Bitmain vend ses machines à perte face à la crise du mining Bitcoin

Bitmain, principal fabricant mondial de machines de mining, a lancé une série de remises exceptionnelles sur ses équipements, y compris ses modèles les plus récents. Cette décision intervient dans un contexte de forte pression sur le secteur : baisse du hashprice, chute du bitcoin, rentabilité en berne. Loin d’une stratégie commerciale classique, cette opération traduit les tensions que traverse l’écosystème du mining. Ainsi, le leader du marché cherche à écouler rapidement ses stocks.

Bitmain brade ses machines

Tandis que le marché du mining traverse une phase critique, Bitmain, le leader mondial des équipements ASIC, a déclenché une opération commerciale sans précédent.

L’entreprise propose désormais des remises massives sur plusieurs de ses machines phares. Ainsi, même les modèles les plus récents, comme le S21 à refroidissement par immersion, sont proposés à un tarif de 7 dollars par terahash par seconde (TH/s).

Plus encore, certaines offres groupées sont mises aux enchères sans prix plancher, permettant aux acheteurs de proposer leur propre prix.

Cette stratégie tarifaire s’insère dans un contexte économique particulièrement tendu pour les acteurs du mining.

Voici les éléments clés à retenir :

• Le hashprice, indicateur du revenu attendu par unité de puissance (TH/s/jour), a chuté à près de 35 $, son plus bas niveau depuis plusieurs années ;

• Le seuil de rentabilité pour de nombreux opérateurs est estimé à 40 $/TH/s/jour, ce qui signifie que les spécialistes du mining opèrent à perte ;

• Le halving d’avril 2024 a réduit la récompense par bloc à 3,125 BTC, divisant les revenus par deux ;

• Contrairement aux attentes du marché, le bitcoin n’a pas compensé cette baisse par une hausse durable de son prix ;

• En octobre dernier, le BTC culminait à plus de 126 000 $, avant de chuter à 80 000 $ en novembre. Il est désormais plus bas qu’au 1^er janvier 2025, affichant une baisse de 7 %, et de près de 20 % par rapport au pic de janvier.

La pression sur les marges pousse l’ensemble du secteur à revoir ses priorités. Dans ce contexte, Bitmain cherche visiblement à écouler rapidement ses stocks auprès d’opérateurs prêts à prendre des risques dans un environnement aussi volatil qu’incertain.

Une stratégie de survie commerciale qui redessine les règles du marché

Au-delà de la simple baisse de prix, la démarche de Bitmain marque une rupture avec ses pratiques habituelles.

En acceptant que des opérateurs « nomment eux-mêmes leur prix » pour certaines offres groupées de machines, la société semble abandonner toute logique traditionnelle de valorisation, dans une tentative de liquidation rapide des stocks.

Cette approche traduit une volonté de générer du cash, dans une période où la demande s’effondre, même sur les produits les plus performants du catalogue. Derrière cette offensive commerciale, c’est une industrie en transition que l’on entrevoit.

La chute brutale de la rentabilité pousse de nombreuses sociétés de mining à réduire ou suspendre leurs activités, en attendant une amélioration du marché. Pour certains analystes, cette stratégie de Bitmain pourrait également préfigurer un repositionnement vers d’autres domaines, comme l’intelligence artificielle, où les compétences techniques et les capacités de production de l’entreprise pourraient trouver une nouvelle application. La mention explicite des difficultés de l’industrie montre que même les acteurs les plus solides reconnaissent publiquement l’ampleur de la crise.

Le recul de Bitmain marque une étape critique pour l’industrie. Face à la chute du hashprice et à la pression sur les coûts, les sociétés de mining de bitcoin se tournent vers les énergies vertes pour sauver leurs marges. Une transition qui pourrait redessiner l’économie du minage plus durablement que les fluctuations du marché.