Rester ou quitter la Russie : Le difficile dilemme des bourses de cryptomonnaies

Il y a quelques mois, la Russie déclarait la guerre à l’Ukraine en envahissant son territoire. Très vite, les États du continent européen et les États-Unis ont adopté une série de mesures économiques dans le but de sanctionner l’envahisseur. Même si tout le monde avait espéré que ces sanctions auraient des effets dévastateurs sur la Russie, une crainte a plané : le pays allait-il opter pour les cryptomonnaies comme porte de secours ? Nous vous faisons un point de la situation à l’heure actuelle.

Les bourses de cryptomonnaies ont du mal à suivre le rythme

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre et la Financial Conduct Authority ont demandé aux entreprises de cryptomonnaies d’appliquer les sanctions sur leurs plateformes. D’un autre côté, les banques centrales et les régulateurs du monde entier ont, eux aussi, renouvelé leurs préoccupations à l’endroit des bourses de cryptomonnaies en les invitant à suivre la nouvelle marche en cours.

Plus récemment, le Japon a annoncé qu’il allait réviser sa loi sur les changes et le commerce extérieur. Cette révision vise à élargir son champ d’application aux cryptomonnaies, ce qui signifie que les bourses seront tenues d’évaluer si leurs clients sont des cibles de sanctions russes.

Dans ce contexte d’instabilité de part et d’autre, certaines bourses de cryptomonnaies continuent de trainer le pas et elles se montrent réticentes à l’idée d’appliquer des sanctions aux clients russes. Par exemple, Binance, la plus grande bourse du monde, ainsi que Coinbase et Kraken ont tous adopté des mesures : gel des comptes de quelques oligarques russes, dons aux Ukrainiens, etc. Toutefois, aucune de ces bourses n’a osé franchir véritablement le dernier cap : se retirer du pays.

La bourse Zonda a fait son choix

Pendant que les grandes bourses de cryptomonnaies sont réticentes à l’idée de quitter la Russie, d’autres sociétés ont déjà sauté le cap. Dans une présentation, le PDG de Zonda, la plus grande bourse de cryptomonnaies de Pologne a expliqué les raisons du départ de la société.

« Je comprends le dilemme moral auquel ils [les PDG des autres bourses] sont confrontés, déchiré entre les idéaux du libre marché et le sens du devoir moral, mais alors que cette tragédie humaine dévastatrice se déroule en Europe de l’Est, nous, en tant qu’industrie, devons faire plus pour condamner la violence par l’accès à nos plateformes ».

Le PDG a ajouté : « Chez Zonda, nous n’avons pas pris la décision de nous retirer de la Russie à la légère, mais nous l’avons prise rapidement et, ce faisant, nous avons voté pour la paix, la transparence et le respect de l’esprit de la réglementation mondiale. Ne pas le faire sera perçu par beaucoup dans le monde comme de l’indifférence au mieux ou, au pire, un soutien actif ».

De toute évidence, la guerre en Ukraine n’a pas fait que faire ressurgir des divergences sur le plan politique. Elle a aussi d’intenses répercussions sur le plan économique, puisqu’elle redéfinit clairement les frontières entre les cryptomonnaies d’un côté et les monnaies traditionnelles de l’autre.

Pendant que la guerre en Ukraine se poursuit, les bourses de cryptomonnaies réfléchissent toujours à la solution idéale à adopter. Faut-il ou non quitter le pays comme l’exigent les autorités des grandes puissances ? La réponse à cette question n’est pas aussi tranchée qu’elle le laisse paraitre.

Source : Cointelegraph