Crypto : Binance bannit plus de 600 comptes pour usage de bots

Binance vient de frapper fort. Plus de 600 comptes ont été fermés pour exploitation abusive de la plateforme Alpha via des « bot farms ». L’annonce cible des acteurs qui manipulaient la structure des récompenses et faussaient l’accès aux ventes de tokens crypto et aux airdrops. Cette décision assumée repositionne la plateforme sur une ligne de tolérance zéro face à l’automatisation prédatrice.

Alpha, vitrine Web3 sous pression

Alpha a été conçue comme une rampe de lancement pour des projets Web3 en phase initiale, avec une promesse simple : donner aux utilisateurs une exposition prélisting à des jetons prometteurs et récompenser l’engagement réel. Le succès a été fulgurant, avec des volumes conséquents et un intérêt spéculatif évident. Mais la traction attire aussi les scripts.

Dans les faits, des groupes organisés ont industrialisé la collecte de points Alpha. Comment ? En créant des grappes de comptes automatisés capables de farmer, 24/7, les mêmes mécanismes d’incitation crypto. Résultat : les allocations supposées équitables étaient siphonnées par une minorité très outillée, au détriment des utilisateurs légitimes de l’écosystème crypto.

La sévérité de la sanction, plus de 600 comptes bannis, est un signal. Elle acte que l’engagement mesuré par des points ne veut plus rien dire si l’on ne nettoie pas le bruit algorithmique. La plateforme a d’ailleurs annulé des gains indus et assume un retour à des métriques moins manipulables.

Binance durcit le contrôle, rémunère les signalements

Binance dit avoir durci ses systèmes de détection et ses règles d’application pour repérer plus vite les patterns de bots et agir sans délai. Cela inclut le retrait de points, la fermeture de comptes et des restrictions plus larges si nécessaire. C’est la continuité logique après les mises en garde publiées dès juin 2025.

Les utilisateurs peuvent signaler des comptes suspects et, si la fraude est avérée, recevoir jusqu’à 50 % des fonds récupérés. Les rapports doivent inclure des preuves vérifiables (captures, adresses on chain, données techniques) pour être pris en compte. Incitatif puissant, mais qui installe de facto une dimension de surveillance communautaire.

Cette politique arrive alors que des enquêtes on chain exposent des schémas d’activité synchronisée bien au-delà d’Alpha. Bubblemaps, par exemple, a documenté sur BNB Chain des grappes de portefeuilles agissant de concert autour du projet ChainOpera (COAI), avec des profits estimés à 13 M$ et des comportements uniformes de financement et de trading. De quoi souligner que la lutte dépasse un seul cas d’usage.

Binance purge les bots, confiance retrouvée

À court terme, les airdrops et ventes perdent en intensité. En effet, la distribution redevient plus organique, et chaque tour de vis renchérit le coût et la surface d’exposition des fermes de bots. Les plateformes devront refondre leurs programmes de points avec plus de signaux qualitatifs (proof of personhood, limites par identité vérifiée, randomness robuste, scoring d’engagement non réplicable).

À long terme, une question demeure : récompenser l’attention ou la valeur réelle apportée au réseau ? Les initiatives d’Alpha resteront pertinentes si elles alignent les incitations avec l’utilité (testnet utile, feedback validé, contributions mesurables), sinon le « yield social » glisse vers une course à l’armement logiciel.

Stratégiquement, Binance protège son actif central. La confiance de sa base retail. Techniquement et réglementairement, la bataille se gagne en changeant le jeu, pas avec des bannières « no bots » : tirages VRF on chain, caps adaptatifs par identité, fenêtres d’éligibilité aléatoires, pondération par tâches non scriptables (quiz à entropie élevée, contributions repo, attestations soulbound). Reste un coût de réputation. Le programme de dénonciation peut refroidir une partie de la communauté. Par ailleurs, la France passe à la vitesse supérieure vis-à-vis de Binance et des plateformes crypto.