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Le FMI modernise ses outils d’analyse macroéconomique, mais exclut une fois de plus les cryptos

9h22 ▪ 6 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Dans les coulisses de la gouvernance économique mondiale, une réforme passée inaperçue pourrait redéfinir les règles du jeu. Le FMI, aux côtés de l’ONU, de la Banque mondiale, de l’OCDE et de la Commission européenne, introduit le Système de Comptes Nationaux 2025 (SNA 2025), un tournant statistique majeur. Ce nouveau cadre intègre les cryptos, la dépréciation environnementale et les chaînes de valeur globales. Derrière cette apparente mise à jour technique, c’est une redéfinition profonde de la richesse et des priorités économiques qui se dessine.

Le FMI en scientifique rejetant le Bitcoin, la crypto phare, dans une corbeille.

En bref

  • Le FMI et ses partenaires lancent une réforme majeure des normes économiques mondiales avec l’adoption du Système de Comptes Nationaux 2025 (SNA 2025).
  • Pour la première fois, les cryptos comme le Bitcoin sont officiellement intégrés aux statistiques nationales, mais uniquement dans les comptes de patrimoine.
  • Ces actifs restent exclus du calcul du PIB, car ils ne produisent ni biens ni services selon les critères économiques traditionnels.
  • Au-delà des cryptos, le SNA 2025 modernise profondément la manière de mesurer l’économie numérique, en incluant IA, plateformes en ligne et cloud computing.

La crypto dans les comptes, mais toujours « hors PIB »

Pendant que le FMI dit non aux subventions pour le mining crypto, l’institution va encore plus loin et souligne dans un billet que « le bitcoin reste largement hors des livres, malgré sa consommation énergétique équivalente à celle de l’Argentine ». Cette formule résume la position actuelle de l’institution de Washington face à la crypto phare.

Si le nouveau référentiel SNA 2025 reconnaît pour la première fois l’existence des cryptos dans les statistiques nationales, il ne les considère pas pour autant comme de la production économique. Selon le FMI, ces actifs, bien qu’ils aient une valeur de marché et un impact énergétique réel, ne génèrent pas de biens ni de services dans le sens traditionnel du terme, condition sine qua non pour être intégrés dans le calcul du produit intérieur brut (PIB).

Dans cette nouvelle approche, les cryptos sont reclassés dans la catégorie des « actifs non produits non financiers ». Ils n’entrent donc pas dans la création de valeur économique mesurée par le PIB, mais apparaissent dans les bilans de richesse nationale. Selon les éléments fournis par le FMI, cela permettra une évaluation plus précise de leur poids macroéconomique. Le FMI insiste sur les raisons de cette évolution :

  • « Mesurer les cryptos est capital d’un point de vue de politique publique » : cela pose des enjeux de stabilité financière, de régulation et de fiscalité ;
  • Leur absence des statistiques économiques constituait une difficulté pour les gouvernements ;
  • Leur reconnaissance patrimoniale permet aux États de mieux suivre les volumes, usages et risques liés à ces actifs ;
  • Ce classement représente une première étape vers une intégration plus formelle de l’univers crypto dans les cadres économiques existants, sans pour autant bouleverser le calcul de la croissance.

Une réforme pensée pour l’ère numérique

« Les pierres angulaires de notre monde numérique, des applications mobiles aux outils d’intelligence artificielle, n’existaient pas en 2008 », rappelle le FMI dans sa présentation du SNA 2025. C’est précisément pour combler ce vide que la réforme actuelle a été lancée.

Le nouveau système accorde une attention particulière aux innovations technologiques qui redéfinissent les frontières de l’économie : intelligence artificielle, services cloud, plateformes d’intermédiation numérique, e-commerce… Autant de composantes qui, jusqu’ici, n’étaient que partiellement prises en compte dans les comptes nationaux. Le FMI et ses partenaires ont ainsi introduit des indicateurs spécifiques pour l’IA, et recommandé la création de jeux de données dédiés à ces nouveaux secteurs.

Un autre volet important concerne le produit national net (NDP), que le SNA entend promouvoir comme complément au traditionnel PIB. Ce nouvel indicateur prend en compte l’usure du capital fixe, mais aussi la dépréciation des ressources naturelles.

Selon les estimations du FMI, le NDP est en moyenne 10 à 25 % inférieur au PIB. Cette approche vise à offrir une lecture plus durable de la croissance, notamment pour les pays dont l’économie repose fortement sur l’extraction minière ou pétrolière. En parallèle, la réforme améliore le suivi des risques financiers liés aux institutions non bancaires, et affine la traçabilité des flux de production et de revenus des entreprises multinationales.

Au-delà de son classement comme actif non financier, le bitcoin pourrait prétendre à un rôle plus central dans les indicateurs macroéconomiques. Compte tenu de son adoption croissante, de sa capitalisation de marché et de l’activité économique qu’il génère, qu’il s’agisse de mining, des plateformes d’échange ou des services annexes, son exclusion du PIB pourrait apparaître comme un biais méthodologique. Intégrer le bitcoin dans le calcul du PIB reviendrait à reconnaître son impact réel sur l’économie productive, à l’instar d’autres secteurs numériques.

À terme, ces évolutions méthodologiques pourraient avoir des implications politiques majeures. En redessinant les indicateurs de performance économique, elles influencent directement les politiques budgétaires, fiscales et sociales. Pour le secteur crypto, cette mise à jour ouvre une brèche dans l’hermétisme statistique dont il était victime. Si le bitcoin reste encore à l’écart du PIB, sa présence dans les comptes nationaux peut nourrir, à l’avenir, des discussions fiscales, réglementaires, voire monétaires, surtout qu’il devient moins volatil.

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Luc Jose A. avatar
Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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