Aave déploie ses 70 Mds$ de dépôts sur Aptos et vise la liquidité des stablecoins

Le boom des stablecoins et de l’industrie crypto a insufflé un souffle à la fois contrasté et vivant. À la frénésie spéculative des uns répond la quête d’efficacité des autres. Dans ce tumulte, Aave avance à grands pas. Fort de 70 milliards de dollars de dépôts agrégés, le protocole étend son territoire sur Aptos, blockchain non‑EVM conçue pour la performance. Une stratégie de rupture, pensée pour aller chercher à la fois vitesse, sécurité et nouveaux flux de liquidité. C’est un nouveau chapitre de la DeFi qui s’écrit, entre ambitions institutionnelles et pragmatisme technique.

Quand « Move » remplace Solidity : Aave reprogramme son avenir sur Aptos

Après avoir explosé tous les compteurs avec 50 milliards de dépôts nets mi-juillet, Aave fait de nouveau parler de lui. Son arrivée sur Aptos n’est pas un simple déménagement, c’est un changement de grammaire. Pas d’EVM ici : le protocole a dû réécrire tout son code en langage Move, taillé pour la machine virtuelle d’Aptos. Cette refonte donne naissance à un Aave fluide, natif, parfaitement adapté aux promesses de la chaîne. 

Côté performances, Aptos annonce jusqu’à 150 000 transactions par seconde, des frais ridicules et une finalité presque instantanée. Une aubaine pour les applications DeFi exigeantes.

Mais pas question de se précipiter : les audits se sont multipliés, un concours « Capture The Flag » a été organisé avec Cantina, et un bug bounty de 500 000 GHO a été mis en jeu.

Le processus a impliqué des chercheurs en sécurité dès le départ, ce qui a permis à l’équipe de cultiver l’approche « sécurité d’abord », comme toujours au cœur du développement d’Aave.  

Communiqué officiel de l’équipe de Aave

Cette méthode témoigne d’un souci quasi obsessionnel : faire les choses proprement, pour inspirer confiance.

Crypto multi-chaînes : Aave se rêve en agrégateur de liquidité

La fragmentation est l’ennemi juré de la DeFi. Chaque chaîne cloisonne ses marchés, ses utilisateurs, sa TVL. Aave veut casser ce schéma. En s’implantant sur Aptos, l’un des rares terrains non saturés par les géants DeFi, le protocole joue un coup audacieux. Et les premiers chiffres confirment le pari : en 2025, la TVL des stablecoins sur Aptos a doublé, passant de 628 M$ à 1,27 Mds$.

Sur Arbitrum, l’arrivée d’Aave avait fait bondir la TVL de 1,2 à 4,8 milliards $ en six mois. Si ce scénario se répète, Aptos pourrait bien connaître une ascension similaire. Et cette expansion inter‑chaînes pourrait faire d’Aave le Google Translate de la liquidité crypto.

Comme le souligne le porte-parole d’Aave : 

En élargissant l’accès à l’emprunt, à l’épargne et au prêt, Aave s’adresse à une nouvelle communauté en forte croissance.

Pour Aave, c’est autant une mission qu’une opportunité.

1,5 trillion en ligne de mire : Aave vise les institutions

Dans ce nouveau terrain de jeu, Aave ne parle plus seulement aux aficionados de la crypto. Avec l’intégration d’Aptos au projet WYST, centré sur les stablecoins et les actifs réels tokenisés (RWA), le protocole regarde désormais vers Wall Street et ses équivalents décentralisés. Le marché visé est immense : 1 500 milliards $ d’actifs tokenisables.

Quelques chiffres clés :

• 70 Mds$ : valeur totale des dépôts Aave tous réseaux confondus ;
• 1,27 Mds$ : stablecoins TVL sur Aptos début 2025 ;
• 500 000 GHO : récompense bug bounty pour détecter des failles ;
• 150 000 TPS : capacité théorique d’Aptos ;
• 11 blockchains : sélectionnées dans l’initiative WYST.

En combinant la gouvernance DAO, une infrastructure agile et une approche sécuritaire, Aave se positionne comme la passerelle entre la finance crypto et les institutions. Ni décentralisé pur, ni système bancaire classique, mais peut‑être le chaînon manquant.

Malgré son aura de pionnier, Aave suscite aussi des réserves. Certains observateurs y voient le symbole d’une DeFi de plus en plus centralisée, dominée par quelques protocoles puissants et de grosses décisions communautaires biaisées. La conquête d’Aptos montre une DeFi en pleine mutation, mais elle interroge aussi : jusqu’où peut‑on rester décentralisé quand on veut séduire Wall Street ?