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BRC-20 fait perdre patience à deux développeurs Bitcoin core

mer 10 Mai 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Deux développeurs Bitcoin montent au créneau pour critiquer la hausse des frais de transaction provoquée par les BRC-20.

brc-20 bitcoin core dev

BRC-20 et la hausse des frais de transaction

BRC-20 provoque actuellement une explosion des frais de transaction. En essence, BRC-20 permet de créer des tokens (shitcoins). Et cela grâce au non moins récent protocole Ordinal, un terme récemment popularisé pour baptiser les JPEG insérés via des « inscriptions » dans les blocs de transactions de BTC.

Les inscriptions sont des données arbitraires (comme un JPEG) logées dans une transaction bitcoin. Cela est possible depuis la mise à jour Taproot. Nous expliquons le fonctionnement d’Ordinals dans cet article :

Ordinals a fait les gros titres quelques semaines en arrière. Des milliers de transactions contenant des JPEG se sont soudainement accumulées dans le mempool, mais sans vraiment provoquer de hausse grave des frais de transactions.

Les critiques d’Ordinals étaient alors plutôt liées à l’augmentation de la quantité d’espace disque nécessaire au maintien d’un full node. C’est une menace pour la décentralisation. Tout comme l’allongement du temps nécessaire à la synchronisation d’un node (téléchargement de centaines de Go).

La mode s’est cependant vite estompée, nous préservant de l’amalgame entre le bitcoin et les arnaques (NFT, shitcoins, etc) dans la conscience populaire. Mais Ordinals a muté et certains l’utilisent maintenant pour générer des BRC-20.

Problème, les frais de transaction ont cette fois-ci explosé. Il faut au moment d’écrire ces lignes débourser entre 10 et 20 dollars pour insérer sa transaction dans le prochain bloc. Même Binance s’est retrouvé obligé de suspendre temporairement les retraits.

Nombreux sont ceux qui estiment que ce mauvais moment sera passager. Et qu’in fine, ce marasme dans le mempool fait de la publicité pour le Lightning Network tout en remplissant les poches des mineurs.

Même Michael Saylor, d’habitude à cheval sur l’éthique, se montre magnanime, voyant là un catalyseur supplémentaire à l’appréciation du bitcoin :

« On assiste à une migration des développeurs depuis les autres cryptomonnaies vers le bitcoin. »

Moins philosophe, Max Keiser estime que « les ordinaux sont de la pollution plastique numérique flottant dans l’océan. L’homme est un grand pollueur, que ce soit dans le réel ou dans le cyberespace ».

Les africains perdent patience

La plaisanterie a assez duré pour Anita Posch, éducatrice en matière de bitcoin et fondatrice de Bitcoin for Fairness :

« Quelqu’un peut-il m’expliquer comment je fais avec ces frais ? » a-t-elle tweeté. « Je m’adresse principalement à des africains. Ils n’ont pas le privilège comme vous de payer ces frais élevés. Ils ont vraiment besoin du BTC pendant que vous vous amusez. »

Deux Bitcoin Core dev ont aussi perdu patience, et notamment l’Éthiopien Ali Sherief :

« En raison des volumes de transactions importants liés au projet BRC-20, les transactions BTC classiques sont devenues trop chères et nous observons une congestion massive plus vue depuis décembre 2017. Ces jetons sans valeur (c’est ainsi que leur créateur les a décrits) menacent l’utilisation harmonieuse et normale du Bitcoin qui fut créé pour servir de monnaie. Si les volumes ne diminuent pas au cours des prochaines semaines, devrions-nous prendre des mesures ?

Le réseau bitcoin est un triumvirat de développeurs, de mineurs et d’utilisateurs. L’harmonie des transactions en bitcoins est actuellement perturbée et les mineurs sont en grande partie responsables de cette utilisation abusive du système. Bien que les développeurs Bitcoin core aient l’habitude de ne pas agir à moins que cela ne soit absolument nécessaire (un exemple étant la block size war et segwit), une action similaire devrait-elle être prise maintenant […] ?

Une alternative serait d’appliquer cette « censure » au niveau des nœuds en introduisant une option permettant d’éliminer instantanément toutes les transactions taproot non standard. […]

Je sais que les absolutistes/libertariens/partisans de la liberté maximale (je n’ai rien contre ça) seront critiques à ce sujet, mais nous devons trouver une solution qui puisse satisfaire tout le monde. Nous avons indirectement permis quelque chose qui n’était pas possible auparavant. Nous avons donc la responsabilité de faire quelque chose pour que Taproot ne puisse plus provoquer ce genre de congestion. »

Ce à quoi le développeur Luke Dashjr a répondu :

« Nous aurions dû réagir il y a plusieurs mois déjà. C’est une erreur que les filtres existants n’aient pas été étendus aux transactions Taproot. Et puisqu’il s’agit de réparer un bug, il n’y a pas besoin d’attendre la prochaine grande mise à jour. »

Les choses inutiles font généralement long feu. Ce fut le cas pour les NFT et il en sera de même pour les ordinaux si leur seul cas d’usage et de polluer les nœuds avec des JPEG et de créer des pepecoins.

Des scammers essaient déjà de faire monter une mayonnaise ponzienne. Ce qui n’est pas bien grave si cela reste éphémère. Mais gageons que des entités malveillantes finiront par se servir de ces failles pour attaquer le bitcoin à peu de frais. C’est très probablement déjà le cas…

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Nicolas T.

Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".

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