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Cryptomonnaies : comment sécuriser ses actifs ?

sam 05 Juin 2021 ▪ 10 min de lecture ▪ par Thomas A.

Les cryptomonnaies sont une nouvelle classe d’actif qui s’est très fortement répandue chez les institutionnels, banques et gestionnaires. Dès lors, les cryptomonnaies côtoient les actions, les obligations ou encore les métaux précieux et produits dérivés dans les portefeuilles. L’enjeu de la sécurité est central. De nombreux scandales sur cryptomonnaies ont éclaté concernant l’insuffisante ou l’extrême sécurité des crypto actifs. Il est donc important de distinguer les différentes législations et les différentes manières de conserver ses actifs numériques. De toutes évidences, la sécurité accordée à son portefeuille n’est pas la même pour tous les investisseurs ni pour tous les montants.

Principes des cryptoactifs

Sécurité et propriété : deux principes indissociables.

La propriété est un droit fondamental qui assure à une entité la possibilité de jouir de ses avoirs. Pour assurer la propriété, les avoirs doivent être sécurisés pour éviter tout abus de propriété. En droit français, le gouvernement précisait en décembre 2020 que « les crypto-monnaies n’ont pas de statut juridique clair et ne sont pas reconnues comme des instruments financiers. De ce fait, les crypto-monnaies ne sont pour l’heure pas réglementées. ». Cependant, les actifs numériques sont bien imposables alors que la juridiction reste obscure.

La sécurité et la propriété sont deux principes indissociables. Le fait que les cryptomonnaies soient des actifs virtuels ne change que peu de choses. Le stockage de l’or physique est l’emblème de la sécurité financière. D’une part, la manière de stockage est centrale (coffre, etc.). D’autre part, pour les grandes quantités, le lieu de stockage est important. Ainsi, les lieux privilégiés pour le stockage d’or physique sont généralement la Suisse ou encore Singapour. La législation dans les autres pays limite les libertés de marché, et peut même laisser place à une confiscation des actifs. La sécurité est une question aussi bien fiscale que matérielle et juridique. Les cryptomonnaies suivent des critères de sécurité similaires chez les particuliers et les gestionnaires.

Taxation, autorisations et interdictions

Les cryptomonnaies sont interdites dans quelques pays, principalement des pays peu développés ou au penchant autoritaire. On peut notamment citer le Bangladesh, le Pakistan, l’Équateur, la Bolivie, etc. Cependant, certains pays comme le Qatar (contre le terrorisme) ou l’Algérie (contre l’évasion fiscale), ont également banni la détention de cryptomonnaies. Le Japon ou la Suisse sont parmi les seuls pays à ce jour à considérer les cryptomonnaies comme un moyen légal de paiement.

Par ailleurs, un récent rapport de l’OCDE montre que les cryptomonnaies sont imposées différemment. La majorité des pays du monde considèrent les cryptomonnaies comme des actifs intangibles tandis que d’autres les considèrent comme des instruments financiers. Ainsi, la plupart des pays imposent les cryptomonnaies sur les successions (France, Royaume-Uni, États-Unis, Corée, Pays-Bas, Irlande, Islande, Allemagne, etc.). De plus, les cryptomonnaies sont comptabilisées dans l’impôt sur la fortune en Suisse, au Luxembourg, en Belgique, en Espagne ou encore Norvège.

Cependant, les écarts d’impositions restent considérables dans le monde. La taxe sur les gains tiré du capital en crypto actifs ne s’applique pas à Singapour, en Suisse (hors entreprises), au Portugal, Hong Kong, les Cayman, en Allemagne (plus d’un an de détention), etc. Pour de nombreuses entreprises, la relation juridique et fiscale des États face aux cryptomonnaies est déterminante pour assurer la sécurité des actifs détenus.

Propriété et sécurité des cryptomonnaies

Pour le cas du Bitcoin, une cryptomonnaie est sécurisée par deux clés numériques. Une première clé est publique et atteste de l’unicité de la cryptomonnaie détenue dans le réseau informatique. Ensuite, une deuxième clé privée permet au détenteur de conserver ses avoirs et d’assurer la « propriété » des cryptomonnaies en question.

La clé privée permet ainsi d’accéder à ses cryptomonnaies en portefeuille. La clé publique permet à l’utilisateur de se faire envoyer d’autres cryptomonnaies, un peu comme le RIB pour un compte bancaire classique. Une clé privée est générée aléatoirement, par une suite de 256 chiffres de 0 ou 1. La conservation de la clé privée est tout l’enjeu derrière la sécurité des cryptomonnaies. Le génie de la cryptomonnaie est de fusionner directement les systèmes de paiement numériques (virements, etc.) avec la monnaie elle-même. En cela, les cryptomonnaies répondent à un besoin d’utilisation, encourageant mondialisation, liberté des agents et décentralisation des moyens d’échange.

Sécuriser ses avoirs

Les différentes manières de sécuriser ses avoirs.

L’enjeu de la sécurité repose donc sur la conservation la plus optimale de ses clés privées. Une possibilité est de recourir à un hardware wallet, c’est-à-dire un portefeuille très sécurisé. Il est ainsi possible de conserver ses clés privées sur un appareil physique complètement indépendant de votre téléphone ou votre ordinateur (« ledger », etc…). Sur cet appareil, la clé privée est alors sécurisée par un code PIN de 4 à 8 chiffres. Pour effectuer des transactions, il suffit alors de connecter son hardware wallet à son téléphone ou son ordinateur.  

La sécurité est aussi assurée par l’utilisation d’une liste de 12 ou 24 mots. Cette liste de mots permet l’accès au compte (récupération de son portefeuille sur une application, etc…). Il est donc impératif d’assurer la forte sécurité de cette liste de mots, surtout pour des portefeuilles conséquents. Certains utilisateurs conservent cette liste de mots dans des coffres à domicile, dans une banque ou une institution non-financière.

Pour les utilisateurs d’applications, certaines plateformes en cryptomonnaies favorisent un degré plus ou moins important de sécurité (Swissquote, etc.). La sécurité des applications détermine également la sécurité globale du portefeuille, en particulier chez les indépendants aux comptes moyens et petits.

L’enjeu de la sécurité financière

Marché OTC : « Over-The-Counter »

Le marché des cryptomonnaies confronte naturellement une offre et une demande. Pour la plupart des agents, l’échange se fait via des intermédiaires (applications d’investissement en cryptomonnaies). L’échange OTC est un échange de grès à grès, c’est-à-dire que l’échange est direct entre offreur et demandeur, sans intermédiaires. En règle générale, le marché OTC concerne les transactions concernant des montants conséquents de plusieurs centaines à milliers de Bitcoins par exemple. Le marché OTC est donc réservé aux demandeurs ou aux offreurs de taille conséquente, effectuant des transactions pouvant facilement atteindre plusieurs dizaines de millions d’euros.  

L’objectif de passer en OTC est double. Premièrement, il permet aux contractants d’éviter de faire bouger le marché de manière instable. Ensuite, le marché OTC permet d’éviter les intermédiaires et donc les risques liés aux liquidités et à la sécurité, ainsi que les frais de transaction. Le marché OTC offre également des libertés marchandes, car il est souvent peu régulé et transparent.

Limites de la sécurité des cryptomonnaies.

L’extrême sécurité des cryptomonnaies peut conduire à une perte d’accès totale à la propriété. La célèbre histoire du programmeur allemand Stefan Thomas est devenue incontournable. Celui-ci a perdu son code PIN et a effectué presque toutes les tentatives avant la fermeture définitive du compte. Sont en jeu près de 7000 Bitcoins, c’est-à-dire plus de 250 millions de dollars.

D’après Chainanalysis, près de 3,8 millions de Bitcoins seraient perdus du fait de cette extrême sécurité. Ce qui correspond à ce jour à près de 140 milliards de dollars de capitalisation perdus pour un Bitcoin à 37 000$. À long terme donc, la réussite de son investissement passe inévitablement par la bonne sécurité de son portefeuille.

À côté de cela, certaines cryptomonnaies peuvent subir des attaques numériques. De nombreuses cryptomonnaies sont susceptibles d’être confrontées à cette situation. Le 25 décembre 2013 par exemple, le Dogecoin a été piraté. Des millions de Dogecoins ont été volés du fait d’une sécurité insuffisante des portefeuilles. La sécurité des cryptomonnaies passe donc par la bonne gestion des données confidentielles et le bon fonctionnement des systèmes blockchain.

En définitive, la sécurité des cryptomonnaies est un enjeu central. C’est la pierre angulaire de toute l’industrie de la cryptomonnaie qui permet au droit de propriété, mal reconnu par les gouvernements, de pouvoir exister. D’une part, pour les gros portefeuilles, il est important de regarder à la législation présente dans chaque pays. Ensuite, l’absence d’intermédiaire donne l’entière responsabilité des accès au compte aux utilisateurs. C’est-à-dire que la sécurité de ses crypto actifs passe par la conservation de sa clé privée. Des ledgers (hardware wallets) peuvent aider à sécuriser de manière complètement indépendante ces données. Par ailleurs, il est aussi important de garantir la sécurité des listes de mots.

En outre, on notera aussi pour les gros portefeuilles que la sécurité de son portefeuille est plus facilement assurée dans le cadre d’un échange OTC. Cependant, des limites demeurent en matière de sécurité des cryptomonnaies. Certaines cryptomonnaies ont encore de faibles niveaux de sécurité sur leur réseau Blockchain, tandis que d’autres cryptomonnaies souffrent de pertes considérables du fait de la forte sécurité.

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Thomas A.

Auteur de plusieurs livres, rédacteur économique et financier sur plusieurs sites, je noue depuis de nombreuses années une véritable passion pour l'analyse et l'étude des marchés et de l'économie.

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