France : Un trader crypto enlevé et torturé pour son wallet Ledger

Les mirages de la finance décentralisée avaient oublié une réalité brutale : la clé peut devenir un cadenas. Mardi matin, dans le calme apparent de Maisons-Alfort (France), un jeune homme de 23 ans disparaît en plein jour. Une scène banale — un couple part faire des courses — tourne en prise d’otage. Dans cette banlieue tranquille, la frontière entre le réel et le numérique s’efface, laissant place à un cauchemar à peine croyable. Et si vous posiez votre téléphone, juste une minute, pour plonger dans l’histoire que redoutent tous les porteurs de crypto ?

Crypto : les prédateurs frappent à visage découvert

Même si le cerveau présumé des enlèvements liés aux cryptos en France a été arrêté, la mécanique criminelle, elle, ne semble pas vouloir s’arrêter. Voici une autre histoire : il est 10 heures, mardi. Un jeune couple prend la route pour quelques emplettes. Elle descend faire les courses, il cherche une place. Quelques minutes passent. Rien. Silence. Puis un message : un soi-disant imprévu professionnel. Elle rentre, inquiète. Son téléphone vibre. Une visio s’ouvre. Mais ce n’est pas lui à l’écran. Un inconnu ordonne, froidement : déposer une clé Ledger, sa clé privée, et 5 000 euros en espèces dans un sac. Et vite. L’homme est informé, précis. Il sait ce qu’il veut. Ce n’est pas une demande : c’est une sommation.

Selon une source policière relayée dans Le Parisien, « la violence a été utilisée pour le faire parler ». L’agresseur n’était pas seul : la scène est rodée, orchestrée. Une tierce personne récupère le sac. Le jeune homme est relâché à Créteil quelques heures plus tard, sans qu’on sache si le contenu de la clé a été vidé.

Ce scénario n’est pas une exception : c’est la 10e attaque de ce type en France en 2025. On les appelle « wrench attacks » : celles où aucun mot de passe ne résiste à une clef à molette ou à un coup de poing. Jameson Lopp, expert reconnu et cofondateur de Casa, affirme avoir recensé 232 cas d’agressions physiques contre des porteurs de crypto depuis 2014.

France : une flambée d’attaques inquiétante

Ce drame n’est que la partie émergée d’un iceberg de plus en plus inquiétant. Depuis janvier, 25 personnes, dont six mineurs, ont été mises en examen pour des enlèvements liés à la crypto dans la région parisienne. Et les profils des victimes changent. 

Après Pierre Noizat, cofondateur de Paymium, dont la fille et le petit-fils ont failli être enlevés, c’est au tour de David Balland, cofondateur de Ledger, d’avoir été attaqué chez lui. Les crypto-riches n’ont plus besoin de s’exposer : parfois, une simple mention sur les réseaux suffit pour attirer les regards.

Données clés à retenir :

• 32 agressions liées à la crypto recensées dans le monde en 2025 ;
• 10 en France, soit un tiers des cas mondiaux ;
• 25 personnes mises en examen en lien avec ces actes ;
• 6 mineurs impliqués, souvent utilisés comme exécutants ;
• 232 attaques depuis 2014 selon Jameson Lopp.

Pour Éric Larchevêque, fondateur de Ledger : 

Ces problèmes dépassent les cryptoactifs. Ils concernent tous les entrepreneurs. 

Ce n’est plus un simple risque numérique, mais une réalité tangible, brutale, physique. Les malfaiteurs ne se cachent plus. Ils s’organisent. Ils rôdent.

Le ministre Bruno Retailleau avait promis des réunions avec les leaders du secteur pour « sécuriser l’écosystème ». Des arrestations ont bien été faites, comme le montrent les dernières opérations relayées dans la presse. Pourtant, sur le terrain, rien ne change. Les assaillants continuent de rôder, méthodiques, indifférents aux arrestations « en continu ». Les promesses s’enchaînent, les signatures aussi. Mais la peur, elle, ne signe rien. Elle s’installe. Derrière les portes closes des ministères, la sécurité s’écrit à l’encre invisible, pendant que dans la rue, elle se paie cash — parfois au prix d’une clé Ledger.