90 % des codeurs utilisent l’IA, mais la jugent peu fiable

Selon le rapport DORA 2025 de Google Cloud, 90 % des développeurs intègrent désormais l’IA dans leur quotidien. Pourtant, moins d’un quart d’entre eux font réellement confiance à ses résultats. Entre productivité accrue et scepticisme persistant, l’industrie navigue dans un paradoxe.

L’usage de l’IA explose chez les développeurs malgré une méfiance croissante

Le rapport DORA 2025 de Google Cloud, publié mercredi, dresse un constat sans appel : près de 90 % des développeurs utilisent désormais l’IA dans leurs activités quotidiennes, contre 76 % en 2024. 

Les usages couvrent tout le cycle du développement, de la génération de code au débogage, en passant par la rédaction de documentation technique. 

Mais derrière cet engouement massif se cache une réalité plus nuancée : seuls 24 % des répondants estiment que les résultats produits par l’IA sont réellement fiables.

L’étude, menée auprès d’environ 5 000 ingénieurs à travers le monde, révèle que les développeurs passent en moyenne deux heures par jour avec des assistants IA. 

Pourtant, la plupart traitent leurs suggestions comme un contenu « spam » à contrôler systématiquement. Ce paradoxe fait écho aux conclusions récentes de Stack Overflow, qui montre que la méfiance envers l’IA a bondi de 31 % à 46 % en un an, malgré une adoption toujours plus large.

Même chez Google, la prudence reste la règle. Ryan Salva, responsable de Gemini Code Assist, admet qu’il est inévitable d’utiliser l’IA dans le travail quotidien, mais les ingénieurs savent qu’ils doivent valider chaque ligne.

De son côté, le PDG Sundar Pichai souligne toutefois un gain mesurable, évoquant une hausse de 10 % de la productivité des équipes grâce à ces outils.

Entre dépendance et risques systémiques

La dépendance à l’intelligence artificielle ne fait plus de doute : 65 % des développeurs reconnaissent s’appuyer largement sur ces outils, même sans leur accorder une confiance totale. Ce paradoxe reflète une industrie qui ne peut plus se passer de l’IA, tout en restant consciente des dérives potentielles. 

Les récentes failles de sécurité – comme les attaques « copypasta » mises en évidence par HiddenLayer – montrent à quel point les assistants de codage peuvent être instrumentalisés à des fins malveillantes.

Google tente d’encadrer cette dépendance avec son modèle de capacités DORA. Celui-ci met en avant des protocoles clairs, une conception centrée sur l’utilisateur et des flux de travail supervisés pour éviter une autonomie incontrôlée de l’IA. L’objectif est simple : maximiser les gains de productivité sans transformer ces outils en bombes à retardement.

Au-delà de l’ingénierie, ce débat rejoint une inquiétude plus large. Comme l’ont montré d’autres enquêtes, les Américains eux-mêmes voient dans l’IA un outil utile, mais déshumanisant, craignant qu’elle n’érode la créativité et le lien social. L’industrie du logiciel ne fait pas exception : les développeurs considèrent l’IA comme un collègue brillant, mais imprévisible.

En somme, l’IA s’impose désormais comme un passage obligé pour les développeurs. Cependant, la méfiance généralisée souligne un défi majeur : bâtir un avenir numérique où ces technologies seront non seulement utilisées, mais aussi jugées dignes de confiance. Pour l’heure, l’IA reste un allié indispensable… sous haute surveillance.