JPMorgan gèle les comptes de deux startups de stablecoins pour risque de sanctions

JPMorgan Chase a gelé les comptes bancaires de deux startups spécialisées dans les stablecoins, BlindPay et Kontigo, après avoir identifié des liens potentiels avec des régions considérées comme à haut risque. L’examen interne de la banque a notamment mis en évidence des connexions avec le Venezuela, soumis à des sanctions strictes des États-Unis, ce qui a conduit l’établissement à prendre des mesures immédiates.

Des startups de stablecoins touchées par des gels de comptes

Les deux startups concernées, toutes deux soutenues par Y Combinator et actives principalement en Amérique latine, utilisaient les services bancaires de JPMorgan par l’intermédiaire de la société de paiements numériques Checkbook. Les gels ont été déclenchés après que la banque a détecté des activités liées au Venezuela et à d’autres territoires soumis à des restrictions américaines, suscitant des préoccupations en matière de conformité.

JPMorgan a tenu à préciser que cette décision ne traduisait aucune hostilité envers les stablecoins ou les entreprises basées sur la blockchain. Un porte-parole de la banque a rappelé que l’établissement continue de travailler avec des émetteurs de stablecoins et des sociétés du secteur, mentionnant notamment son rôle récent dans l’accompagnement d’un émetteur lors d’une introduction en bourse. Selon la banque, la mesure était exclusivement motivée par des exigences de conformité réglementaire.

Le PDG de Checkbook, PJ Gupta, a apporté des précisions supplémentaires, expliquant que les comptes de BlindPay et Kontigo faisaient partie d’un ensemble plus large de comptes concernés par une hausse significative des rétrofacturations. Il a indiqué que l’intégration rapide des clients, permettant à un grand nombre d’utilisateurs d’ouvrir des comptes en ligne en peu de temps, avait entraîné une augmentation des litiges, ce qui a conduit JPMorgan à procéder à un gel temporaire des comptes.

Les sanctions américaines contre le Venezuela accélèrent l’adoption des cryptomonnaies

Ces gels de comptes interviennent dans un contexte de durcissement des sanctions américaines à l’encontre du Venezuela sous la présidence de Donald Trump. Les mesures récentes incluent la saisie d’un pétrolier quittant les eaux vénézuéliennes, la deuxième interception de ce type en un mois, ainsi que des décisions antérieures, comme l’imposition en mars 2025 d’un tarif de 25 % sur le secteur pétrolier du pays.

Ces actions ont accentué la pression économique sur le Venezuela, poussant de nombreux acheteurs privés à se tourner vers les cryptomonnaies. À la suite du tarif de mars, les acheteurs vénézuéliens auraient acquis environ 119 millions de dollars en actifs numériques, utilisant ces monnaies comme outil de stabilité financière face aux sanctions et aux contraintes économiques croissantes.

Les stablecoins au cœur de l’économie vénézuélienne

Les cryptomonnaies, et plus particulièrement les stablecoins, sont de plus en plus adoptées au Venezuela, où les citoyens cherchent à préserver leur pouvoir d’achat face à la dévaluation de la monnaie nationale et au renforcement des contrôles gouvernementaux.

Au-delà de l’usage individuel, les stablecoins jouent désormais un rôle central dans l’économie du pays. Près de 80 % des revenus pétroliers seraient traités via USDT, qui s’impose comme un outil clé pour la gestion des recettes énergétiques. Cette dynamique illustre la manière dont les monnaies numériques s’intègrent progressivement à l’activité économique quotidienne dans un environnement financier contraint.