement déficitaire sans craindre une dépréciation du dollar. Par quelle magie ? Tout simplement parce que ce déficit est compensé par de l’argent qui revient aux États-Unis. Cet argent n’est autre que les réserves de change que le reste du Monde place dans la dette américaine pour engranger des intérêts.

Ainsi, une fois le dollar sacré monnaie internationale, l’Oncle Sam a pu importer impunément beaucoup plus qu’il n’exportait. Dit autrement, échanger du papier contre des marchandises… Néanmoins, ce n’est qu’à partir de la fin du Gold Standard que les Américains vont vraiment importer sans compter et adopter un train de vie au-dessus de leurs moyens.

Balance commerciale US 1960 - 2020

La balance commerciale US est restée à l’équilibre toute la période du Gold Standard car les Etats-Unis s’exposaient à la perte de tout leur or en cas de déficit persistant. En effet, les nations européennes acceptèrent le dollar comme monnaie internationale à la seule condition de pouvoir l’échanger contre de l’or sans restriction. Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace…

Mais Nixon fit sauter le Gold Standard 27 ans à peine après la signature des accords de Bretton Woods

Pourquoi avoir mis Fin au Gold Standard ?

Premièrement parce que les pays européens, France en tête, demandaient la conversion de leurs dollars en or. Le général de Gaulle ne supportait pas que les États-Unis puissent payer leurs dettes envers les autres nations dans une monnaie qui leur appartient de créer à l’envi. En 1971, date de la fin du Gold Standard, le stock d’or US a déjà fondu de moitié.

Deuxièmement parce que les États-Unis atteignirent en 1970 leur pic de pétrole (conventionnel). Ils savaient que leurs importations de pétrole allaient exploser et que le déficit de leur balance commerciale ferait de même. Ils s’exposaient alors à la perte de tout leur or, ce qui, vous l’avouerez, fait tache pour une nation prétendant imprimer la monnaie internationale…

La suite on la connait : Washington fit une offre que les pays du golfe n’ont pas pu refuser : vendre leur pétrole exclusivement en dollar. Et étant donné que le gros des importations des pays européens se composait de pétrole, ils n’eurent d’autre choix que de continuer à empiler les dollars. Le pétrodollar était né. Rien n’a changé depuis, sinon les guerres incessantes au Moyen-Orient pour que rien ne change…

« C’est ce qui nous rend spéciaux en tant qu’Américains. Contrairement aux anciens empires, nous ne faisons pas ces sacrifices pour le territoire ou pour les ressources. Nous le faisons parce que c’est juste. » Haha..

Enfin, n’oublions pas non plus qu’il existe plus de 12 000 milliards $ de prêts souscrits par des entreprises non américaines afin d’huiler les échanges commerciaux internationaux. 12 000 milliards sur lesquels les banques américaines collectent de gras intérêts. Au taux de 3 % – soyons gentils – cela fait tout de même un droit de seigneuriage de 360 milliards, soit le PIB d’un pays comme Hong Kong.

Et ne parlons pas de l’extraterritorialité du droit US…

Un Privilège à Double Tranchant

Plus le déficit commercial des États-Unis s’agrandit et plus leur dette doit gonfler afin que le Monde puisse y placer ses réserves. C’est un cercle vicieux. Une fuite en avant permise par le pétrodollar et le fait que le pétrole – le sang de l’économie mondiale – soit vendu en dollar.

Bref, la dette US est devenue clairement insoutenable si bien que les taux doivent rester proches de 0 % sous peine de faire exploser le service de la dette. Les États-Unis ont payé 600 milliards de dollars d’intérêts en 2019 sur une dette de 26 000 milliards $. Et cela avec des taux d’emprunt au plancher, sous 1 %…

Dette US 1914 - 2018
Source : ZEROHEDGE

Je vous laisse imaginer la facture si les taux d’emprunt venaient à remonter. Les États-Unis peuvent difficilement se le permettre, surtout avec une population à deux doigts de l’insurrection.

Rendez-vous compte que le déficit budgétaire US risque d’atteindre 4000 milliards en 2020… C’est une augmentation de près de 20 % de la dette en un an… D’après Usdebtclock.org, la dette US atteint déjà 130 % du PIB et devrait atteindre 150 % en fin d’année. La Grèce est à 170 %…

À moins d’un « reset » du système, les taux ne peuvent plus remonter, ce qui nous amène au Bitcoin.

Les taux bas sont bullish pour le Bitcoin

Un taux d’intérêt réel est le taux d’intérêt moins l’inflation. Si vous investissez dans de la dette US qui rapporte 1 % par an et que l’inflation est de 2 % l’an, votre taux d’intérêt réel est de -1 %.

Pour le dire autrement, le pouvoir d’achat de votre argent investi diminue de 1 % par an…

Les taux d’intérêt réels et le prix de l’or sont inversement corrélés. Plus le taux réel baisse et plus le prix de l’or augmente car quitte à posséder un investissement qui ne rapporte rien, autant avoir de l’or car l’or ne fait pas faillite contrairement à un état endetté à hauteur de 130 % du PIB…

Taux à 10 ans US vs Prix de l'or
Corrélation inverse entre le taux à 10 ans réel US et le prix de l’or
Source : Goldreserve.com

Or le Bitcoin EST de l’or. Les deux monnaies ont chacune des avantages et des inconvénients mais toutes les deux sont une réserve de valeur qui ont de beaux jours devant elles si les taux d’intérêt réels continuent de chuter.

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Nicolas T. avatar
Nicolas T.

Le Bitcoin est une éruption d'énergie chiffrée incensurable se diffractant aux quatre coins d'un monde en ébullitions géopolitique et inflationniste. Je vous tiens au courant.

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