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Le Bitcoin accusé de détruire la suprématie du dollar

mer 28 Mai 2025 ▪ 5 min de lecture ▪ par Patrice V.
S'informer Bitcoin (BTC)

Année après année, la croissance du bitcoin l’a fait entrer dans le cercle fermé des monnaies utilisées pour les échanges internationaux, au même titre que le dollar et l’euro, ce qui ne semble pas au goût de tout le monde. En effet, l’ancien économiste en chef du FMI, Kenneth Rogoff, accuse le Bitcoin de participer au mouvement de dédollarisation de l’économie et d’affaiblir la suprématie du dollar.

Un gladiateur avec un logo Bitcoin affronte un empereur romain

En bref

  • Le Bitcoin : une monnaie adoptée par l’économie souterraine.
  • Pourquoi les pays en voie de développement sont-ils favorables au bitcoin ?
  • Les stablecoins vont-ils sauver le dollar ?

Le Bitcoin : une monnaie adoptée par l’économie souterraine

Depuis l’apparition du bitcoin, la confidentialité des transactions sur son réseau a toujours été un atout pour l’économie souterraine, même si elle est considérée comme dangereuse par les États. Il faut cependant rappeler que cette confidentialité n’est pas synonyme d’anonymat, mais de pseudonymat, puisqu’on peut suivre en toute transparence les transactions du réseau Bitcoin sans connaître la réelle identité des propriétaires des adresses Bitcoin. Seules des cryptomonnaies comme Monero proposent une confidentialité complète et sont beaucoup moins utilisées.

Kenneth Rogoff, l’ancien économiste en chef du FMI, considère que les transactions Bitcoin dans l’économie souterraine des pays émergents correspondent à 20 % du PIB mondial. Pour lui, cet énorme volume de transactions fragilise donc la demande en dollar, notamment en raison du rôle croissant du Bitcoin dans cette économie parallèle. De plus en plus de pays veulent trouver une alternative au dollar comme monnaie pour les échanges internationaux.

Pourquoi les pays en voie de développement sont-ils favorables au bitcoin ?

Cet essor de l’utilisation du bitcoin et des autres cryptomonnaies dans l’économie souterraine de ces pays doit cependant nous interroger. Il ne faut pas le confondre avec un usage pour des activités illégales comme cela pouvait l’être à l’époque de Silk Road. Dernièrement, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur français, a déclaré que l’économie des activités criminelles utilisait principalement le cash, intraçable, plutôt que les cryptomonnaies. Cette nuance est importante pour comprendre le vrai rôle du bitcoin dans ces économies.

En fait, l’utilisation croissante du bitcoin et d’autres cryptomonnaies dans certains pays émergents (exemples au Nigeria, au Kenya et au Salvador) a trois raisons principales : le bitcoin sert à se protéger contre la dévalorisation constante de la monnaie locale. Il permet d’avoir un moyen de paiement numérique dans des économies trop peu bancarisées, car peu rentables pour les grands groupes bancaires, et enfin, il sert d’alternative au dollar ou à l’euro. Cette dernière raison est importante, car l’enjeu monétaire a aussi des conséquences géopolitiques. En utilisant le dollar ou l’euro, ces pays restent symboliquement sous la domination des pays émetteurs de ces monnaies. Ils ne sont donc plus entièrement maîtres de leur politique monétaire. C’est ce que le Salvador a appris en étant contraint par le FMI d’abandonner le statut de monnaie officielle donné au bitcoin (même s’il reste une monnaie légale) s’il voulait continuer à recevoir l’aide internationale pour le développement de son pays.

Les stablecoins vont-ils sauver le dollar ?

L’inquiétude de Kenneth Rogoff permet de mieux comprendre la mise en avant des stablecoins comme moyens de paiements numériques et internationaux par le gouvernement américain. En effet, les stablecoins centralisés comme l’USDT de Tether et l’USDC de Circle sont collatéralisés par des réserves en dollars et bons du Trésor. L’USDT a une capitalisation de 153 milliards de dollars et l’USDC de 61 milliards. Mais surtout, leur volume d’échanges est respectivement de 75 et 10 milliards de dollars. Le volume d’échanges de ces deux stablecoins est donc supérieur à celui du BTC (qui est d’environ 50 milliards de dollars par jour). Il représente également 1 % du volume des transactions en dollars.

Par conséquent, la montée en puissance des stablecoins centralisés conduira leurs émetteurs à constituer des réserves de plus en plus grandes en dollars. Plus ces stablecoins seront mondialement présents, plus la demande en dollars augmentera, favorisant la politique monétaire américaine.

Le rêve de Satoshi Nakamoto s’est réalisé. Le bitcoin est devenu une monnaie largement utilisée dans les échanges monétaires internationaux et peut être comparé aux grandes monnaies officielles. Mais sa présence dans l’économie informelle est si importante qu’on l’accuse maintenant de s’opposer à l’hégémonie du dollar.

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Patrice V. avatar
Patrice V.

Passionné par l’histoire du Web3, je m’efforce de rendre cette nouvelle ère numérique plus compréhensible grâce à mes articles et à ma thèse de doctorat en cours sur le sujet.

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.