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Pourquoi la victoire de Javier Milei est une mauvaise nouvelle pour l’Argentine (et pour Bitcoin)

mar 21 Nov 2023 ▪ 5 min de lecture ▪ par Martin

Javier Milei, élu en pleine tourmente économique en Argentine, prétend incarner l’anarcho-capitalisme et se proclame amateur du bitcoin. Derrière cette façade se cache un personnage aux idées radicales, éloigné des standards de libertés chers à Satoshi Nakamoto. Sa victoire suscite des inquiétudes, non seulement pour les Argentins mais aussi pour l’image du Bitcoin, associé à un discours agressif et à un programme économique dangereux.

Javier Milei

Javier Milei, un remède pire que le poison ?

L’Argentine connaît une crise économique sans précédent. Frappée par la dévaluation de sa monnaie, en proie à une instabilité chronique, la population souffre. Elle doit faire face à une inflation de 140 % sur un an, avec un taux de pauvreté qui atteint 40 %. C’est dans ce contexte que les Argentins ont élu Javier Milei, économiste à la vision extrêmement radicale. Son programme ? Une coupe jamais vue dans les services publics, avec la promesse de redresser le pays. Une forme de réaction à la politique du gouvernement péroniste de Sergio Mass, jugé responsable de la situation désastreuse du pays.
Mais si Javier Milei s’est récemment fait connaître par la communauté crypto, c’est notamment pour avoir mentionné le bitcoin dans sa campagne politique.

Un faux anarchiste

Toutefois, la récente victoire de Javier Milei aux élections n’a rien de réjouissant, ni pour les Argentins, ni pour le développement du Bitcoin. Bien que Milei se revendique comme anarcho-capitaliste, il est en réalité un libertarien, convaincu que livrer une population fragilisée à la seule loi du marché suffira à inverser la tendance. Et à l’échelle d’un pays, cette doctrine peut s’avérer particulièrement périlleuse.
Ainsi, certains « crypto-anarchistes » se méprennent lorsqu’ils pensent que Javier Milei embrasse des valeurs de liberté. Anti-avortement, il est ouvertement opposé au droit des femmes à disposer de leur corps comme elles le souhaitent. Proche des idées de l’extrême droite, il affiche d’ailleurs sa sympathie pour le parti politique espagnol Vox.
Mais plus que cela, Milei souhaite une dollarisation rapide du pays, en supprimant purement et simplement la banque centrale nationale. Or, s’en remettre à la FED, la banque centrale américaine, paraît loin d’une politique en faveur de la souveraineté. Il semble au contraire vouloir donner les clés de sa politique monétaire à une puissance étrangère. Alors que les États-Unis, ne sont pas vraiment connus pour leur bienveillance envers l’Amérique du Sud.

Le nouveau président argentin est ainsi loin d’être « anarcho-capitaliste » comme il s’en réclame. Bien au contraire, il défend une politique très classique, mais avec une radicalité jamais vue. Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances grec, sur X, n’hésite pas le comparer à Jorge Rafael Videla. Ce dictateur est connu pour avoir mené la « guerre sale » et fait régner la terreur sur l’Argentine dans les années 70 :

Milei est un nouveau Videla déguisé en libertarien, déterminé mettre fin à la possibilité de souveraineté démocratique argentine.

Javier Milei au World Economic Forum en 2014.
Javier Milei au World Economic Forum en 2014.

Une mauvaise publicité pour le bitcoin

Mais au-delà de son programme dangereux, c’est par son discours qu’il fait des dégâts. Associé au bitcoin pour l’avoir mentionné occasionnellement, l’image de Javier Milei est particulièrement désastreuse. Sa personnalité inquiète, à mesure qu’il multiplie les interventions controversées, adoptant une posture particulièrement agressive. Certains y ont d’ailleurs vu des signes de démence. Or, Bitcoin n’appartient à personne, et encore moins à un ambitieux réactionnaire. A-t-il seulement pris le temps d’étudier sérieusement le bitcoin ? Rien n’est moins sûr. Et on peut légitimement craindre qu’il ne l’ait évoqué uniquement dans un but électoral.

Heureusement, plusieurs voix s’élèvent dans la communauté francophone pour souligner le caractère inquiétant et peu réjouissant de cette élection. Car quand bien même Milei serait « pro-bitcoin », ce n’est en aucun cas un ambassadeur souhaitable pour le BTC.

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Martin

Fasciné par l'histoire du Bitcoin et le mouvement cypherpunk, je pense que les citoyens doivent réinvestir le champ de la monnaie. Mon but ? Démocratiser et rendre visible le potentiel de la blockchain et des cryptomonnaies.

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