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Quand la DeFi-Ponzi explose en vol

mar 21 Juin 2022 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.

Ce cycle fut encore plus exubérant que celui de 2017/2018 et ses ICO en pagaille. Les scammers et autres influenceurs CrYpTo s’en sont donnés à cœur joie, notamment via la DeFi ponzienne.

Ponzinomics

DeFi, pour DEcentralized FInance. La DeFi est un « écosystème » basé sur la « technologie Blockchain » reproduisant la Finance de manière « décentralisée », soi-disant.

Les noms désormais connus de la DeFi sont Anchor, AAVE ou encore Celsius. Il s’agit d’endroits magiques où l’on engrange des taux de rémunération à deux chiffres sur les cryptomonnaies que l’on y dépose. Le fameux « yield ».

Mais comment ? Quelle est donc cette activité miraculeuse offrant 20 % par an, soit quasiment 20 % de plus qu’un compte épargne ? Aurait-on trouvé la pierre philosophale ? Ou bien un système de ponzi…

Il est impossible de garantir un taux fixe de 20 %, à moins d’être un monopole technologique mondial comme Microsoft ou Google. Et encore.

Les gens derrière la DeFi ne sont pas plus malins que Microsoft et Google. L’argent des déposants finit en réalité dans des poupées russes ponziennes où l’on paie les rendements des premiers arrivés avec l’argent des dépôts des derniers arrivés. C’est la définition d’un système de ponzi.

Le stablecoin Terra-Luna fut l’une de ces poupées russes. Le succès de Terra-Luna était lié au fait qu’il était possible de les déposer chez Anchor qui proposait un taux de rémunération de 19.5 % en puisant dans une réserve de Luna pré-minés.

Il n’y avait donc aucune réalité économique derrière ce rendement. Cette réserve finirait tôt ou tard par se vider et sonner la fin du ponzi. Ne manquez pas notre article qui explique l’arnaque Terra-Luna en détails.

Vous pouvez suivre @FatManTerra pour suivre la triste saga Luna et les déboires de son créateur avec la Justice :

« Rappelez-vous quand Do Kwon a dit qu’il allait « collatéraliser » UST et qu’il travaillait sur un « plan de redressement », tout en utilisant des bitcoins (Over the counter) pour permettre aux whales de sortir avant tout le monde ? Avant d’abandonner UST une semaine plus tard ? Ce fut une manipulation flagrante des petits porteur. »

Ethard dans la tourmente

Celsius, qui refuse de rendre l’argent de ses déposants depuis une semaine, avait également investi dans Anchor. L’ampleur de leur perte est inconnue. La rumeur veut qu’elle soit substantielle…

Luna mis à part, une autre source de « yield » soulève des sourcils depuis une semaine. Celsius détient en effet pour près de 400 millions de dollars chez Lido, un énième maillon faible de « l’écosystème » DeFi.

Lido collecte des ETH en vue de créer des nodes sur Ethereum 2.0 (passage en Proof-of-Stake). Cette société permet de mettre des ETH en commun pour rassembler la bagatelle des 32 ETH nécessaires à la création d’un node. Le yield vient ici du fait qu’après la mue d’Ethereum du Proof of Work vers le Proof of Stake, ce sont les nodes qui recevront les récompenses et non plus les mineurs.

Les utilisateurs de Lido ont reçu des tokens « stETH » en échange de leurs ETH. Un stETH est censé valoir un ETH. Sauf que l’écroulement du marché pousse beaucoup de monde à vouloir couper leurs pertes. La valeur d’un ETH est en effet passée de près de 5000 dollars à moins de 1000 dollars en quelques mois à peine.

Problème : l’argent des clients de Celsius investi chez Lido est bloqué jusqu’au hard fork de PoS dont la date n’est toujours pas connue. Dit autrement, leurs ETH sont bloqués sur la beacon chain jusqu’au jour J. Il est impossible de revendre ces stETH.

Or, nous commençons à voir une décote comme celle qui est apparue avec le fiasco de LUNA/UST. Le stETH se vend désormais près de 8 % en dessous du prix de l’ETH !

Compte tenu de cette dynamique et de l’importance du stETH dans l’ensemble de l’écosystème DeFi (4 milliards de dollars), il faut interpréter cette décote comme un signe de stress du marché. Cette décote est de mauvais augure pour l’ETH qui a déjà perdu 36 % face au bitcoin depuis le 11 mai.

Et pour ne rassurer personne, la fondation Ethereum a vendu une partie substantielle de ses réserves d’ETH pré-minés lors des deux ATH précédents. Beau timing, Vitalik…

C’est à se demander si ce passage d’Ethereum en PoS n’avait pas pour but d’empêcher les petits porteurs de vendre ce shitcoin (pré-miné à 70 %) pendant l’exit des whales. En effet, beaucoup pensent que l’Ethereum ne se relèvera pas de son passage en PoS…

« Les bitcoin maxis sont partout sur Twitter à essayer de convaincre tout le monde que si vous n’avez pas vos clés, vous ne possédez pas vraiment vos bitcoins. Alors laissez-moi dire à tout le monde : 30 % de tous les bitcoins ont disparu, à cause des maxis du bitcoin qui vous ont dit de garder vos propres clés. Tout le monde a perdu ses clés. »

Ribambelle de scams

BlockFi est également sous les feux des projecteurs. Cette société de DeFi permet d’emprunter des dollars en échange d’un dépôt de BTC apporté en collatéral, entre autres services similaires à ceux de Celsius. D’après ses comptes d’opération, la firme accuse une perte de 285 millions de dollars sur les deux dernières années.

BlockFi a réussi l’exploit de ne pas être profitable alors que le BTC est passé de 6 000 dollars en 2020 à 69 000 dollars en fin d’année 2021. Ces pertes montrent que l’on ne s’improvise pas banquier. Rencontrer des emprunteurs en personne pour juger de leur sérieux reste primordial.

Les seuls clients reçus en personne sont ceux pesant plus de 3 millions de dollars. C’est avec ces whales, VC et autres hedge funds que les CEO de la DeFi-Ponzi volent de conférences en conférences bras dessus, bras dessous. Ceux-la même qui pourront retirer leur argent avant les autres.

Et s’il ne s’agissait que de la DeFi… Ce dernier cycle aura vu une ribambelle d’arnaques toutes plus grosses que les unes que les autres. On a vu un jpeg (APES NFT) se vendre pour 69 millions de dollars aux ventes aux enchères de Christie’s.

Nous savons aujourd’hui qu’il s’agissait évidemment des mêmes personnes qui faisaient monter les enchères. Suite à ça, des milliers de personnes ont acheté des images de singes pour plusieurs centaines, voire milliers de dollars, croyant tenir là leur ticket de loto gagnant. Ces gens abusés ont tout perdu.

Et que dire des « tokenised food memes » ou de la foire aux shitcoins sur les DEX. Certains attendent littéralement qu’Elon Musk tweet sur le doge coin pour en acheter. D’autres se laissent convaincre d’acheter du terrain virtuel dans le metavers, pensant détenir le Manhattan du futur.

L’Exubérance irrationnelle et l’effet de levier ont permis aux milliers de shitcoins d’atteindre une capitalisation deux fois supérieure à celle du bitcoin. Vous pouvez faire confiance aux influenceurs pour continuer leurs basses œuvres promotionnelles.

Ces personnes détestables savent bien qu’il est plus facile de faire un X10 avec un shitcoin plutôt qu’avec le Bitcoin. Pourquoi ? Parce qu’il suffit d’injecter 10 millions de dollars dans un shitcoin pesant déjà un million de dollars pour qu’il s’apprécie de 1000 %. Faire de même avec un BTC pesant déjà 500 milliards requiert 5000 milliards supplémentaires.

Mais à long terme, les shitcoins finiront tous à zéro et emporteront avec eux toutes les sociétés de DeFi qui proposent des rendements extraordinaires. C’est bien le BTC qui finira par avaler les 10 000 milliards de l’or (x20). Pas le doge coin, ni l’ether.

Il n’y aura qu’une monnaie de réserve universelle. Pas cinquante, ni deux. Une seule. L’Hégémonie monétaire est toujours un combat à mort.

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Nicolas T.

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