Bitcoin : Michael Saylor fait jaser
Est-il important que le bitcoin devienne un moyen de paiement populaire ? Michael Saylor a ravivé la controverse dans un tweet publié à l’occasion du « pizza day ».
En bref
- La communauté bitcoin s’enflamme suite aux propos de Michael Saylor conseillant de ne pas dépenser ses bitcoins.
- Le bitcoin se distingue comme une réserve de valeur finie, un réseau de paiement non censurable, un outil de liberté face aux restrictions bancaires, et un allié pour la gestion énergétique grâce à sa flexibilité pour les réseaux électriques.
- Bien que certains, comme Saifedean Ammous, prédisent que le bitcoin remplacera les monnaies fiat, Michael Saylor rejette cette idée.
Pizza Day
Les bitcoiners sont à fleur de peau ces derniers temps. En cause, l’éternel débat sur le SPAM. Cette semaine, la plèbe en colère s’est payée Michael Saylor. Le PDG de Strategy a conseillé d’acheter sa pizza en dollars et de garder ses bitcoins, provoquant sarcasmes et incompréhensions.
La dispute était déjà vivace depuis l’ajout de l’option de paiement en bitcoins par la chaîne américaine de restaurants Steak ‘n Shake quelques jours auparavant. La raison étant que Steak ‘n Shake convertit immédiatement les BTC en dollars. « À quoi bon payer en bitcoins s’ils ne les gardent pas en réserve ? » se disent certains. Pourquoi se tirer une balle dans le pied en alimentant la pression baissière ?
Un autre argument tient au fait que les frais de transaction en bitcoin sont plus élevés qu’avec Visa ou Mastercard. Certes, les frais du Lightning Network sont infimes, mais les plateformes comme Coinbase ponctionnent un « spread » (~2,45 %) lors de l’achat des bitcoins (entre autres frais).
Et quid des frais de transaction « on-chain » si le monde entier rechargeait chaque mois son wallet Lightning ?
A contrario, il est gratuit de se débarrasser de ses euros ou de ses dollars. Les frais de 0,30 % collectés par Visa et Mastercard sont payés par les marchands. C’est plutôt 3 % en dehors du monde occidental, mais cet écart relève de la géopolitique.
Enfin, notons que payer en bitcoins reste pour l’instant un événement imposable. Gageons toutefois que cette taxation punitive appartiendra bientôt au passé.
Maintenant que l’on a dit tout ça, il faut reconnaître que la controverse va bien au-delà des frais de transaction. La vraie question sous-jacente est de savoir si le bitcoin peut totalement remplacer le « système fiat ».
Les 4 facettes du bitcoin
Avant de tenter de répondre à la grande question, rappelons les grands cas d’usage du bitcoin. Ils peuvent être résumés par ces quatre grands thèmes :
- Réserve de valeur ;
- Paiements ;
- Liberté ;
- Énergie.
Le bitcoin est une percée technologique. Pour la première fois de l’Histoire, l’humanité dispose d’une monnaie existant en quantité absolument finie. L’aspect réserve de valeur ultra-liquide est sans conteste la raison première de son succès planétaire.
De plus en plus de multinationales en font leur actif principal de trésorerie et les États sont les prochains sur la liste. Plusieurs sénateurs comme Cynthia Lummis proposent de vendre l’or au profit du bitcoin comme monnaie de réserve.
Par ailleurs, le Bitcoin est une monnaie en même temps qu’un réseau de paiement, deux-en-un. Qui plus est, un réseau non censurable, contrairement au réseau SWIFT. La Russie en sait quelque chose. « Qui peut interdire le bitcoin ? Personne », a lancé Vladimir Poutine en fin d’année dernière.
Taïwan s’en est aussi rendu compte. De même que les camionneurs canadiens dont les cartes bancaires furent désactivées pour les empêcher de manifester. Personne n’est à l’abri, pas même le Président de la Cour internationale de Justice qui vient de se faire geler ses comptes bancaires britanniques.
Il faut aussi souligner que les paiements internationaux sont extrêmement chers. Le bitcoin a clairement un avantage dans ce domaine. C’est un atout non négligeable lorsque l’on prétend pouvoir servir de monnaie de réserve internationale.
Enfin, il est acquis que l’industrie du bitcoin est un formidable allié pour les gestionnaires de réseau en leur offrant une option de délestage extrêmement pilotable. Elle est de surcroit une manne financière non négligeable pour les énergéticiens. Non seulement en achetant l’électricité tout au long de la journée, mais aussi en réduisant les besoins en centrales de pointe.
Notre article sur le sujet : Pas de blackout avec les mineurs de bitcoins.
Mais revenons-en au cœur du désaccord. Le bitcoin a-t-il besoin de remplacer le système fiat pour réussir ?
Bitcoin vs Fiat
Nombreux sont ceux qui pensent que le bitcoin finira inévitablement par se substituer aux monnaies nationales. C’est ce que prêche Saifedean Ammous, une opinion que Michael Saylor a complètement rejetée lors d’un échange avec lui :
Tu es un idéologue […]. Tu t’embourbes dans une argumentation contre les banques et la théorie du crédit qui n’a par ailleurs rien à voir avec le bitcoin. En essence, tu t’opposes à ce que quiconque puisse emprunter de l’argent, c’est ridicule.
Michael Saylor
Le crédit est indispensable aux civilisations complexes. Les banques doivent pouvoir créer l’argent ex nihilo et le détruire au moment du remboursement. Impossible de construire des voies ferrées, des centrales nucléaires ou des métros sans cette élasticité monétaire.
Les six prochains réacteurs nucléaires français coûteront entre 50 et 100 milliards d’euros. Sans la capacité de créer cet argent ex nihilo, il faudrait que 10 millions de Français prêtent chacun l’équivalent de 10 000 euros (et bloquent cet argent pour vingt ans !). Ce système ne passe pas à l’échelle.
Le système fiat a ses défauts, surtout si les États s’endettent sans vergogne, sans parler de la raréfaction énergétique qui freine la productivité. Le risque d’hyperinflation est réel si nous anticipons mal la décrue inéluctable de la production pétrolière.
Quoi qu’il en soit, épargner en euros, dollars ou pesos est une grave erreur. Le bitcoin est une bien meilleure réserve de valeur. Avant, seuls les riches pouvaient se protéger (et bénéficier) de l’inflation. Pourquoi ? Parce qu’il fallait être déjà riche pour acheter de l’art, de l’immobilier de prestige, etc.
Nous avons désormais tous accès à ce qu’il y a de plus rare, que l’on soit riche ou pauvre. Telle est la promesse du bitcoin, et non pas de remplacer Visa ou Mastercard.
Si cet article vous a plu, vous apprécierez certainement celui-ci : L’argument clé en faveur du Bitcoin.
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Reporting on Bitcoin and geopolitics.
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