Aura : Quand l’industrie du luxe parie sur la blockchain pour améliorer le secteur

Selon le Ministère des comptes publics, près de 5,64 millions de produits de luxe contrefaits ont été interceptés aux douanes françaises en 2021. Cela équivaut à une hausse de 20 % par rapport à l’année précédente et les chiffres continuent de grimper. Un consortium de marques de luxe veut tirer parti de la blockchain pour protéger les marchés contre ce fléau qui afflige l’industrie. Cette technologie leur permet entre autres d’assurer la traçabilité des produits et d’en garantir l’authenticité, mais aussi de contrôler les marchés de seconde main.

Aura : Se prémunir des contrefaçons galopantes

L’industrie du luxe a toujours souffert des contrefaçons. LVMH qui possède plus de 70 marques de luxe parie sur la blockchain pour lutter contre ce fléau. Le groupe a développé Aura Blockchain Consortium, une blockchain privée qui se fixe principalement pour objectif de garantir la traçabilité et l’authenticité des produits de luxe.

Aura : Bref aperçu historique

Après avoir mûri l’idée d’exploiter la blockchain pour éliminer les problèmes spécifiques à l’industrie du luxe, la contrefaçon principalement, LVMH a développé Aura en collaboration avec Microsoft et ConsenSys, un fournisseur de solutions blockchain. Le groupe a officiellement présenté le projet en mars 2019 dans le cadre du salon VivaTech.

Les marques du groupe LVMH, notamment Hublot, Bulgari et Louis Vuitton, sont les premières à rejoindre la plateforme. En avril 2021, le groupe Richemont (connu pour ses horlogers de luxe, dont Cartier) et Prada rejoignent l’aventure et viennent agrandir le consortium.

Une blockchain privée

Aura est une blockchain privée, ce qui suppose que ses membres ont le contrôle total de leurs données et peuvent les gérer avec les normes de confidentialité les plus élevées possibles.

« Aura Network est une blockchain souveraine. Cela signifie avoir sa propre infrastructure décentralisée qui peut être gouvernée indépendamment par Aura Community plutôt que de dépendre sur d’autres chaînes de couche 1. »

Equipe dans le whitepaper du projet

Cette année, LVMH a introduit une nouvelle fonctionnalité baptisée Multi-Token Minter (MTM) sur son réseau. Cette fonctionnalité permet aux membres du consortium de créer des contrats intelligents qui peuvent être déployés sur Aura et n’importe quelle autre blockchain publique, dont Ethereum, Solana et Cosmos.

Aura : Garantir la traçabilité et l’authenticité des produits

Pour lutter contre les contrefaçons, Aura veut donner aux clients la possibilité de vérifier l’authenticité d’un produit sur l’ensemble de son cycle de vie. Dans cette perspective, le consortium table sur la blockchain pour assurer la traçabilité à tous les niveaux.

Production

Un identifiant numérique unique (ID) est créé au cours de la phase de production d’un produit. L’identifiant contient toutes les informations relatives au produit : matériaux, lieux de fabrication, etc. Toutes ces informations sont entrées dans la blockchain et restent immuables. L’ID est utilisé par l’acheteur pour vérifier l’authenticité à l’achat.

Commercialisation

Lors de la distribution, chaque transaction est enregistrée dans le certificat d’authenticité. L’enregistrement se fait dès la première vente et pour toutes les reventes suivantes. L’acheteur peut effectuer un transfert de propriété en donnant ou en revendant l’article. Toutes ces informations sont inscrites dans le certificat de l’article.

Achat

À l’achat, le client reçoit un certificat d’authenticité avec le logo Aura et l’identifiant du produit. Il est impossible de modifier les informations saisies sur la blockchain. L’identifiant est donc infalsifiable et garantit à l’acheteur l’originalité du produit. Le certificat lui fournit également toutes les informations sur la production, le circuit et l’état de l’article acheté.

Entretien et SAV

Toutes les étapes d’entretien du produit seront également consignées dans le certificat. Ces informations donneront à l’acheteur des indications claires sur l’état de l’article. En somme, avec Aura, les clients peuvent connaître l’historique d’un produit acheté, obtenir un certificat d’authenticité et une preuve de propriété, puis accéder aux informations sur la garantie et la maintenance/entretien. 

Aura, pour un marché de seconde main fiable et éthique

Aura permet aussi aux marques de luxe de maîtriser les marchés de seconde main. Selon une étude menée par la Fevad, (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) et KPMG (un réseau de cabinets d’audit), le marché français de seconde main pesait 7 milliards d’euros en 2022. Au niveau mondial, ce marché dans le secteur de la mode et du luxe est estimé à 34 milliards d’euros en 2021. Le marché continue de grimper. Par contre, 23 % des acheteurs avouent ne pas acheter desproduits de luxe en ligne sur ce marché car il n’existe aucune garantie.

La blockchain Aura vient justement rectifier cette absence de garantie en assurant la traçabilité des produits en toute transparence. Lorsqu’un article de luxe change de main, le fabricant perd en effet la traçabilité. Mais avec Aura, l’ensemble de l’historique du produit est consigné sur la blockchain. Le fabricant sait qui est le nouveau propriétaire et peut même communiquer directement avec lui.

Créer une relation privilégiée avec les clients

Grâce à Aura, les clients pourront communiquer directement avec les marques. Cela suppose par exemple la possibilité de participer à des discussions et des activités communautaires, de recevoir des invitations personnalisées à des événements et des services après-vente, etc.

N’importe quelle marque peut rejoindre le projet, même si elle n’a jamais travaillé avec la technologie blockchain auparavant. En rejoignant Aura, les marques de luxe peuvent tirer parti des technologies innovantes et bénéficier de la transparence totale des processus qui viennent améliorer l’expérience client.

Conclusion

Le projet Aura est entièrement ouvert à toutes les parties prenantes de l’industrie qui souhaitent améliorer les processus d’achat, de possession, de revente, etc. Les grandes et petites marques, les partenaires techniques, les experts de la chaîne d’approvisionnement et des ventes, les organisations industrielles et gouvernementales, les associations professionnelles et les partenaires dans la création d’écosystèmes financiers, technologiques et d’infrastructure peuvent tous rejoindre le consortium.