Les sociétés de mining de Bitcoin se tournent vers les énergies vertes pour sauver leurs marges
Tandis que le réseau Bitcoin franchit le seuil du zetahash, la rentabilité des entreprises de mining s’effondre. Le hash price est tombé sous les 40 dollars par PH/s/jour, un niveau critique qui menace la viabilité de nombreux acteurs. Confrontées à ce paradoxe, les entreprises du secteur réorientent leurs stratégies vers les énergies renouvelables. Toutefois derrière l’argument écologique, c’est une logique de survie économique qui domine, révélant une mutation profonde du modèle énergétique du mining.

En bref
- La rentabilité du mining de Bitcoin s’effondre, avec un hash price tombé sous le seuil critique des 40 $ par PH/s/jour.
- Cette baisse intervient alors que le hashrate global atteint un sommet historique de 1 000 petahashes (1 zetahash).
- La combinaison de la baisse des récompenses post-halving, de la concurrence accrue et de la hausse des coûts énergétiques pèse lourdement sur les marges.
- Pour survivre, de plus en plus de mineurs adoptent des sources d’énergie renouvelables : solaire, hydroélectrique ou éolien.
Le hash price sous le seuil de rentabilité
Pendant qu’il faut 1200 jours pour rentabiliser une machine, « le hash price est tombé à environ 39,4 dollars par PH/s/jour », précise Hashrate Index, soulignant une situation critique pour l’industrie du mining.
Ce niveau est inférieur au point d’équilibre estimé pour la majorité des opérateurs, fixé à 40 dollars. En clair, une large part des sociétés de mining opère aujourd’hui à perte ou sur des marges extrêmement comprimées.
Le phénomène résulte de plusieurs facteurs convergents : la récente réduction des récompenses de mining après le halving, conjuguée à une intensification de la compétition, a mécaniquement érodé les profits. Le réseau Bitcoin, plus sécurisé que jamais, n’a jamais été aussi énergivore.
Plusieurs éléments structurels participent à cette baisse historique de rentabilité :
- Une hausse continue du hashrate, qui a franchi la barre symbolique du zetahash (1 000 petahashes) en avril dernier, obligeant les spécialistes du mining à investir toujours plus en puissance de calcul ;
- Une réduction des récompenses à la suite du dernier halving, diminuant mécaniquement les revenus par bloc ;
- Des coûts énergétiques en forte augmentation, notamment dans certaines régions où l’électricité bon marché se raréfie ;
- La pression concurrentielle croissante, qui pousse à une sophistication technologique permanente, avec des équipements plus coûteux et énergivores.
Cette combinaison de facteurs a conduit certains opérateurs à se retirer. En novembre, Tether a officiellement cessé ses opérations minières en Uruguay, en invoquant « la hausse du coût de l’énergie » comme principal motif. Dans ce contexte, le maintien de la rentabilité devient un exercice de funambulisme.
Le virage vert du mining : nécessité plus que vertu
Face à cette contraction des marges, plusieurs acteurs ont initié une transition accélérée vers des sources d’énergie renouvelables.
Sangha Renewables a mis en service une installation solaire de 20 mégawatts dans le comté d’Ector, au Texas. De son côté, Phoenix Group a lancé en novembre un site de mining de 30 MW alimenté par l’hydroélectricité en Éthiopie. Cette dynamique s’insère dans un mouvement général où l’énergie verte devient un levier de survie économique, bien plus qu’un choix éthique.
Certains acteurs explorent également des solutions technologiques innovantes pour optimiser leur consommation énergétique. Le fabricant de matériel Canaan a ainsi annoncé le développement d’un ASIC adaptatif, capable de moduler sa consommation via des algorithmes d’intelligence artificielle.
En parallèle, l’entreprise a déployé une installation de mining sur un site éolien au Texas, en partenariat avec Soluna, une société d’infrastructure numérique spécialisée. Ces efforts traduisent une volonté de maîtriser les coûts sur le long terme, dans un contexte où l’énergie est devenue la variable la plus critique du modèle économique du mining.
À terme, cette reconfiguration du paysage énergétique pourrait profondément modifier la géographie du mining. Les régions disposant de ressources renouvelables abondantes, notamment l’Afrique de l’Est, certaines zones du Texas ou de l’Amérique latine pourraient gagner en attractivité, tandis que les juridictions à l’énergie chère risquent de voir fuir les opérateurs.
Alors que le mining de bitcoin vit sa pire période depuis une quinzaine d’années, la pression actuelle sur les marges agit ainsi comme un catalyseur d’évolution structurelle, où seules les sociétés de mining capables d’allier innovation technologique et arbitrage énergétique stratégique tireront leur épingle du jeu.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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