OpenAI face au défi d’un modèle économique encore fragile
Des chiffres à douze zéros circulent autour d’OpenAI. On parle de centaines de milliards comme on discute de la météo. Mais ces chiffres ne sont pas des profits. Ils sont des paris. Des engagements futurs. Des dettes peut-être. Derrière les paillettes de l’intelligence artificielle, une question émerge : OpenAI peut-elle encore tenir la cadence financière qu’elle s’est imposée ? Ou est-elle en train de courir vers un mur de données, la poche vide ?

En bref
- OpenAI a signé 288 milliards $ de contrats cloud, mais seulement un tiers sera utilisé.
- l manque encore 207 milliards $ à lever avant 2030 pour éviter l’asphyxie financière
- Objectif 2030 : 220 millions d’abonnés IA, contre 35 millions seulement aujourd’hui.
- OpenAI pourrait voir sa part IA mondiale passer de 71 % à 56 % en cinq ans.
L’ogre cloud ou la dévoreuse de milliards
OpenAI s’est liée à des géants du cloud. 250 milliards de dollars chez Microsoft, 38 chez Amazon. Total : 288 milliards de contrats pour 36 gigawatts de puissance de calcul. À peine un tiers sera actif d’ici 2030. Le reste ? À payer, quand même. Selon HSBC, la facture atteindrait 792 milliards $ en 2030, et jusqu’à 1 400 milliards $ en 2033 si le rythme se poursuit.
Les analystes de la banque ne mâchent pas leurs mots :
Étant donné les relations étroitement imbriquées entre les entreprises d’IA LLM, de cloud et de semi-conducteurs, nous estimons qu’il existe un argument en faveur d’une certaine flexibilité, du moins de la part des plus grands acteurs… une capacité moindre vaudra toujours mieux qu’une crise de liquidité.
Si Sam Altman voulait une IA souveraine, il l’a liée à des empires cloud. Et ces empires ne font pas crédit éternellement. Chaque cycle de paiement ressemble de plus en plus à un combat pour ne pas tomber en faillite logistique.
Croissance à crédit : le grand écart d’OpenAI
OpenAI vise haut : 3 milliards d’utilisateurs d’ici 2030. Environ 10 % d’abonnés. Cela représente 220 millions de payeurs sur ChatGPT — contre 35 millions aujourd’hui. Ce serait l’un des plus grands services d’abonnement au monde, devant Spotify, presque au niveau de Netflix.
Même avec un cash‑flow libre projeté à 282 milliards $, des cessions d’actifs et une trésorerie estimée à 17,5 milliards $ en 2025, le compte n’y est pas. HSBC estime un besoin de financement supplémentaire de 207 milliards $ d’ici 2030. Cela, malgré tous les efforts pour diversifier les sources de revenus ou renforcer la monétisation directe.
Le contraste est frappant : l’entreprise est perçue comme une licorne générant de l’or à chaque prompt, mais ses flux financiers racontent une autre histoire. HSBC, sans détour, la décrit comme un gouffre à cash, pas une machine à profits. Même dans ses scénarios optimistes, la firme reconnaît qu’OpenAI continuera de subventionner la grande majorité de ses utilisateurs pendant encore des années.
En l’absence d’une levée de fonds massive — ou d’une croissance spectaculaire — OpenAI risque de continuer à subventionner en masse ses services. Chaque dollar levé risque d’aller droit dans la poche des fournisseurs de cloud. Le rêve d’un « AI for all » pourrait se transformer en fuite en avant budgétaire, soutenue par la foi des investisseurs plus que par les revenus réels.
OpenAI et le mythe des 220 millions d’abonnés à l’IA
La stratégie est claire : monétiser l’intelligence artificielle via des abonnements. Les plans Plus (20 $/mois) et Pro (200 $/mois) rapportent. Mais 5 % de conversion aujourd’hui, 8,5 % espérés en 2030 ? L’écart est large. L’espoir réside aussi dans la pub ciblée, le shopping assisté, ou encore les interfaces à commissions.
Pourtant, OpenAI n’est pas seule. Anthropic, xAI, ou d’autres montent en puissance. La part de marché IA d’OpenAI, aujourd’hui dominante, pourrait glisser de 71 % à 56 % côté grand public, et de 50 % à 37 % côté entreprises.
Et les usages ? Ils explosent… mais pas forcément les revenus. La base gratuite croît plus vite que les payeurs. Le « AI for All » se heurte à la règle du freemium : plus vous avez de monde, plus vous payez pour leur servir du calcul, sans retour immédiat.
Données clés à retenir
- 288 Mds $ de contrats cloud signés ;
- 36 GW de puissance engagée ;
- 207 Mds $ encore à lever d’ici 2030 ;
- 220 millions d’abonnés visés, 35 millions actuels ;
- Part de marché IA d’OpenAI en baisse prévisible.
D’ici 2026, OpenAI espère une introduction en bourse valorisée à 1 000 milliards de dollars. Cette IPO serait un coup de poker pour refinancer l’ambition globale, tout en imposant l’intelligence artificielle comme pilier technologique du siècle. Mais cette levée suffira-t-elle à justifier tous les zéros déjà engagés ? Rien n’est moins sûr dans un monde où la vitesse dépasse parfois le sens.
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