Crypto : Ethereum prépare Fusaka, une mise à jour clé pour sa scalabilité
Tandis que l’écosystème Ethereum poursuit sa quête de performance, le fork Fusaka s’apprête à marquer une étape décisive. Sans fanfare ni rupture technologique, cette mise à jour cible des optimisations précises de la machine virtuelle et de la gestion des blobs. Loin des effets d’annonce, elle pourrait pourtant renforcer durablement l’efficacité du réseau.
En bref
- Le fork Fusaka s’intègre dans une stratégie d’optimisation d’Ethereum, sans ajout de nouvelles fonctionnalités majeures.
- Le gas limit est relevé à 45 millions, ce qui pourrait augmenter la capacité transactionnelle de plus de 11 %, sous réserve de tests.
- La gestion des blobs est mieux encadrée grâce aux EIP-7892 et EIP-7918, pour éviter les abus et améliorer l’efficacité du blockspace.
- Le fork Fusaka illustre un choix stratégique de sobriété technique, avec une gouvernance focalisée sur l’efficacité et la stabilité du réseau.
Fusaka : des optimisations techniques actées pour Devnet-2
Alors qu’un vent nouveau souffle sur Ethereum avec les nombreux effets positifs apportés par la mise à jour Pectra, les contributeurs Ethereum ont finalisé lors de la réunion All Core Devs du 19 juin un ensemble de propositions d’amélioration (EIP) à intégrer dans le second réseau de test de Fusaka, Devnet-2.
L’une des annonces majeures concerne la montée du gas limit à 45 millions d’unités, soit une augmentation théorique de plus de 11 % de la capacité transactionnelle par bloc. Bien que ce changement ne fasse pas formellement partie de Fusaka, il a été validé par l’ensemble des clients.
Parithosh Jayanthi, ingénieur chez la Fondation Ethereum, a déclaré : « tous les clients semblent d’accord pour passer à 45 millions une fois les versions logicielles finalisées ».
Cette hausse reste conditionnée à des benchmarks précis, notamment pour éviter que la propagation des blocs ne dépasse les seuils de latence acceptables.
Outre cette amélioration de débit, plusieurs EIP structurels, comme l’EIP-7928, ont été intégrés à Devnet-2 afin de mieux encadrer la gestion des blobs, ces paquets de données introduits avec EIP-4844 lors du fork Dencun. L’EIP-7892 limite le nombre de blobs qu’une transaction crypto peut inclure, un garde-fou pour éviter qu’un seul rollup ne monopolise l’espace de données.
L’EIP-7918, quant à lui, fixe un plancher de frais et un plafond au nombre total de blobs par bloc. « Fixer une taille minimale pour les blobs permet paradoxalement d’en inclure un plus grand nombre », a expliqué Ben Adams de l’équipe Nethermind. Il souligne également que sans ce plancher, le coût pouvait devenir quasi nul en période de faible demande, rendant l’utilisation du bloc inefficace.
Fusaka : un consensus sur les priorités, mais des tensions sur les oublis
Au-delà de ces améliorations techniques, Fusaka introduit également plusieurs optimisations plus discrètes, mais significatives pour les développeurs. L’EIP-7939 ajoute un nouvel opcode CLZ (count leading zeros), une instruction déjà présente dans la plupart des machines virtuelles modernes, et utile dans certains calculs liés aux preuves ou à la génération aléatoire.
Le fork intègre aussi l’EIP-7951, attendu de longue date, qui ajoute une précompilation, largement utilisée dans les signatures numériques sur mobiles et plateformes d’entreprise. Cette avancée ouvre la voie à une meilleure intégration d’Ethereum avec des standards d’authentification.
Toutefois ces choix, jugés pragmatiques par la majorité des développeurs crypto, n’ont pas fait l’unanimité. Georgios Konstantopoulos, CTO chez Paradigm, a publiquement critiqué la non-intégration de correctifs aux erreurs Solidity « stack too deep » et à la limite de 24 KB du bytecode, deux irritants récurrents pour les développeurs. « Ces problèmes figurent parmi les plus bloquants aujourd’hui », a-t-il rappelé sur X.
Le développeur crypto Potuz, de l’équipe Prysm, lui a répondu en précisant que ces sujets avaient été adressés dans EOF (EVM Object Format), un projet un temps soutenu par l’équipe Reth de Paradigm avant leur revirement. Il indique que certains arbitrages sont aussi le fruit de changements de cap politiques dans l’écosystème.
À défaut de proposer une innovation spectaculaire, Fusaka pourrait néanmoins marquer un tournant stratégique. Ce fork montre qu’Ethereum est capable de s’adapter, d’optimiser et de se consolider sans risquer de briser son consensus. Les regards sont désormais tournés vers Devnet-2, attendu ce lundi, et vers un possible Devnet-3 plus ambitieux. En misant sur la sobriété technique et une gouvernance plus réactive, les core devs d’Ethereum semblent vouloir poser les bases d’une scalabilité maîtrisée, un choix qui pourrait s’avérer décisif cette année, comme en témoigne l’envolée de la crypto après la mise à jour Pectra.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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