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Analyse bitcoin (BTC)/USD - Semaine 30

mar 26 Juil 2022 ▪ 9 min de lecture ▪ par Nicolas T.

Les hausses de taux seront-elles suffisantes pour faire baisser les prix ? Peu probable. L’aggravation de l’inflation et l’inversion des rapports de force globaux continuent de pointer vers l’avènement du bitcoin.

La BCE ressort la planche à billets

Onze ans plus tard, la BCE a rehaussé son taux directeur qui passe de 0 % à 0.50 %. Christine Lagarde a même assuré que les taux continueront de monter « aussi longtemps qu’il le faudra ».

Néanmoins, les achats de dettes risquent fort de reprendre en cas de « détérioration des conditions de financement ». Dit autrement, la BCE imprimera ce qu’il faut pour empêcher que les taux d’emprunt de la dette publique italienne ne s’envolent.

Or les taux italiens sont déjà en train de remonter. En cause, l’effondrement du gouvernement de l’ancien président de la BCE, Mario Draghi. L’Italie va connaître ses vingtièmes élections législatives en 33 ans, le 25 septembre.

En attendant, le taux d’intérêt à 10 ans italien est remonté au-dessus de 4 %, au plus haut depuis la crise de la dette européenne de 2014. En sachant que Rome représente près d’un quart de l’endettement total de la zone euro…

La BCE va donc intervenir pour que la botte puisse continuer à faire rouler sa dette. En revanche, les taux vont effectivement remonter pour les ménages et les entreprises. Ce qui se passe aux États-Unis est à ce titre très révélateur.

Le taux d’emprunt immobilier sur 30 ans y est remonté à 5.5 %. Conséquence, les traites mensuelles sont 45 % plus élevées que l’année dernière. Cela signifie aussi que la capacité d’emprunt des personnes souhaitant acheter une maison a fortement baissé.

Par exemple, la capacité d’emprunt est inférieure de 33 % entre un taux de 2 % ou de 5.5 % sur trente ans. Dans ce scénario, les prix immobiliers n’ont d’autre choix que de baisser de 33 %.

(On ne peut pas éternellement diviser des appartements en deux pour vendre des logements plus petits mais dont le prix du mètre carré ne baisse pas…).

En somme, la hausse de la quantité d’argent dans l’économie va ralentir vu qu’environ 60 % de la masse monétaire provient à l’origine des emprunts immobiliers. C’est l’effet recherché par les banques centrales. La réduction de la quantité de monnaie injectée dans l’économie va peser sur la demande globale, et donc l’inflation.

Il faut maintenant dire deux choses. Premièrement, est-ce que les gouvernements vont creuser davantage leurs déficits ? Auquel cas la demande et donc l’inflation risquent de ne pas se tasser… Eh bien probablement puisque la ministre de l’Économie italienne vient d’annoncer 13.3 milliards d’euros de chèques énergie. Même stratégie en France.

Deuxièmement, Christine Lagarde l’a dit : « Une grande part de l’inflation tient de facteurs que les banquiers centraux ne peuvent pas contrôler ».

L’un de ces facteurs étant que « la guerre en Ukraine a fait monter les prix de l’énergie et des denrées alimentaires », a-t-elle déclaré sur le blog de la BCE. En effet, le surenchérissement du gaz a quasiment multiplié par trois le prix des engrais azotés. De très mauvais augure pour l’inflation des produits alimentaires au cours des prochains mois.

La question que l’on peut donc se poser est la suivante : Est-ce que remonter les taux incitera la Russie à offrir plus de gaz au marché européen ? Pas vraiment. Seul un accord de paix pourrait inciter le Kremlin à rouvrir les vannes. Peut-être.

Par ailleurs, il reste la question du pétrole. Le fait que la Russie ait réduit sa production ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Nous avons très probablement passé le pic de pétrole en 2019. La production va désormais ressembler à un plateau ondulant, avant de chuter de plus en plus vite…

En d’autres termes, il n’est pas certain que remonter les taux sera suffisant pour faire baisser les prix. À moins de les remonter très haut, ce qui se traduira par une récession. À vrai dire, nous sommes déjà en récession. Ça manque de gaz…

Tout cela pour dire que le cocktail (récession + hausse des taux) va faire chuter bourse et que le resserrement de la politique monétaire de la BCE pourrait bien se révéler peu efficace contre l’inflation.

Alors où mettre son argent ? Dans ce qui est intrinsèquement la plus certaine et la plus liquide réserve de valeur au monde : bitcoin, tout simplement.

En parlant de banque centrale, la FED devrait aussi remonter son taux directeur ce mercredi. Probablement une nouvelle hausse de 0.75 %. Soit un taux directeur à près de 2 %.

Il faut donc s’attendre à ce que le taux de change EUR/USD continue sa décrue et exacerbe l’inflation vu que les matières premières que nous importons sont libellées en dollar. La baisse de l’euro pourrait toutefois s’estomper si le ministre des Affaires Étrangères russes dit vrai. M. Lavrov n’a pas fait dans la dentelle devant les 22 États de la ligue arabe ce lundi 25 juin :

« Nous sommes au début de changements très sérieux […]. De nombreux pays réfléchissent à régler leurs échanges commerciaux dans une autre monnaie que le dollar. De plus en plus de pays s’orientent vers l’utilisation de leur monnaie nationale. […] Nos échanges commerciaux [avec la ligue arabe] augmentent de manière significative. Ils ont atteint 20 milliards de dollars. Peut-être que la prochaine fois, nous compterons dans une autre monnaie, et pas en dollars. »

Nous n’avons jamais été aussi proche de l’avènement du bitcoin en tant que monnaie de réserve internationale. Apatride, non censurable, non dévaluable et transférable gratuitement, le bitcoin arbore tous les attributs nécessaires pour s’imposer dans le monde multipolaire qui émerge.

L’ambassadeur du bitcoin Samson Mow, ex-CTO chez Blockstream, a d’ailleurs révélé début juillet que les Saoudiens sont intéressés. Pétrobitcoin…

Pour le moment, BTC/USD a du mal à s’affranchir des 24 000 $, mais GlassNode est de plus en plus optimiste.

Résumé hebdomadaire de l’analyse On-Chain de GlassNode

L’analyse On-Chain n’est pas une boule de cristal. Il n’y a probablement pas de meilleur indicateur que la simple évolution des volumes de transaction pour détecter un bull run. D’ailleurs, soulignons que les volumes suivent toujours une trajectoire exponentielle :

Bitcoin network value transferred
Montants annuels transférés en Bitcoin (Plus de 17 000 milliards $ alors que nous ne sommes qu’en juillet et que la valeur du BTC est en baisse de 70 %)

Cela étant dit, l’intuition des analystes d’expérience de GlassNode n’est certainement pas vide d’intérêt pour les traders.

« La dynamique à court terme suggère une poursuite de la hausse, à condition que le Realized price puisse continuer à supporter le cours », est-il écrit en conclusion du rapport. « À long terme, la dynamique suggère que le pire de la capitulation pourrait être terminé ».

Le « Realized price » est le prix moyen auquel l’ensemble des bitcoins ont changé de main pour la dernière fois.

Chaque barre du graphique suivant indique la quantité de bitcoins ayant changé de mains dans telle ou telle fourchette de prix. Nous pouvons observer que beaucoup de BTC ont été fraîchement obtenus (barres rouges) autour des seuils psychologiques de 40 000 $, 30 000 $ et 20 000 $ :

Reealized Price distribution
Distribution des prix auxquels tous les BTC ont été échangés pour la dernière fois

GN note que « la région des 20 000 dollars a attiré un grand nombre d’acheteurs ». Cette redistribution des BTC a fait baisser le Realized Price sous le prix spot du BTC. Ce qui est une bonne nouvelle puisque cela signifie une augmentation du nombre de détenteurs de BTC affichant un profit latent. Plus nous nous éloignerons du Realized Price, et plus nous serons proches du prochain bull run.

Cet autre graphique est très intéressant. Il compare l’évolution actuelle du prix du bitcoin et du Realized Price (en pointillés) avec les précédentes transitions entre bear et bull market :

Realized Price Bitcoin

Concluons en prédisant qu’un nouveau plus haut d’ici au premier août serait vraiment constructif. Si seulement M. Musk ne passait pas son temps à trahir les bitcoiners…

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Nicolas T.

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