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Bitcoin (BTC) en République Centrafricaine : la banque centrale préconise les CDBC

mer 27 Juil 2022 ▪ 5 min de lecture ▪ par Claude B.

L’initiative de Faustin-Archange Touadéra, le président de la RCA, de légaliser le Bitcoin (BTC) dans son pays n’a pas été forcément vue d’un très bon œil par les instances de la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique de l’Ouest), ce qui l’a obligé à réagir en publiant un communiqué faisant la promotion des CDBC.

En Avril 2022, la République Centrafricaine devenait le deuxième pays au monde à légaliser l’usage du Bitcoin (BTC). Un chantier ambitieux, tant il reste encore à faire pour que l’adoption soit réellement effective pour l’ensemble de la population. En Juin, le pays poursuivait sa démarche et annonçait le projet Sango, qui comprend un « hub crypto légal » et une zone économique spéciale dans le métaverse.

Le contexte politique et économique

La République Centrafricaine est membre de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) qui comprend également le Cameroun, le Gabon, le Tchad, la Guinée Equatoriale et le Congo Brazzaville. La BEAC est la banque centrale commune à tous ces états, elle gère la monnaie locale à savoir le Franc CFA.

A ce sujet, il faut les distinguer des pays de la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) qui comprend le Sénégal, le Mali, le Bénin, le Togo, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Burkina Fase et la Guinée Bissau. Ces pays ont aussi pour monnaie le Franc CFA, mais attention ce ne sont pas les mêmes devises ! Ces monnaies sont toutes les deux gérées par la Banque de France, et adossées à l’Euro au même taux fixe (1 Euro = 655,956 Francs CFA), mais elles ne sont pas compatibles du tout ! Le code ISO est d’ailleurs XAF pour le Franc CFA de l’Afrique Centrale et XOF pour celui de l’Afrique de l’Ouest.

Et malgré un sigle CFA identique, la signification est là aussi différente : initialement « Colonies françaises d’Afrique » c’est désormais « Communauté financière africaine » pour l’un et « Coopération financière en Afrique » pour l’autre.

Un reliquat post-colonial et anachronique en somme, qui remet l’indépendance des états en question largement illusoire…

Communiqué de la BEAC

On s’en doute, la démarche initiée par la République Centrafricaine n’est pas faite pour plaire aux hautes instances financières de la région. A l’instar du Mali, ce pays en proie à la guerre civile depuis de nombreuses années a préféré se rapprocher de la Russie pour être épaulé en matière de sécurité. L’adoption du Bitcoin est donc venu aggraver le cas de ce pays aux yeux des pouvoirs politiques encore inféodés à la France et à l’Union Européenne.

Le 20 juillet dernier, la BEAC s’est donc fendu d’un communiqué afin de reprendre la main. Elle prend bonne note de la volonté de la RCA de continuer à respecter les statuts actuels et en profite pour prendre la balle au bond : d’abord ouvrir la voie à une réflexion sur la réglementation des cryptoactifs, ce qui n’est pas étonnant puisque l’activité de réglementation est la raison d’être de ces institutions. Mais le communiqué précise ensuite le souhait d’entamer des réflexions sur la mise en œuvre d’une monnaie numérique de banque centrale. La BEAC a donc très opportunément profité de la démarche pro-bitcoin initiée par la RCA pour placer ses pions et faire rentrer dans le débat l’antithèse de la vision de Satoshi Nakamoto.

Comme sa voisine la Banque Centrale du Nigéria, la BEAC souhaite donc une adoption des CDBC, à plus ou moins brève échéance et à portée plus ou moins universelle. Elle suit ainsi le mouvement mondial auquel on assiste dans l’ensemble des banques centrales et qui vise à donner davantage de contrôle à une oligarchie au détriment des populations.

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Claude B. avatar
Claude B.

Entrepreneur en informatique et résident en terres africaines depuis une quinzaine d'années. Dans ce monde incertain et vacillant, je considère le bitcoin et les cryptos comme l'une des meilleures opportunités face aux défis qui nous attendent.

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