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Bitcoin - Semaine 43

mar 25 Oct 2022 ▪ 10 min de lecture ▪ par Nicolas T.

Le Congrès du parti communiste, la réunion de l’OPEP, la hausse des taux, la récession et l’inflation, tout pousse à se réfugier dans le bitcoin.

china

Un congrès du PCC de très mauvais augure pour l’inflation ?

Le congrès du Parti communiste chinois s’est achevé. Comme anticipé, Xi Jinping a brigué un troisième mandat à la tête du parti. Une première rendue possible par l’assemblée nationale populaire qui a supprimé la limite de deux mandats présidentiels en 2018.

Le remaniement du Comité permanent du Politburo a confirmé la main mise de Xi. Ce sanctuaire de sept personnes prenant les décisions politiques les plus importantes composera désormais avec le responsable du ministère de la Sécurité d’État, Chen Wenqing.

Mais également Li Qiang, le secrétaire du parti de Shanghai, qui fut le chef de cabinet de Xi lorsque ce dernier était gouverneur de la province du Zhejiang. Li est apparu sur scène juste après Xi, suggérant qu’il sera nommé premier ministre au printemps prochain.

Cette nomination en dit long. Shanghai, premier port chinois, fut en effet bloqué à plusieurs reprises sous prétexte de Covid pour perturber la chaîne d’approvisionnement mondiale et provoquer de l’inflation en occident.

Dans l’ensemble, les nominations de ce 20e Congrès du Parti sont perçues comme un mauvais présage de l’autre côté du détroit de Taïwan.

Le chef du Kuomintang taïwanais, William Tseng, a déclaré que les modifications de la constitution du PCC l’engagent à « s’opposer résolument et à dissuader » l’indépendance de Taïwan.

En effet, deux pontes des services secrets et des chefs militaires responsables de la « réunification » avec Taïwan ont pris la place au Poliburo de dirigeants de la Banque centrale et du ministre des Finances.

Ce Congrès du parti envoie un message clair au reste du monde : un conflit est en gestation. Aucun dirigeant chinois n’avait rempli son cabinet de tant d’experts dans les domaines de l’aérospatiale, de l’armement, de l’espionnage et de l’armée.

Une guerre avec Taïwan est devenue plus probable depuis ce weekend. En sachant que Taipei produit 92 % des semi-conducteurs en moins de 10 nm. Un embargo contre Taïwan aurait tôt fait de déclencher une sévère interruption de l’approvisionnement mondial en semi-conducteurs.

Or les États-Unis et l’Europe consomment 45 % de l’ensemble des semi-conducteurs. Et beaucoup plus si l’on parle des puces les plus avancées (moins de 10 nm).

[À ce titre, ne manquez pas notre article sur la société chinoise Bitmain (fabriquant de machines de mining de bitcoins) qui est frappée de plein fouet par l’embargo US sur les puces avancées.]

Un embargo provoquerait une nouvelle vague inflationniste dans le secteur de l’électronique. Le taux d’inflation annuel montera alors autour de 20 % de part et d’autre de l’Atlantique Nord.

Tout cela pour dire que les plaques tectoniques géopolitiques continuent de bouger en faveur des réserves de valeur comme le bitcoin.

WWIII

Les actions de la Chine et de la Russie sont une attaque coordonnée contre l’ordre mondial existant.

Le statut de monnaie de réserve internationale du dollar est menacé, et avec lui l’empire de l’oncle Sam. Rappelons en effet que toutes les guerres des États-Unis visent à s’assurer que l’énergie se vende en dollar, et aucune autre monnaie.

Ce fut le cas lorsque Saddam Hussein décida de vendre son pétrole exclusivement en euro. Ou plus récemment en Syrie, lorsque Damas donna son feu vert à la construction du « gazoduc de l’amitié », devant connecter le vieux continent à l’Iran plutôt qu’au Qatar. L’Iran et le Qatar partagent le même gisement gazier (South Pars), sauf que l’un vend le gaz en dollar et l’autre pas…

Depuis 1975, tout le pétrole et la plupart des matières premières s’affichent en dollar. C’est pour cette raison que les banques centrales gardent leurs réserves dans cette monnaie (7 000 milliards $ placés dans la dette du gouvernement US).

Dit autrement, le dollar confère aux Américains une ardoise de 7 000 milliards de dollars sur le reste du monde. Dont 300 milliards appartenant à la Russie qui viennent d’être « gelés »… La Chine détient pour sa part 1000 milliards de dollars.

Autant de fausse monnaie impériale dont l’Empire du Milieu pourrait se débarrasser si les pays producteurs de pétrole acceptaient le yuan. Voilà pourquoi le yuan est librement convertible en or et que Pékin en accumule sans compter depuis la guerre d’Irak. Pour quoi faire sinon préparer l’après dollar ?…

Les tensions que nous observons aujourd’hui découlent directement de la menace que la Chine, la Russie, l’Iran et bien d’autres pays font peser sur le billet vert.

Lorsque vous entendez « rules based international world order », comprenez « pétrodollar » :

« Si l’Ukraine tombe, l’ordre international basé sur le droit s’écroulera »

La FED, gardienne du dollar, participe à l’effort de guerre en augmentant agressivement ses taux d’intérêt ainsi qu’en réduisant son bilan. Ce faisant, la banque centrale américaine fait apparaître des lignes de faille économiques de Londres à Tokyo.

En d’autres termes, le dollar est utilisé comme une arme. À ce titre, le président colombien fut le premier à dégainer en déclarant jeudi dernier que Washington ruine « toutes les économies du monde ». « Nos monnaies tombent toutes, pas seulement le peso colombien ».

Il y a fort à parier que la FED cherche à forcer le monde à se ranger derrière l’Ukraine en faisant miroiter des lignes de crédit (swap de devises) pour ceux qui participeront aux sanctions contre Moscou.

Politiser le dollar est toutefois une arme à double tranchant. Les BRICS ne font plus aucun secret de leur intention de s’en débarrasser. En sachant que l’Arabie Saoudite, la Turquie et l’Égypte feront bientôt partie de ce club…

Par ailleurs, la décision de l’OPEP de diminuer sa production de pétrole a complètement renversé la table. Ce soutien en faveur de l’axe sino-russe n’est probablement pas étranger au fait que plusieurs gouverneurs de la FED commencent à temporiser face à cette nouvelle réalité énergétique.

Quoi qu’il en soit, les banques centrales sont en définitive prises au piège, y compris la FED. La dette est devenue trop importante.

Regardez ce que représente le seul paiement des intérêts de la dette américaine. Ils coûteront bientôt autant que le budget de la défense :

Interest payments by the US government
Montant annualisé des taux d’intérêt payés par le gouvernement US (en milliards $)

Il n’y a pas 36 façons de rembourser la dette :

1- Faire défaut, ce qui sonnerait la fin du pétrodollar. Hors de question.

3- Augmenter la productivité (la bonne croissance). Cela requiert une percée technologique où une augmentation drastique de la consommation d’énergie. Très peu probable. Le miracle du pétrole de schiste US de 2008 ne se reproduira pas deux fois.

2- Faire plus de dettes en faisant tourner la planche à billets.

L’impression monétaire pour diverses « urgences » (pandémie, guerre, facture énergétique) est l’issue la plus probable. Sauf que l’impression de monnaie aggrave l’inflation.

C’est un cercle vicieux. Cette fuite en avant se terminera forcément en drame. Un drame pour ceux qui auront laissé leur épargne sur leur compte en banque ou dans l’immobilier.

Résumé hebdomadaire de l’analyse On-Chain Bitcoin de Glassnode

Glassnode souligne dans son rapport que le nombre de BTC sur les exchanges continue de baisser. Nous sommes au plus bas depuis quatre ans. Au cours du seul mois d’octobre, « 123 500 BTC ont été retirés, soit 0,86 % de l’offre en circulation ».

Les grosses baisses du bitcoin se manifestent lorsque les BTC affluent au contraire sur les exchanges. Ainsi, à priori, pas de purge en perspective.

Autre satisfaction, le nombre de BTC épargnés est au plus haut historique. De plus en plus de hodlers adoptent sagement une stratégie au long court. En tout, 66 % des BTC n’ont pas bougé depuis plus d’un an.

En revanche, le taux de croissance des adresses avec un solde non nul stagne depuis août. Ainsi, malgré les quelque 400 000 nouvelles adresses par jour, autant d’adresses se vident de tout leur solde :

Bitcoin : Non-zero Balance Address Net Position Change
Vert : augmentation du nombre d’adresses BTC avec un solde positif / Rouge : baisse du nombre d’adresses BTC avec un solde positif

Autre raison de ne pas penser que le bull run serait tout proche : les volumes d’échange en bitcoin. Ils continuent de s’effondrer, à 19 milliards de dollars par jour tout de même.

Terminons en nous réjouissant de l’évolution des normes comptables en faveur du bitcoin aux États-Unis.

L’appréciation du BTC pourra désormais faire reluire le bilan des sociétés comme Microstrategy, Tesla ou Block. De quoi inciter d’autres multinationales à sauter le pas pour leur trésorerie.

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Nicolas T.

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