La bourse se redresse, mais le dollar reste pénalisé par Trump et l’incertitude monétaire

Alors que les indices boursiers américains battent de nouveaux records, une tension palpable persiste dans les coulisses du marché mondial. La récente embellie portée par un accord commercial entre Washington et Hanoï n’efface pas les incertitudes : politique monétaire floue, menaces tarifaires persistantes, ralentissement de l’emploi… Les investisseurs dansent sur un fil tendu entre espoir et désillusion.

Un calme en surface, un tumulte sous-jacent

Mercredi, les marchés ont brièvement retrouvé le sourire. Le S&P 500 a clôturé à un sommet historique de 6 277 points, le Nasdaq s’est envolé de 0,94 %, tandis qu’Apple et Tesla ont donné le ton avec des performances solides. En apparence, tout va bien.

Mais ce rebond de la bourse cache une nervosité diffuse. L’euphorie a été alimentée par un accord surprise entre les États-Unis et le Vietnam, considéré comme un signal encourageant pour les prochaines négociations commerciales. Donald Trump joue sur le fil : en annonçant ce deal à quelques jours du 9 juillet : date fatidique pour l’imposition de nouveaux tarifs. Il souffle le chaud et le froid, nourrissant l’espoir d’un compromis tout en maintenant la pression.

En parallèle, les chiffres de l’emploi ont surpris… négativement. Le rapport ADP révèle une perte de 33 000 postes dans le secteur privé en juin, là où les analystes tablaient sur +98 000. Ce coup de froid sur le marché du travail ravive les attentes d’un assouplissement monétaire. La Fed se retrouve ainsi prise au piège entre un marché qui réclame une bouée et une inflation encore capricieuse

Trump, artisan du chaos ou stratège du timing ?

Donald Trump n’a rien perdu de sa capacité à polariser les marchés. À l’approche du 4 juillet, il pousse son « One Big Beautiful Bill » : un projet de loi budgétaire massif, tout en déclenchant une nouvelle offensive tarifaire. L’accord avec le Vietnam, bien que salué par Wall Street, semble être un contrepoids tactique plus qu’un virage diplomatique.

Ce double jeu installe un climat schizophrénique : les investisseurs veulent croire en la stabilité retrouvée, mais chaque tweet ou vote au Congrès peut déclencher une onde de choc sur la bourse. Les factions républicaines divisées sur le texte de loi fiscal fragilisent encore la perspective d’un vote rapide. Et Powell, président de la Fed, voit son espace de manœuvre se réduire à peau de chagrin.

Le dollar, de son côté, continue de tanguer. Affaibli par les déficits budgétaires à venir et les incertitudes tarifaires, il se replie face aux principales devises. Les marchés obligataires, quant à eux, anticipent désormais avec plus de 20 % de probabilité deux baisses de taux d’ici septembre. Une dynamique qui trahit l’ampleur du stress sous-jacent.

Fuite vers la qualité : l’or brille, le dollar s’érode

Face à ce cocktail explosif : croissance incertaine, déficit abyssal, tensions commerciales, les investisseurs réajustent leurs paris. L’or, véritable thermomètre de l’angoisse économique, s’est apprécié de 27 % depuis janvier. Le bitcoin, lui aussi, retrouve sa vigueur, porté par une défiance croissante envers les monnaies fiat.

Le tableau est paradoxal. La bourse grimpe, certes, mais c’est une ascension prudente, méfiante. Un faux pas, et tout peut basculer. Powell, sous pression, pointe désormais du doigt la politique tarifaire de Trump, l’accusant de bloquer toute marge de manœuvre sur les taux d’intérêt. Dans cet environnement instable, un sentiment domine : celui d’un sursis. Le calme des indices est celui d’un volcan assoupi.