Le Royaume-Uni écarte l'idée d'une réserve nationale de cryptos
Tandis que plusieurs puissances économiques envisagent d’intégrer le bitcoin à leurs réserves, le Royaume-Uni opte pour une rupture stratégique. Aucune réserve nationale en crypto ne verra le jour, a confirmé le Trésor lors du FT Digital Asset Summit à Londres. Cette décision contraste vivement avec l’approche offensive des États-Unis sous l’administration Trump. Que révèle ce choix sur la vision crypto britannique ? Et quelles en seront les implications pour la place de Londres dans l’écosystème numérique mondial ?
En bref
- Le Royaume-Uni exclut catégoriquement la création d’une réserve nationale en Bitcoin, contrairement aux États-Unis.
- La secrétaire économique au Trésor, Emma Reynolds, affirme que cette stratégie n’est « pas adaptée au marché britannique ».
- Le gouvernement britannique explore néanmoins des usages innovants de la blockchain, notamment pour l’émission de dette souveraine.
- Le Royaume-Uni rejette l’approche européenne (MiCA) et défend une régulation intégrée au système financier traditionnel.
Londres trace une ligne rouge : pas de réserve nationale en crypto
Prenant la parole au Digital Asset Summit organisé par le Financial Times à Londres du 6 au 7 mai 2025, la secrétaire économique au Trésor britannique, Emma Reynolds, a écarté sans détour l’idée que le Royaume-Uni puisse constituer une réserve nationale de cryptos.
Interrogée sur la possibilité de suivre la dynamique américaine, Reynolds a affirmé :
Ce n’est pas le plan pour nous. Nous ne pensons pas que cela soit approprié pour notre marché.
Cette déclaration officielle marque un refus clair de toute stratégie de stockage public de bitcoin ou autre crypto par l’État britannique.
Un tel positionnement se distingue nettement de l’attitude actuelle des États-Unis, où l’administration Trump adopte une posture ouvertement favorable aux cryptos. Par le refus d’imiter cette tendance, le Royaume-Uni affirme une orientation prudente et souveraine. Voici les éléments clés qui structurent ce rejet :
- Le gouvernement britannique ne considère pas le bitcoin comme un actif adapté à une gestion de réserve souveraine ;
- L’approche américaine, centrée sur l’accumulation stratégique de bitcoin par l’État fédéral, est perçue comme non transposable au contexte britannique ;
- Le Trésor britannique privilégie une vision plus conservatrice et institutionnelle des cryptos, où l’État reste en retrait ;
- Cette position s’intègre dans un cadre global d’aversion au risque public vis-à-vis des actifs volatils, même dans un contexte d’adoption croissante.
En posant cette ligne rouge, le Royaume-Uni indique clairement qu’il n’entend pas transformer ses réserves en instruments crypto. Ce choix illustre un positionnement de responsabilité perçue, qui vise à préserver la stabilité financière et la crédibilité budgétaire nationale face à un marché encore jugé trop incertain.
Une autre ambition : réguler et innover plutôt que stocker
Si le Royaume-Uni refuse d’utiliser le bitcoin comme actif de réserve, cela ne signifie pas pour autant un désengagement du champ crypto. Emma Reynolds a précisé que le gouvernement britannique étudiait activement l’émission de dette souveraine via la technologie blockchain.
« Nous examinons le potentiel d’émettre de la dette publique en utilisant des technologies de registre distribué (DLT) », a-t-elle indiqué. Une procédure de sélection de prestataire est déjà en cours, avec un objectif de désignation « d’ici la fin de l’été », ce qui témoigne d’un intérêt manifeste pour l’utilisation concrète des technologies Web3 dans les infrastructures de marché.
Dans un autre registre, la secrétaire économique a révélé la mise en place d’un groupe de travail de haut niveau entre le Royaume-Uni et les États-Unis, destiné à favoriser une coopération réglementaire sur ces actifs. Cette instance bilatérale, qualifiée de « regulatory forum », tiendra une réunion dès le mois de juin.
Toutefois, Reynolds a tenu à souligner que cette collaboration ne signifie pas un alignement systématique avec les approches américaines ou européennes. Elle a notamment précisé que le Royaume-Uni ne reproduira pas le cadre réglementaire MiCA mis en place par l’UE, préférant une approche « basée sur les résultats » et intégrée dans le périmètre traditionnel des services financiers.
Ce choix stratégique, fondé sur le principe du « même risque, même régulation », ouvre une voie intermédiaire entre l’activisme crypto américain et la rigueur normative européenne. Il pourrait permettre au Royaume-Uni de se positionner comme un hub d’innovation réglementée, capable d’attirer les acteurs de la blockchain tout en garantissant la stabilité du système financier. Reste à voir si cette posture hybride, qui privilégie l’expérimentation encadrée à l’investissement direct, suffira à maintenir Londres dans la course au leadership crypto mondial.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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