États-Unis : Le minage de Bitcoin plombé par une fiscalité d’un autre âge
L’industrie du minage de bitcoin américaine traverse une période critique. Entre des règles fiscales archaïques et une pression économique grandissante, les mineurs réclament aujourd’hui un traitement équitable face à leurs homologues des matières premières traditionnelles.
En bref
- Les mineurs de bitcoin subissent une taxation immédiate lors de l’extraction puis à nouveau lors de la vente, contrairement aux producteurs d’or qui ne paient qu’une seule fois.
- Cette pression fiscale pousse les entreprises à liquider massivement : 40% de leur production vendue en mars 2025, un record depuis octobre 2024.
- Les tarifs douaniers américains (jusqu’à 54% sur les équipements chinois) et les règles fiscales obsolètes étranglent financièrement le secteur minier national.
Une fiscalité à deux vitesses qui pénalise Bitcoin
Beau Turner, PDG d’Abundant Mines, pointe du doigt une anomalie fiscale frappante. Là où un producteur d’or ne paie d’impôt qu’au moment de la vente, les mineurs Bitcoin subissent une taxation immédiate dès l’extraction.
« L’IRS traite les cryptos minées comme des revenus réguliers », explique-t-il lors d’un entretien avec TheStreet Roundtable. Cette approche crée une pression artificielle sur un marché déjà volatil.
Cette double imposition, revenus au minage puis plus-values à la vente, pousse mécaniquement les opérateurs vers des liquidations prématurées.
Les chiffres de mars 2025 illustrent parfaitement ce phénomène : les 15 principales sociétés cotées ont vendu plus de 40% de leur production fraîche, marquant la plus importante vague de liquidation depuis octobre 2024.
CleanSpark incarne cette nouvelle réalité en adoptant officiellement un modèle « autofinancé » basé sur des ventes régulières. Cette stratégie, dictée par les contraintes fiscales actuelles, rompt avec l’accumulation stratégique observée après le dernier halving.
Turner résume la situation :
Si vous avez une facture d’impôt sans avoir vendu votre bitcoin, vous devrez le liquider pour payer l’État.
L’évolution récente du Financial Accounting Standards Board (FASB), autorisant l’usage de la comptabilité à juste valeur pour bitcoin, suggère cependant un changement d’approche réglementaire. Cette décision, qui profite notamment à Strategy de Michael Saylor, pourrait préfigurer une harmonisation fiscale tant attendue par l’industrie minière.
Des défis externes qui amplifient la crise
Au-delà des questions fiscales, l’industrie américaine affronte une tempête économique. Les politiques tarifaires de l’administration Trump frappent de plein fouet les importations d’équipements asiatiques.
Trump a imposé des tarifs douaniers de plus de 34 % sur la Chine, le principal fournisseur d’équipements de minage. Les autres pays asiatiques n’échappent pas aux hausses : 24 % à 37 % selon les sources.
Avec des droits de douane passant de 25 % à 54 % pour les machines chinoises, et des hausses similaires pour les pays comme la Thaïlande ou la Malaisie, les coûts d’équipement explosent de 22 à 36 %.
Le problème ? Les entreprises chinoises contrôlent 70 % à 80 % du marché mondial des équipements de minage. Impossible de s’en passer du jour au lendemain. Cette dépendance transforme chaque hausse tarifaire en catastrophe financière.
Les actions des entreprises minières ont immédiatement chuté après l’annonce de Trump, et certains experts prédisent que le minage américain pourrait devenir « économiquement irréalisable ».
Face à cette double pression, certains acteurs tentent de s’adapter. Bitmain et Whatsminer accélèrent leur implantation américaine pour contourner les tarifs. D’autres mineurs américains envisagent carrément la délocalisation vers des pays sans tarifs douaniers.
Cette fuite des cerveaux et des capitaux pourrait redistribuer la puissance de calcul mondiale, affaiblissant la domination américaine dans ce secteur stratégique.
En somme, l’industrie du minage de bitcoin américaine se trouve à un carrefour décisif. Les règles fiscales obsolètes, combinées aux tensions commerciales, créent un environnement hostile qui pousse les acteurs vers l’exil ou la liquidation forcée.
Beau Turner résume la situation sans détours. Sa demande est pourtant simple :
Nous ne demandons pas un traitement de faveur, juste d’être traités comme n’importe quelle entreprise de matières premières.
Une réforme en ce sens pourrait transformer la dynamique du marché, réduire les ventes forcées… et stabiliser, peut-être, le prix du bitcoin.
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Passionné par le Bitcoin, j'aime explorer les méandres de la blockchain et des cryptos et je partage mes découvertes avec la communauté. Mon rêve est de vivre dans un monde où la vie privée et la liberté financière sont garanties pour tous, et je crois fermement que Bitcoin est l'outil qui peut rendre cela possible.
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