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Alerte sur la Centralisation du Mining

mer 08 Fév 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.

La récente concentration de l’industrie du mining ravive les vieux démons. La pool Foundry USA a pris le contrôle d’un tiers du hashrate et menace la décentralisation du Bitcoin.

Réseau Bitcoin

La poule aux BTC

Une pool est comme un syndicat de loterie. Les mineurs de BTC y mettent leur puissance de calcul en commun pour lisser les revenus dans le temps.

Certains mineurs minent en solo vu que l’espérance de gain est mathématiquement la même à long terme. Mais il faut pouvoir encaisser de longs mois sans trouver un seul bloc pendant que les factures d’électricité s’empilent.

[Si le mining de bitcoin et le fonctionnement des pools vous intéressent, rendez-vous sur cet article : Bitcoin Mining – Comment ça marche vraiment ?]

Malheureusement, il arrive régulièrement que la puissance de calcul (hashrate) se retrouve trop concentrée dans certains pools. C’est ce que nous observons depuis quelques temps.

La pool américain Foundry USA a trouvé 33 % des blocs au cours des cinq dernières semaines. Cela signifie qu’il reçoit 33 % du hashrate. De ce point de vue, le Bitcoin n’est absolument pas décentralisé :

« Ce n’est pas bon. Nous avons vraiment besoin que les mineurs quittent Foundry pour de plus petites pools. »

L’un des risques souvent mis en avant est la fameuse attaque 51 %. Certes, mais le fait est qu’une pool ne contrôle pas son hashrate. Pas plus qu’un CEO ne contrôle son entreprise s’il n’est pas actionnaire majoritaire.

En clair, même si la pool peut théoriquement mener une attaque 51 % (problème de la double dépense), les mineurs peuvent aussi plier bagages. Un pouvoir pouvant être révoqué au moindre signe de malfaisance n’est pas vraiment un pouvoir.

Cela dit, une centralisation accrue peut, à la longue, faire disparaître les petites pools aux revenus (proportionnels au hashrate) trop étroits. L’absence de solutions de rechange serait préoccupante.

Risque de censure

Plus que l’attaque 51 %, c’est en réalité davantage le caractère non censurable du Bitcoin qui est en jeu face à la concentration des pools.

En effet, ce sont les pools qui choisissent les transactions placées dans les blocs. Si bien qu’il suffirait d’obliger les grandes pools par la loi pour que certaines adresses soient placées sur liste noire. De telles adresses devront alors attendre qu’un mineur solo ait rapidement de la chance.

Bien entendu, il s’agit ici du scénario du pire. D’autres pools non règlementés finiraient bien par émerger. Par ailleurs, des améliorations existent. Voici à quoi ressemblerait la décentralisation si tous les pools utilisaient le tout nouveau protocole Stratum V2 :

« La centralisation du hashrate du Bitcoin vous inquiète ? (graphique de gauche) STRATUM V2 arrive pour résoudre ce problème ! (graphique de droite) »

Nous l’avons expliqué en octobre dernier lors du lancement de Stratum V2 :

« Malheureusement, l’architecture de Stratum V1 est telle que ce sont les pools qui sélectionnent les transactions inclues dans chaque bloc. Autant dire que nous sommes à des années lumières de l’Ethos du Bitcoin puisque le hashrate est noyauté par une poignée de pools.

Après 10 ans d’attente, Stratum V2 offre la possibilité aux mineurs de créer des blocs contenant des transactions choisies par leurs soins. Cette option permettrait aux mineurs de se révolter contre la censure de certaines transactions. Cette simple menace dissuadera les pools renégats et d’éventuelles règlementations assassines. »

Ce nouveau protocole open-source est poussé par le géant des paiements Block (Jack Dorsey), l’exchange BitMEX, le fonds Galaxy Digital, Braiins, Spiral et, de manière intéressante, a pool Foundry USA.

Quelques facteurs de décentralisation

Les fabricants d’ASICs font également partie de l’équation de décentralisation. Plus il existera de fabricants d’ASICs, et plus leurs prix baisseront, ce qui participe à la décentralisation. L’entreprise fabriquant les ASICs les plus efficientes est Bitmain.

Mais d’autres sont sur ses talons. Notamment Canaan, MicroBT, Halong Mining Company ou encore le japonais Triple-1 et ses ASICs « Kamikaze II ».

Notons aussi que l’ajout du logiciel Stratum V2 annule la garantie (six mois) des ASICs. Leurs fabricants devraient faire preuve de plus de souplesse au nom de l’ethos du Bitcoin.

Le récent lancement d’un marché de l’occasion des ASICs digne de ce nom par Luxor Mining va certainement apporter sa pierre à l’édifice :

« La plateforme ASIC Request-for-Quote de Luxor permettra aux vendeurs d’ASICs d’accéder à une palette d’acheteurs beaucoup plus large. »

La concentration des ASICs dans de gigantesques « Mining Farms » nuit pareillement à la décentralisation. Le mineur Core Scientific a par exemple réussi à rassembler 10 % du hashrate.

La « bonne » nouvelle est que ce mineur a récemment fait faillite, suggérant qu’il ne vaut mieux pas mettre tous ses ASICs dans le même panier.

Survivre aux bear markets requiert de payer son électricité moins chère que la concurrence. Ce qui signifie disperser de petites installations d’une poignée de mégawatts aux quatre coins du monde.

Or, un tel écartèlement des activités débouche souvent sur un partage de la propriété des machines avec des acteurs locaux. Et donc plus de décentralisation.

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Nicolas T.

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