Le Salvador ouvre la voie aux banques d’investissement Bitcoin
Le bitcoin n’est pas la tasse de café du FMI ni celle des grands pontes de la finance internationale. Pendant que Washington et Bruxelles sortent la calculette des risques, Nayib Bukele et son équipe sortent le carnet de chèques crypto. Entre audace et entêtement, le Salvador poursuit sa politique pro-bitcoin, quitte à marcher sur la corde raide entre innovation financière et pression institutionnelle.
En bref
- Le Salvador autorise ses banques d’investissement à détenir du bitcoin pour des investisseurs qualifiés uniquement.
- Une licence PSAD ouvre la possibilité d’opérer exclusivement en bitcoin et autres actifs numériques.
- Le pays développe des alliances internationales, notamment avec la Bolivie et le Pakistan, pour soutenir l’adoption crypto.
- Les réserves nationales atteignent 6 262 bitcoins, valorisés à plus de 730 millions de dollars actuellement.
Un cadre légal sur mesure pour les investisseurs sophistiqués
En août 2025, le Salvador, pays accumulateur de bitcoins, a adopté l’« Investment Banking Law », une loi qui sépare clairement banques commerciales et banques d’investissement. Désormais, ces dernières peuvent détenir du bitcoin et d’autres actifs numériques, mais uniquement pour des « investisseurs sophistiqués ».
Juan Carlos Reyes, président de la Commission nationale des actifs numériques (CNAD), a résumé l’esprit de cette réforme : « La nouvelle loi permet aux banques d’investissement privées d’opérer en monnaies légales et étrangères pour les “investisseurs sophistiqués”, et de s’engager dans les actifs numériques comme le Bitcoin avec une licence PSAD ».
La licence PSAD ouvre la porte à des opérations bancaires 100 % Bitcoin. L’objectif officiel est clair : attirer des capitaux étrangers et faire du pays un hub financier crypto-friendly. Mais certains observateurs notent que cette orientation favorise d’abord les grandes institutions, pas la population.
Bitcoin et crypto au centre de nouvelles alliances internationales
Cette mutation réglementaire ne se joue pas en vase clos. Le Salvador a récemment multiplié les échanges internationaux, en particulier avec des pays partageant la même appétence pour les crypto-actifs. En juillet, la banque centrale de Bolivie a signé un protocole d’accord avec la CNAD pour promouvoir l’usage des cryptos en pleine crise de change.
Le ministre pakistanais Bilal Bin Saqib, reçu par Bukele, a expliqué :
La coopération repose sur la manière dont les économies émergentes, toutes deux sous programme FMI, peuvent tirer parti de la technologie et d’autres instruments financiers pour la croissance nationale.
Ces partenariats rappellent que, derrière les annonces, il y a aussi une bataille géopolitique : celle des pays qui veulent contourner la dépendance aux devises dominantes et s’ouvrir à des alternatives monétaires.
Défis réglementaires et chiffres clés à surveiller
Le pari du Salvador n’est pas sans risques. Le FMI a déjà conditionné son aide financière à des aménagements législatifs, dont la suppression de l’obligation pour les commerces d’accepter le bitcoin. L’institution reste vigilante face à la volatilité et aux risques de blanchiment.
Max Keiser, conseiller Bitcoin de Bukele, voit pourtant la tendance comme irréversible. Le bitcoin est en train d’absorber les 400 000 milliards de dollars de valeur stockée dans le monde et de réduire l’influence des banques centrales, estime-t-il.
Pour l’instant, les indicateurs financiers montrent une montée en puissance de l’engagement crypto national.
À retenir :
- 6 262 BTC détenus par l’État, soit plus de 730 M $ au cours actuel – prix du bitcoin à 118 000 $ ;
- Loi adoptée en août 2025, licence PSAD pour opérateurs bitcoin ;
- Accord signé avec la Bolivie en pleine pénurie de dollars ;
- Projet de « Banque pour Investissement Privé » avec capital minimum de 50 M $.
L’adoption du bitcoin au Salvador n’a jamais été un terrain déminé. Entre réformes, pressions extérieures et volonté d’affirmer sa souveraineté financière, le pays joue un subtil jeu de cache-cache réglementaire avec les grandes institutions. Bukele et son équipe avancent en contournant les règles imposées, convaincus que le pari crypto est la clé pour redessiner leur avenir monétaire.
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