Frais records sur le réseau Bitcoin : Ce que cela révèle
Le printemps 2025 a beau être doux, la blockchain de bitcoin, elle, chauffe comme jamais. Dimanche, le prix du BTC a frôlé de nouveau les 106 000 $, réveillant de vieux réflexes de FOMO. Pourtant, l’indicateur le plus bruyant n’est pas la cotation, mais ces micro-montants qui s’additionnent : les frais de transaction. Avec une moyenne mobile de 2,40 $ — un dollar de plus qu’au début du mois — ils battent déjà le record annuel. Derrière cette apparente broutille se cache une radiographie sans filtre de l’état du réseau et de la psychologie des détenteurs.
En bref
- Les frais moyens atteignent 2,40 $, record 2025, tandis que les transactions chutent de 35 %.
- Plus de 14 M BTC dorment hors exchanges, raréfiant l’offre disponible et musclant la demande d’espace bloc.
- Entre halving récent et prix proche de 106 000 $, un choc d’offre se profile pour le marché.
Bitcoin : des frais qui s’envolent tandis que le compteur de transactions cale
Le premier paradoxe saute aux yeux : moins de transactions, mais plus chères. Depuis le pic des 507 000 transferts quotidiens du 22 avril, le rythme a chuté de 35 % pour plafonner autour de 330 000. Pourtant, le coût moyen grimpe.
Comment expliquer ce grand écart ? D’abord, les blocs ne se remplissent plus de simples virements P2P. Ils accueillent désormais des opérations plus lourdes : inscriptions Ordinals, « runes » BRC-20 post-halving, swaps hors chaîne réconciliés on-chain. Chaque opération occupe davantage d’octets ; dès lors, moins de transactions suffisent pour saturer l’espace disponible.
Ensuite, le halving d’avril, en divisant la subvention des mineurs, a déplacé la rémunération vers les frais.
Les validateurs relaient prioritairement les paquets offrant la prime la plus généreuse. Résultat : la mempool ressemble à la file d’un club sélect ; qui veut entrer paie le portier. L’augmentation mécanique du ticket d’entrée n’est donc pas (uniquement) un signe d’adoption grand public, mais aussi de compétition interne pour un espace devenu structurellement plus rare.
Enfin, l’effet prix joue à plein. Tant que le BTC navigue au-dessus de 100 000 $, envoyer quelques satoshis coûte « seulement » l’équivalent d’un café. Psychologiquement, l’utilisateur accepte ce surcoût, persuadé que le même BTC vaudra davantage demain.
L’offre illiquide : une poudrière sous pression
Pendant que les frais flambent, une autre métrique clignote en rouge : l’offre illiquide. Glassnode recense désormais 14 millions de BTC entre des mains peu dépensières, un record absolu. Autrement dit, près des deux-tiers du bitcoin circulant dort dans des portefeuilles dont le propriétaire ne touche qu’à la clef USB, jamais au bouton « envoyer ».
Cette raréfaction d’unités disponibles sur les plateformes fait émerger un scénario connu : le choc d’offre. S’il suffit d’une étincelle de demande pour que les carnets d’ordres se vident, la flambée des frais devient un prologue, non un épilogue. Les traders l’ont bien compris : on n’assiste pas à un exode, mais à un sit-in des hodlers, plus inébranlables que lors des épisodes de 2017 ou 2021.
Par ailleurs, la domination de bitcoin sur le marché global reprend des couleurs après une parenthèse altcoins. Ce rebond suggère que la récente sous-performance du bitcoin relevait davantage d’une redistribution de liquidités que d’un changement de paradigme. Autrement dit, le « roi » reste roi ; il s’était juste accordé un court repos.
Quelles conséquences pour investisseurs, entreprises et utilisateurs ?
D’un point de vue stratégique, ces frais record sont un stress-test grandeur nature. Les bourses qui ont tardé à optimiser leurs agrégateurs de transactions ou à déployer Taproot batch payent aujourd’hui le prix fort. À l’inverse, celles qui exploitent déjà le Lightning Network réduisent leurs coûts et captent les flux des utilisateurs pressés.
Pour l’investisseur long terme, la lecture est double. Oui, des frais élevés peuvent effrayer le nouveau venu. Mais ils témoignent surtout d’un réseau vivant, saturé de demandes et où les mineurs restent incités à sécuriser les blocs, même après la compression des récompenses. En clair, plus la facture grimpe, plus l’infrastructure prouve sa résilience.
Enfin, le particulier doit revoir ses automatismes : programmer ses envois lors des creux de mempool, privilégier les wallets qui estiment finement les frais, ou encore fractionner ses UTXO avant les périodes de pointe. À défaut, il risque de voir la moitié de sa micro-transaction partir en poussière de satoshis.
En 2025, le terme « frais » n’est plus un simple coût technique ; il devient un indicateur avancé de la santé économique, sociale et même psychologique du protocole bitcoin. Chaque satoshi versé aux mineurs raconte une histoire : celle d’une offre qui se raréfie, d’une demande qui s’obstine et d’un actif numérique qui, malgré seize ans d’existence, réussit encore à surprendre. La prochaine fois que vous cliquerez sur « Envoyer », prenez une seconde pour contempler ces quelques cents… Ils tracent peut-être la courbe de la prochaine vague haussière.
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Fasciné par le bitcoin depuis 2017, Evariste n'a cessé de se documenter sur le sujet. Si son premier intérêt s'est porté sur le trading, il essaie désormais activement d’appréhender toutes les avancées centrées sur les cryptomonnaies. En tant que rédacteur, il aspire à fournir en permanence un travail de haute qualité qui reflète l'état du secteur dans son ensemble.
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.