La montée fulgurante des stablecoins affole Wall Street

La finance mondiale est en train de muer. Lentement mais sûrement, un nouveau paradigme s’installe. Et devinez quelle technologie est en train de s’infiltrer partout, à grande vitesse ? Ce n’est ni l’IA, ni les néobanques. C’est la crypto. Et plus précisément : les stablecoins, ces jetons numériques adossés au dollar. Ils étaient des outils marginaux de traders ; ils sont aujourd’hui au cœur des grandes manœuvres financières. Et pendant que certains applaudissent, d’autres sur Wall Street commencent à s’inquiéter.

Stablecoins : de la niche crypto au nerf de la finance mondiale

Les stablecoins, à l’origine simples alternatives aux virements entre plateformes crypto, sont devenus des colosses économiques. En 2025, ils ont traité 46 000 milliards de dollars de transactions. À titre de comparaison, c’est presque trois fois le volume de Visa sur la même période. Même ajusté pour éliminer les effets artificiels, ce chiffre reste astronomique : 9 000 milliards de dollars, bien plus que PayPal.

Selon le rapport State of Crypto 2025 publié par a16z :

Autrefois, les stablecoins servaient surtout à régler des transactions spéculatives en crypto ; depuis quelques années, ils sont devenus le moyen le plus rapide, le moins cher et le plus universel d’envoyer un dollar — en moins d’une seconde, pour moins d’un centime, presque partout dans le monde.

Et ce n’est qu’un début. Le nombre d’utilisateurs actifs de crypto varie entre 40 et 70 millions, et la croissance vient surtout des pays émergents comme l’Argentine ou le Nigeria. Là où les systèmes bancaires vacillent, les stablecoins s’imposent comme valeur refuge, comme moyen d’échange plus fiable que la monnaie locale. À ce rythme, le dollar tokenisé devient le vrai dollar des marchés mondiaux.

Wall Street veut sa part du gâteau stablecoin

Les géants de la finance ne regardent plus les crypto de haut. Ils y investissent, les intègrent, les distribuent. Visa, JPMorgan, Fidelity, BlackRock, Mastercard, Citi, Morgan Stanley : tous sont désormais dans la boucle. Certains proposent déjà l’achat de stablecoins depuis leurs plateformes. D’autres développent des blockchains ou intègrent les stablecoins dans leurs services clients.

Circle, l’émetteur de l’USDC, a même fait son entrée en bourse. Et les fonds négociés en bourse (ETP) crypto dépassent 175 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Le BlackRock Bitcoin Trust est devenu l’un des lancements les plus réussis de l’histoire.

Comme le résume a16z : 

Ces entreprises disposent d’une portée de distribution immense. Si le développement se poursuit, la crypto pourrait s’intégrer profondément aux services financiers que nous utilisons au quotidien.

Les stablecoins, eux, continuent de croître : plus de 300 milliards de dollars en circulation, dont 87 % détenus par Tether (USDT) et USDC. Ils détiennent aussi 150 milliards de dollars de bons du Trésor américain, faisant d’eux le 17ᵉ détenteur mondial de la dette US. Certains analystes y voient un levier de stabilité pour le dollar ; d’autres, une dépendance inédite du Trésor à des acteurs privés.

Crypto, AI, finance : la convergence qui rebâtit le système

Pendant que les marchés s’enflamment, la technologie crypto entre dans une nouvelle ère. Les blockchains, autrefois lentes et coûteuses, atteignent aujourd’hui des vitesses de traitement de 3 400 transactions par seconde. Solana et Ethereum dominent. Les L2 comme Arbitrum ou Optimism réduisent les frais à moins d’un centime. Côté utilisateurs, le mot d’ordre est simple : la crypto est prête pour un usage de masse.

Et l’IA n’est jamais loin. Les protocoles décentralisés explorent des solutions pour les paiements d’agents autonomes, la gestion des identités numériques, la confidentialité. Des géants comme Stripe investissent massivement dans l’infrastructure stablecoin. Les prévisions ? Une croissance x10 d’ici 2030, pour atteindre 3 000 milliards de dollars de capitalisation.

Les chiffres qui parlent fort :

• $46 000 milliards de transactions stablecoin en 2025 ;
• 87 % du marché détenu par USDT et USDC ;
• 150 milliards $ en bons du Trésor détenus par les stablecoins ;
• 3 400 TPS : performances blockchain multipliées par 100 en 5 ans.

Mais tout le monde ne célèbre pas cette montée en puissance. La sénatrice américaine Elizabeth Warren a publiquement critiqué le GENIUS Act, qu’elle juge trop favorable aux intérêts privés. Pour elle, les stablecoins représentent un risque systémique s’ils échappent à un contrôle strict. Si la finance change de visage, elle n’en sortira pas indemne. Et la bataille politique ne fait que commencer.