Crypto : Sam Bankman-Fried regrette amèrement d’avoir passé le relais à John Ray
Trois ans après la débâcle de FTX, Sam Bankman-Fried brise à nouveau le silence depuis sa cellule. L’ex-milliardaire déchu, condamné pour fraude massive, livre un aveu inattendu. Sa plus grande erreur, selon lui, n’a pas été la gestion hasardeuse des fonds… mais d’avoir confié les rênes de FTX à John Ray III, juste avant la faillite. Un choix qu’il considère aujourd’hui comme le point de non-retour dans l’effondrement de son empire crypto.
En bref
- Sam Bankman-Fried affirme depuis sa cellule que sa plus grande erreur n’a pas été la fraude, mais le transfert du contrôle de FTX à John Ray III.
- Ce transfert a eu lieu le 11 novembre 2022, quelques minutes avant qu’une potentielle offre de sauvetage ne soit portée à sa connaissance.
- L’arrivée de John Ray s’est accompagnée du dépôt immédiat de bilan, déclenchant la chute définitive de FTX.
- La déclaration de SBF relance le débat sur la gouvernance de crise et les alternatives qui auraient pu être envisagées avant la liquidation.
Le transfert fatal : un aveu tardif de Sam Bankman-Fried
Tandis qu’il y a une nouvelle tension autour du plaidoyer de l’ex-dirigeant Ryan Salame, Sam Bankman-Fried, actuellement incarcéré aux États-Unis, désigne sans détour dans un échange publié ce 4 octobre ce qu’il considère comme sa décision la plus catastrophique durant les derniers jours de FTX : « de loin, la plus grosse erreur que j’ai commise a été de céder le contrôle de l’entreprise ».
Il fait ici référence au transfert officiel de la direction de FTX à John J. Ray III, intervenu le 11 novembre 2022. Peu après cette signature, SBF affirme avoir reçu un appel concernant une offre d’investissement potentielle, qu’il jugeait suffisante pour sauver l’entreprise de la faillite. Mais selon lui, il était déjà trop tard : le document était signé, la direction transférée, et le processus irréversible.
Les éléments rendus publics permettent aujourd’hui de mieux comprendre le contexte et les conditions de ce basculement critique :
- Le 9 novembre 2022, soit deux jours avant la faillite, l’avocat Andrew Dietderich du cabinet Sullivan & Cromwell (S&C) envoie un e-mail à SBF pour proposer l’embauche de John Ray en tant que Chief Restructuring Officer, en vue d’un éventuel dépôt de bilan ;
- Le 11 novembre 2022, SBF signe officiellement la cession de contrôle à Ray, qui dépose immédiatement le bilan ;
- Dans l’intervalle, SBF affirme avoir été contacté à propos d’une solution externe de financement, qui aurait pu, selon lui, éviter la faillite.
Cette déclaration de Sam Bankman-Fried intervient près de trois ans après les faits, alors que les procédures judiciaires et de remboursement sont toujours en cours.
Une restructuration rentable, mais contestée
Depuis sa nomination, John Ray III a supervisé une restructuration massive de l’exchange crypto FTX, avec pour priorité la récupération des fonds pour les créanciers. En effet, 7,8 milliards de dollars ont déjà été redistribués à travers trois vagues de paiements (février, mai et septembre).
L’objectif annoncé par l’équipe de Ray est ambitieux : rembourser au moins 98 % des clients à hauteur de 118 % de la valeur de leur compte, tel qu’évalué en novembre 2022. De plus, les actifs récupérés s’élèveraient à 16,5 milliards de dollars, tandis que 8,7 milliards restent à reverser. Cette trajectoire de remboursement, saluée par certains créanciers, est utilisée comme preuve de la rigueur de la gestion.
Toutefois, cette rigueur a un coût. Le cabinet Sullivan & Cromwell, impliqué dès les premières heures de la faillite, a perçu plus de 171,8 millions de dollars en honoraires juridiques au 27 juin 2024, selon Reuters.
En février 2024, un groupe de créanciers a tenté de poursuivre S&C pour complicité dans la fraude et violation de devoir fiduciaire, accusant le cabinet d’avoir profité du chaos financier de la plateforme crypto FTX. La plainte a toutefois été abandonnée en octobre 2024.
Les propos de SBF, s’ils n’effacent en rien sa responsabilité pénale, ravivent donc une question sensible : une alternative à la faillite aurait-elle été envisageable si le timing avait été différent ? Bien que les remboursements avancent, cette déclaration montre davantage le rôle central de la gouvernance de crise dans les grandes faillites du secteur.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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