App Store : Elon Musk dénonce un favoritisme en faveur de ChatGPT

Elon Musk relance les hostilités contre Apple, l’accusant de marginaliser Grok et X dans l’App Store au profit de ChatGPT. Derrière cette querelle apparente, c’est un bras de fer plus large qui se joue autour de l’IA, de la concurrence et du contrôle des plateformes. La frontière entre curation légitime et pratiques anticoncurrentielles est plus floue que jamais.

Une accusation frontale contre la politique d’Apple

Lundi, Elon Musk a ravivé les tensions avec Apple en s’attaquant frontalement à ses méthodes de curation sur l’App Store. 

Le patron de X a publiquement mis en cause la stratégie de mise en avant de la firme de Cupertino, pointant du doigt l’absence de ses propres services dans la prestigieuse section « Must Have ».

« Hé Apple App Store, pourquoi refusez-vous de mettre X ou Grok dans votre section « Incontournable » alors que X est l’application d’actualités n° 1 au monde et que Grok est n° 5 parmi toutes les applications ? », a interpellé Musk sur sa plateforme. 

Puis, avec une pointe d’ironie, il a ajouté : « Vous faites de la politique ? Qu’est-ce qui se passe ? Les esprits curieux veulent savoir. »

Ces déclarations traduisent l’escalade d’un conflit entre deux mastodontes technologiques aux intérêts divergents. Musk accuse Apple de favoriser ChatGPT d’OpenAI au détriment de ses propres solutions. Pour lui, ce choix révèle un biais structurel qui fausserait la concurrence dans un secteur clé : l’intelligence artificielle.

Derrière cette passe d’armes se cache un enjeu stratégique majeur : la visibilité sur iOS. La section « Must Have » joue le rôle d’une vitrine premium, capable de propulser une application vers des millions de téléchargements et d’influencer directement son adoption par le grand public.

Musk estime que l’exclusion de X et Grok, malgré leurs performances, illustre une utilisation abusive par Apple de sa position dominante, une question déjà au cœur de nombreuses enquêtes antitrust à l’échelle internationale.

Un conflit aux enjeux antitrust majeurs

Cette polémique survient alors qu’Apple fait déjà l’objet d’un examen minutieux des autorités américaines et européennes, qui enquêtent sur la domination de l’App Store et ses règles imposées aux développeurs, notamment les commissions prélevées.

Pour Andrew Rossow, avocat spécialisé et PDG d’AR Media Consulting, l’enjeu juridique est subtil : 

La clé est de faire la distinction entre la curation éditoriale légitime (que les plateformes ont généralement le droit d’exercer) et les comportements anticoncurrentiels qui nuisent au processus concurrentiel. 

Les tribunaux devront évaluer la cohérence des politiques d’Apple, leurs motivations commerciales et leur impact global sur le marché. Il rappelle toutefois que la loi antitrust protège la concurrence, pas les concurrents individuels. Musk devra donc prouver que les difficultés de X et Grok découlent directement des pratiques d’Apple, et non de lacunes internes.

Certains observateurs adoptent un ton plus ferme. Himanshu Tyagi, professeur à l’Institut indien des sciences, parle de « pure censure » : si le favoritisme influence la sélection des contenus, cela pourrait fausser la concurrence dans l’IA en limitant l’accès à des produits potentiellement meilleurs.

Cette bataille s’inscrit dans un affrontement plus large pour le contrôle du marché technologique. Après l’attribution de 29 milliards de dollars en actions pour le maintenir à la tête de Tesla, Musk semble décidé à défendre ses intérêts sur tous les fronts. 

Pour Jesse Glass, chercheur chez DecideAI, le ralentissement des progrès sur les grands modèles de langage rend le contrôle de la distribution encore plus stratégique. 

L’attaque de Musk contre Apple dépasse ainsi la simple querelle commerciale : elle touche au cœur du pouvoir dans l’IA. Si cette affaire débouche sur une action judiciaire, elle pourrait redéfinir les règles du jeu entre plateformes, développeurs et régulateurs. Dans cette guerre pour la visibilité, la prochaine décision d’Apple pourrait peser bien plus lourd qu’un simple choix éditorial.