Bitcoin : 200 000 $ en ligne de mire

Le bitcoin est de retour au contact des 110 000 dollars, galvanisé par la ruée des trésoriers d’entreprise et le teasing du conseiller à la Maison-Blanche Bo Hines.

La stratégie Bitcoin

Les trésoriers d’entreprise sont traditionnellement prudents, allouant la majorité du capital à des actifs peu risqués. Il s’agit typiquement d’obligations souveraines comme les bons du Trésor US.

Mais le monde change. L’inflation, les taux d’intérêt, les risques géopolitiques et l’avènement du Bitcoin amènent de plus en plus d’entreprises à reconsidérer cette stratégie devenue stérile, surtout dans un contexte où l’Europe rejoint la rébellion des BRICS contre le dollar.

En 2020, MicroStrategy fut la première à faire du bitcoin sa principale réserve de trésorerie avec un achat initial de 38 250 BTC pour 425 millions de dollars. Cinq ans plus tard, Strategy détient 582 000 BTC valant 63 milliards de dollars.

Des dizaines d’entreprises et d’investisseurs institutionnels, dont Stone Ridge, Semler Scientific et Tesla, ont adopté des stratégies similaires : plus d’une centaine d’entre elles détiennent aujourd’hui plus de 3 % du Bitcoin en circulation, comme le montre l’étude de Fidelity Digital Assets sur les trésoreries d’entreprise.

Bernstein Research s’attend à ce que le monde des entreprises investisse 330 milliards de dollars d’ici 2029. Pour mettre ce chiffre en perspective, notez que les ETF n’ont attiré « que » 45 milliards de dollars depuis leur lancement en janvier 2024.

C’est bien simple, le rythme auquel les entreprises accumulent dépasse d’ores et déjà l’offre naturelle de bitcoins (450 BTC par jour). Sans oublier la demande des ETF qui est du même ordre de grandeur (431 BTC ce mardi 10 juin).

Sans conteste, les évolutions réglementaires ont renforcé la confiance des investisseurs. Notamment la légitimité comptable offerte par le Financial Accounting Standards Board (FASB), la réglementation MiCA en Europe et l’approbation par la SEC des ETF aux États-Unis.

Toutes ces avancées offrent aux investisseurs ainsi qu’aux entreprises l’assurance et la clarté dont ils avaient besoin pour se jeter à l’eau.

Born in USA

Bien entendu, le grand catalyseur de 2025 fut l’élection de Donald Trump. Les États-Unis sont sur le point de faire du bitcoin leur monnaie de réserve et les dernières déclarations de Bo Hines entretiennent l’optimisme ambiant :

Les journalistes me demandent sans cesse combien de bitcoins nous allons accumuler ? Nous en voulons autant que possible. Nous devons procéder d’une manière neutre sur le plan budgétaire, mais les possibilités sont innombrables. […] Nous serons bientôt prêts et je pense que les bitcoiners seront extrêmement satisfaits.

Bo Hines, directeur du conseil crypto de la Maison-Blanche.

En outre, il y a des signes qui ne trompent pas. Trump Media and Technology Group vient de lever 2,5 milliards de dollars pour bâtir une trésorerie de bitcoins. Et comme chacun sait, il n’y a pas meilleur trader qu’un politicien américain…

Rappelons par ailleurs que la sénatrice Cynthia Lummis a introduit le « Bitcoin Act » au début du mois de mars. Ce projet de loi propose que les États-Unis acquièrent 1 million de bitcoins sur cinq ans, probablement en vendant une partie des réserves d’or. La sénatrice y voit une stratégie géopolitique et économique visant à contrer la Chine et réduire le poids de la dette.

D’autres pays marcheront inévitablement dans les pas des États-Unis. Citons par exemple la Corée du Sud, la République tchèque ou encore la Pologne. Il se murmure également que la Russie et la Chine se penchent sérieusement sur la question, eux qui représentent près de 30 % de la puissance de calcul du réseau.

Le vent tourne aussi du côté des banques

2025 s’annonce comme une année charnière et l’évolution de l’opinion des banquiers sera peut-être tout aussi importante que l’élection de Donald Trump.

Il faut remercier Michael Saylor qui les rassure en refusant l’idée que le bitcoin puisse remplacer le système fiat. Il a clarifié sa pensée à l’occasion de la récente conférence Bitcoin de Vegas :

Pour le PDG de Strategy, le bitcoin va croître à 10 000 milliards, puis 100 000 milliards de dollars et s’ajouter au capital existant sans pour autant changer la face du monde.

Les États, les entreprises et les municipalités continueront d’émettre des dettes tant qu’ils existeront. Les familles continueront d’emprunter pour acheter une maison. Le crédit ne disparaîtra pas et les gens continueront d’opérer en monnaie fiat, mais les compensations aux échelons supérieurs se feront en bitcoins.

Michael Saylor, conférence Bitcoin Vegas 2025.

Son parallèle historique est intéressant : « Le monde était-il bâti sur un étalon-or au 19e siècle ? Oui, mais ce qui circulait, c’était l’expression fiduciaire de la dette, pas l’or. Le monde sera-t-il sur un étalon Bitcoin au 21e siècle ? Oui. Qu’est-ce qui circulera ? Toutes les formes de crédit [sous forme de monnaie fiat]. Je ne vois pas un monde où cela disparaît. Je ne vois pas un monde où cela a besoin de disparaître ».

Michael Saylor voit le bitcoin devenir l’actif roi vers lequel tout le reste s’oriente. « Le centre de gravité de l’univers financier du 21e siècle sera le Bitcoin », a-t-il lancé.

En clair, Satoshi Nakamoto n’est pas l’antéchrist des banques. Le bitcoin n’est pas une menace existentielle pour le système fiat. Cette prise de conscience est peut-être ce qu’il manquait pour que le bitcoin réalise tout son potentiel.

Beaucoup d’institutions parient sur les 200 000 dollars d’ici la fin de l’année. Ne manquez pas notre article : Le Bitcoin s’envole.