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Le Ghana abandonne le dollar au profit de l'or

mer 30 Nov 2022 ▪ 5 min de lecture ▪ par Nicolas T.

Le gouvernement ghanéen va payer son pétrole en or et non plus en dollars, a déclaré le vice-président Mahamudu Bawumia.

Ghana Or Dollar

Plus d’or, moins de dollars

L’objectif est de stopper la chute des réserves de dollars. Ces dernières sont drainées par la hausse du prix du baril. Il en découle une baisse inquiétante du taux de change de la monnaie ghanéenne ainsi qu’une hyperinflation de 40 % par an…

Les réserves du Ghana qui s’élevaient à près de dix milliards de dollars en fin d’année dernière ne sont plus que de 6 milliards de dollars. Soit seulement l’équivalent de trois mois d’importations.

Reuters rapporte que les achats en or devraient commencer dès le prochain trimestre. Cette stratégie « modifiera fondamentalement notre balance des paiements et réduira considérablement la dépréciation persistante de notre monnaie », a déclaré M. Bawumia :

Le discours du président Mahamudu Bawumia

En effet, le Ghana est un grand exportateur d’or. Le petit pays d’Afrique de l’Ouest est le septième plus grand producteur d’or au monde. Il est surnommé depuis des décennies la « Côte d’or de l’Afrique ».

Cette décision, qui n’enchantera pas l’Oncle Sam, a été mûrement réfléchie. Le vice-président du Ghana déclarait déjà en 2021 : « L’or est devenu la pierre angulaire de la gestion moderne des réserves des banques centrales ».

Une sage déclaration, puisque les banques centrales sont effectivement devenues le premier acheteur d’or en 2022.

Cela étant dit, les réserves d’or officielles du Ghana ne sont que de neuf tonnes… Le gouvernement devra donc en acheter. Mais vu que ces achats se feront dans la monnaie locale, cela n’impactera pas le taux de change.

Dit autrement, l’inflation des produits importés devrait se tasser, mais c’est moins sûr pour les produits locaux…

Le Ghana est en négociation avec Dubaï pour échanger son or jaune contre de l’or noir. L’Inde aussi compte bien acheter le pétrole des Émirats arabes unis dans une autre monnaie que le dollar.

L’Inde se dédollarise

Les banques centrales de l’Inde et des Émirats arabes unis (EAU) veulent créer un mécanisme permettant d’effectuer des échanges bilatéraux en monnaies locales. L’objectif est de réduire les coûts de transaction, a déclaré Sunjay Sudhir, ambassadeur de l’Inde aux EAU :

« La discussion est en cours entre les banques centrales. Il faudra voir comment, dans un scénario réaliste, ces échanges peuvent être mis en œuvre. L’objectif est très clair : réduire le coût des transactions ».

En effet, les deux pays n’échangent pas en roupies et dirham, mais en dollars, ce qui entraînent des frais de conversion. Pourtant, les nombreuses relations commerciales entre Dubaï et New Delhi. Les EAU sont le troisième partenaire commercial et le deuxième marché d’exportation de l’Inde.

Par ailleurs, les deux nations ont signé un accord de libre-échange (ALE) qui est entré en vigueur au mois de mai. La liquidité étant probablement suffisante, pourquoi ne pas établir un taux de change flottant Roupie/Dirham ?

Terminons en soulignant que les EAU font partie du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), et que ce club regroupe les géants énergétiques que sont l’Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn et le Qatar.

Dit autrement, cette émancipation vis-à-vis du billet vert pourrait donner des idées à ses voisins. Ce serait de très mauvaise augure pour le système du pétrodollar et l’hégémonie monétaire américaine.

Et c’est bien ce qui semble se tramer en coulisse. L’Inde et les pays du CCG ont en effet prévu de commencer les négociations d’un traité commercial au prochain trimestre.

La dédollarisation est en route. Ce n’est qu’une question de temps avant que bitcoin ne tire son épingle du jeu en tant que monnaie de réserve internationale.

Terminons en signalant que le mineur français Sébastien Gouspillou, Jack Dorsey (ex CEO de twitter) et Ray Youssef (CEO de Paxful) se rendront le 5 décembre dans la capitale ghanéenne pour l’Africa Bitcoin Conference.

Gageons qu’ils sauront attirer l’attention du gouvernement. Le potentiel hydroélectrique du Ghana pourrait accélérer sa croissance grâce à l’industrie du mining de bitcoins.

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Nicolas T.

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