La politique de la Fed inquiète Ray Dalio

La Réserve fédérale américaine stimule l’économie alors même que les marchés flambent et que l’emploi reste solide. Pour Ray Dalio, cette combinaison inhabituelle ne présage rien de bon. Le légendaire investisseur y voit les symptômes d’une fin de cycle économique majeur, où l’endettement excessif force les autorités monétaires à jouer avec le feu.

Ray Dalio alerte sur une bulle alimentée par la Fed

Ray Dalio, figure emblématique de la finance mondiale, vient de publier une analyse cinglante sur les choix actuels de la Réserve fédérale. 

Le fondateur de Bridgewater Associates pointe du doigt une anomalie majeure : la Fed baisse ses taux alors que l’économie américaine affiche une santé éclatante.  

Normalement, la banque centrale n’intervient que lorsque l’activité ralentit, que le chômage grimpe et que les marchés s’effondrent. Ce fut le cas durant la Grande Dépression des années 1930 ou lors de la crise financière de 2008.

Aujourd’hui, le tableau est radicalement différent. Les États-Unis connaissent un taux de chômage historiquement bas, une croissance économique soutenue et des marchés financiers au plus haut. 

Pourtant, la Fed a abaissé ses taux de 25 points de base en octobre et pourrait récidiver en décembre. Cette configuration « dangereuse », selon Dalio, caractérise les économies en phase terminale d’un grand cycle économique, accablées par une dette excessive.

L’ancien gestionnaire de hedge fund ne mâche pas ses mots. Il qualifie cette combinaison de politique budgétaire expansionniste et d’assouplissement monétaire de « plus inflationniste ». 

Le gouvernement américain creuse déjà des déficits colossaux en émettant massivement des bons du Trésor à court terme. En injectant des liquidités supplémentaires, la Fed risque de monétiser cette dette plutôt que de soutenir le secteur privé. Autrement dit, l’argent créé sert à financer les dépenses publiques sans stimuler véritablement l’économie productive.

Cette dynamique intervient dans un climat politique tendu. Donald Trump a récemment intensifié ses critiques contre Jerome Powell, allant jusqu’à évoquer publiquement son remplacement « très bientôt ». Cette pression politique sur l’indépendance de la Fed ajoute une couche d’incertitude supplémentaire.

Bitcoin et or, les grands gagnants de la dépréciation monétaire ?

Face à ce tableau macroéconomique troublant, certains actifs tirent leur épingle du jeu. Bitcoin et l’or s’imposent naturellement comme des valeurs refuges privilégiées. La logique est implacable. Plus la masse monétaire augmente et plus la dette se monétise, plus la monnaie fiduciaire perd de sa valeur. Les investisseurs se tournent alors vers des actifs rares et non manipulables.

La pression inflationniste continue et la dépréciation du dollar constituent des catalyseurs puissants pour Bitcoin. Contrairement aux monnaies traditionnelles, le nombre de bitcoins est strictement limité à 21 millions d’unités. 

Cette rareté programmée en fait un rempart contre la dilution monétaire orchestrée par les banques centrales. De nombreux analystes considèrent désormais la reine des cryptos phare comme une couverture contre les risques macroéconomiques et géopolitiques majeurs.

Pourtant, les marchés crypto restent prudents. Lors de la baisse de taux d’octobre, les prix n’ont pas bondi comme anticipé. Matt Mena, analyste chez 21Shares, explique que cette décision était « pleinement intégrée » par les investisseurs. Les traders avaient largement anticipé cette annonce, neutralisant son impact positif potentiel.

L’incertitude plane sur la prochaine décision de la Fed. Selon les données du Chicago Mercantile Exchange, 69 % des investisseurs parient sur une nouvelle baisse de 25 points de base en décembre. 

Jerome Powell a refroidi les marchés en octobre, rappelant qu’une baisse des taux en décembre reste incertaine. Dans ce climat instable, les alertes de Ray Dalio prennent tout leur sens. La Fed stimule une économie déjà forte, au risque d’alimenter une bulle et l’inflation. Pour les investisseurs, chaque décision pourrait sceller la fin d’un cycle historique.