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Le bitcoin (BTC) sera hégémonique ou sera la pire bulle de l’histoire

mer 22 Juin 2022 ▪ 12 min de lecture ▪ par Satosh

Toutes les cryptomonnaies qui aspirent à devenir le nouveau protocole monétaire de référence à l’instar du bitcoin sont en concurrence. Au final, il se peut bien que nous soyons confrontés à deux possibilités : soit qu’elles finissent toutes à zéro, soit qu’une d’entre elles parvienne à s’affirmer comme le nouveau standard monétaire numérique. Le bitcoin est actuellement la crypto la mieux placée pour gagner ce combat à mort.

bitcoin cryptomonnaies

Le bitcoin n’est ni une action, ni une matière première

La monnaie est un type d’actif bien particulier, très différent des matières premières ou des actions. Par exemple, pour calculer la valeur fondamentale d’une action, il suffit d’estimer la valeur actuelle des flux de trésorerie que la société devrait générer à l’avenir.  Que ce soit une obligation, une action ou une option, tous ces actifs ont en commun de générer des flux financiers qui peuvent être évalués. 

Généralement, les actifs qui présentent des flux de trésorerie importants et moins de risques sont mieux évalués que les actifs risqués avec de faibles flux. Il est alors possible de comparer les différents actifs entre eux grâce à des indicateurs financiers afin de déterminer quelle action est attractive en fonction de la distance qui existe entre sa valeur fondamentale et son prix. 

Le bitcoin n’est donc pas une action, car il ne génère pas de flux de trésorerie. Vous ne recevrez jamais de dividendes en hodlant du BTC, si vous ne le saviez pas. 

Mais est-ce une forme de matière première ? Une matière première tire sa valeur de son utilisation afin de répondre à un besoin fondamental : énergie, logement, alimentation… Il est courant d’évaluer les matières premières en s’appuyant sur l’histoire du bien en question et en faisant des moyennes de prix sur des périodes longues. Là aussi, il semble que le bitcoin n’est pas une matière première, car il ne permet pas de produire de biens utiles et échangés sur le marché. 

Le bitcoin : une monnaie de mauvaise qualité en 2022

Le bitcoin est donc une monnaie. C’est-à-dire une marchandise que vous acceptez comme paiement parce que vous vous attendez à ce qu’elle soit acceptée comme paiement lorsque vous voudrez faire un achat avec elle dans le futur. Le besoin de déplacer du pouvoir d’achat dans le temps étant un besoin humain fondamental. 

Actuellement, il s’agit d’une monnaie de piètre qualité dans la mesure où elle est très peu acceptée en tant que moyen de transaction et est trop volatile pour transporter le pouvoir d’achat dans le temps. 

Étant donné que la monnaie ne génère aucun flux financier, on ne peut pas calculer sa valeur fondamentale comme on le ferait pour des actions. En revanche, il est possible de comparer les monnaies entre elles, par exemple entre le BTC et le dollar ou entre le BTC et l’euro. Toutes les monnaies sont en concurrence. A terme, les monnaies qui constituent la meilleure réserve de valeur (notamment entre deux transactions) et le meilleur médium d’échange s’imposent.

Si le bitcoin était une bonne monnaie en 2022, il devrait permettre de garantir à ses utilisateurs de pouvoir acheter de plus en plus de biens à travers le temps, avec le moins de fluctuations possible. Force est de constater que ce n’est toujours pas le cas, car le pouvoir d’achat en termes de biens est trop volatile à court terme. Ce qui nous fait dire que pour l’instant le BTC est un échec.

Bitcoin, volatilité et entropie

Puisque le bitcoin est une forme de monnaie, alors c’est bien le prix futur du BTC qui détermine sa « valeur » actuelle.  Par conséquent, le prix actuel est un miroir des croyances sur le prix qu’aura le BTC demain. S’il est encore à 20.000 dollars et non pas à 0, c’est parce qu’il existe plus de gens qui croient que le BTC s’échangera à un prix supérieur à 0 dollar à l’avenir. Et ce sont les changements abruptes des croyances qu’ont les gens sur le prix futur du BTC qui sont à l’origine de la volatilité de la monnaie. 

Pour minimiser la volatilité de la monnaie, les banques centrales constituent des institutions très pertinentes : elle coordonnent les anticipations des gens vers une croyance commune. Bien sûr, elle parvient à coordonner ces croyances tant qu’elle demeure crédible. Si elle perd sa crédibilité (par exemple en créant de l’inflation), alors son action aura l’effet inverse et conduira à augmenter l’entropie. Toutes les banques centrales ne jouissent naturellement pas du même niveau de crédibilité : la Fed n’est pas la BCE, qui n’est pas la Banque centrale du Venezuela.

C’est pourquoi dans la deuxième moitié du XXe siècle, les États ont cherché à augmenter le degré d’indépendance entre les Banques centrales et le Trésor. Dans les faits, le divorce n’a jamais eu lieu et aujourd’hui banques centrales et États conservent une forte gémellité. 

Pas de Politburo sur le bitcoin

Bitcoin a donc un potentiel immense, qui repose notamment sur son système de gouvernance acéphale qui garantit qu’il n’y aura jamais plus de 21 millions d’unités. Autrement dit, le bitcoin a une certaine crédibilité sur sa politique monétaire. Reste encore à coordonner et à stabiliser les croyances des gens, ce qui est complexe dans un environnement sans commandant.

La difficulté vient du fait que le bitcoin est un objet anarchiste qui ne possède pas de comité central, de Politburo et surtout pas d’armée. C’est tout le paradoxe : le bitcoin tire sa valeur de son incontrôlabilité, mais il se peut bien que ceci l’empêche de transformer l’essai pour devenir un concurrent crédible au billet vert.

Rappelons un épisode de l’histoire monétaire qui illustre à merveille les dangers créés par des croyances et des anticipations instables et mal coordonnées. En 1707, John Law se rendit en France. Il suggéra de remplacer la monnaie existante par des billets de banque basés sur les actions de la Compagnie des Indes occidentales. En 1719, la valeur des actions de la Compagnie est passée de 500 livres à 10 000 livres. La monnaie de John Law était un véritable succès dans un premier temps… avant de s’effondrer lamentablement en 1720. John Law a ruiné beaucoup de personnes avec son Ponzi. Do Kwon également.

On voit donc que le bitcoin est un objet très fragile qui pourrait plus facilement retomber à zéro qu’une monnaie émanant d’un entité étatique centrale crédible.

La course pour devenir la réserve de valeur standard du futur

Les monnaies sont des protocoles soumis à la divine puissance des effets de réseaux. Les protocoles ont tendance à converger vers une norme unique de référence. Tout comme VHS et Betamax ne pouvaient coexister, des monnaies soumises au marché libre convergent vers une monnaie de référence. Aujourd’hui, la norme monétaire ultime est le dollar. Dès lors, la concurrence chaotique que l’on observe entre BTC et les autres cryptos pourrait s’achever par la démonétisation totale de tous les autres à l’exclusion de la monnaie victorieuse. 

On peut alors en déduire que toutes les cryptos qui n’ont absolument aucune chance de devenir un étalon stable et qui ont pour unique proposition de valeur d’être des médiums d’échange sont des pyramides de Ponzi qui finiront à zéro. Par exemple, Litecoin, Bitcoin Cash, UST ou XRP.

Ce qui se passe avec les shitcoins c’est qu’ils fonctionnent grâce à la confiance que chacun leur accorde. Mais la confiance de chacun est fragile, car elle provient de tout le monde. Elle monte parce qu’elle monte. Lorsque le mensonge est révélé, la confiance collective s’effondre et une spirale de la mort se dessine.

Par conséquent, le marché devra désigner un vainqueur clair qui aura détruit préalablement tous ses concurrents. Soit, toutes ces cryptos périront et finiront à zéro, BTC compris, soit elles finiront toutes à zéro sauf une.

Le bitcoin n’est pas nécessairement la crypto qui ressortira victorieuse de ce chaos, mais elle est indéniablement celle qui est en meilleure position. La logique d’investissement la moins risquée consisterait donc à allouer davantage d’épargne dans la crypto qui a le plus de chances de devenir la future norme monétaire. 

Après le maximalisme, l’impéralisme Bitcoin ?

Nous avons donc vu que toutes les monnaies (y compris le fiat) s’apparentaient à des formes de bulles spéculatives. Le bitcoin est une monnaie. Le bitcoin est donc une bulle.

La véritable question que tout investisseur devrait se poser : quelle est la probabilité que la bulle n’explose jamais, c’est-à-dire que bitcoin devienne la norme monétaire de référence ? C’est-à-dire que bitcoin exécute les autres cryptos avant de s’attaquer au dollar ? La probabilité est en réalité très très faible, mais elle n’est pas nulle. C’est une hypothèse encore plus forte que la thèse maximaliste. On pourrait parler d‘impéralisme Bitcoin !

Si le BTC parvenait à supprimer la Fed, cela relèverait du miracle.

Ce pari contre la Fed repose néanmoins sur des arguments convaincants : les banques centrales ont systématiquement alterné entre des phases orthodoxes et des périodes d’assouplissement monétaire. Même si la Réserve fédérale utilisera tout son arsenal pour juguler l’inflation américaine actuelle, il est probable qu’un nouveau cycle d’impressions se dessine de nouveau d’ici quelques années. Lorsque l’inflation sera plus faible et semblera docile, « sous contrôle ».

En fait, tant que le déficit public ne deviendra pas illégal, tant que la dette publique sera conforme à la Constitution, tant qu’il y aura des universitaires prêts à livrer des « études » qui montrent que le déficit crée de la croissance, et bien le cycle de l’inflation redémarrera.

Dans ce cas, investir dans du BTC pourrait être particulièrement intelligent.

Le meilleur moyen d’achever définitivement le bitcoin

Fermez simplement les exchanges. Si vous êtes absolument certain que les gouvernements interdiront Coinbase et Binance, alors vous devriez parier sur le dollar plutôt que sur le BTC.

Si les exchanges sont fermés, tous les investisseurs classiques seront coincés avec des tokens qu’ils ne parviennent pas à revendre. Or, une fois que vous ne pouvez plus rien vendre, cela ne vaut plus rien. Une fois qu’une très large proportion de gens accepte qu’une marchandise symbolique a été démonétisée, la transition est irréversible. Vous ne pourrez jamais acheter une maison avec des assignats. Il n’y a aucun moyen de sauver la demande d’une monnaie qui ne peut être dépensée.

Le bitcoin est une bulle, comme toutes les autres monnaies. Sera-t-elle la bulle qui n’explose pas, c’est-à-dire la prochaine norme monétaire ? Le bitcoin risque de finir à zéro s’il ne parvient pas à exécuter tous ses concurrents sur le marché crypto, avant de livrer l’ultime bataille avec le billet vert américain. Bitcoin a beaucoup plus de chances de finir à zéro qu’à un million. Toutefois, quand on constate le niveau de foi dans la religion des déficits, on pourrait bien se demander s’il ne faudrait pas allouer une partie de son portefeuille dans du BTC.

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Satosh

Chaque jour, j’essaie d’enrichir mes connaissances sur cette révolution qui permettra à l’humanité d’avancer dans sa conquête de liberté.

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