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La BCE range sa planche à billets, soi-disant...

jeu 09 Juin 2022 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.

Face à l’inflation, la banque centrale européenne a finalement décidé de ranger sa planche à billets et de relever son taux directeur de 0.25 %… en juillet.

La BCE rehaussera son taux directeur…le mois prochain

Christine Lagarde a déclaré que « l’inflation annuelle s’est encore accélérée, pour atteindre 8,1 % au mois de mai ». « Les prix de l’énergie des produits alimentaires ont respectivement augmenté de 39,2 % et de 7,5 % sur un an, […] reflétant en partie l’importance de l’Ukraine et de la Russie parmi les principaux producteurs mondiaux de denrées agricoles ».

Dans ses dernières projections économiques trimestrielles, la BCE table sur un taux d’inflation annuel de 6,8 % en 2022, puis 3,5 % en 2023 et 2,1 % en 2024.

La BCE prévoit que la « modération du prix de l’énergie, l’atténuation des perturbations de la chaîne d’approvisionnement liées à la pandémie et la normalisation de la politique monétaire devraient entraîner une baisse de l’inflation ».

Il va sans dire que ces projections ne sont pas raisonnables. Ce qui n’est pas nouveau. Les prévisions de la BCE sont effectivement régulièrement très, très éloignées de la réalité, comme vous pouvez l’apprécier sur le graphique suivant :

HIPC and ECB staff projections
En pointillés : Les projections d’inflation passée de la BCE s’étant révélées loin du compte / En bleu fonçé : La véritable trajectoire de l’inflation

Pour la BCE, « l’agression injustifiée de la Russie contre l’Ukraine continue de peser sur l’économie en Europe et au-delà ». « Elle perturbe le commerce, entraîne des pénuries de matériaux et contribue à la hausse des prix de l’énergie et des matières premières. »

Certes, mais il faudrait également préciser que les gouvernements de la zone euro ont augmenté leur dette de 23 % en l’espace d’un peu plus de deux ans. Cela représente une augmentation colossale de la quantité d’argent en circulation.

Concrètement, les caisses sont vides. L’Europe n’a plus vraiment les moyens de se payer son train de vie. La planche à billets de la BCE permet de perpétuer la fuite en avant. Mais qu’on se le dise, cette inflation est en vérité un impôt inévitable lié au fait que nous n’arrivons plus à générer la croissance nécessaire au remboursement de nos dettes.

Probablement que Pékin instrumentalise la psychose Covid pour perturber la chaîne d’approvisionnement. Et sans doute que la guerre bien cherchée en Ukraine explique la hausse des prix alimentaires. Mais il faut regarder choses en face. Nous atteignons les limites de la croissance et le vieux continent qui importe près de 60 % de son énergie vit au-dessus de ses moyens.

Bref, les États vont devoir se serrer la ceinture vu que la BCE vient d’annoncer la fin des « rachats d’actifs » à compter du 1er juillet 2022. Ces « actifs » étant bien entendu les dettes des États de la Zone Euro.

Cela dit, le bilan gargantuesque de la BCE ne baissera pas. Soit dit en passant, la réponse de la présidente de la BCE il y a deux semaines à propos du bilan de la BCE restera dans les annales :

« Le bilan de la BCE dépasse les 8000 milliards d’euros. Est-ce que cela ne ressemble pas à ce que vous avez dit à propos des cryptomonnaies ? Est-ce que le bilan de la BCE n’est pas également une gigantesque bulle ? Ce graphique n’est-il pas angoissant ? […] Pouvez-vous dormir la nuit quand vous voyez ça ? Bien sûr que je dois dormir la nuit. (en prison, direct). »

Non, le bilan de la BCE ne reculera pas. La BCE va continuer d’acheter de la dette pour s’assurer que son bilan stagne. Si elle ne le faisait pas, son bilan diminuerait à mesure que les dettes rachetées sont remboursées par les États.

Concrètement, la quantité de monnaie centrale détenue par les banques privées ne baissera pas.

Tous les taux directeurs de la BCE seront rehaussés de 0.25 % au mois de juillet. La prochaine hausse de taux devrait avoir lieu en septembre. Autant dire que la BCE prend son temps comparé à banque centrale américaine qui a déjà rehaussé son taux de 0.75 %, et qui pourrait l’augmenter de 0.50 % supplémentaire dès mercredi prochain.

Il y a donc de bonnes chances que le taux de change EUR/USD reste orienté à la baisse. Ce qui aggravera l’inflation importée. Christine Lagarde a d’ailleurs de nouveau concédé que les hausses de taux ne feront pas baisser l’inflation, tout du moins pas tout de suite.

En revanche, les bulles immobilière et boursière devraient se dégonfler. Parallèlement, le bitcoin qui a probablement touché son bottom ronge son frein.

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Nicolas T.

Le Bitcoin est une éruption d'énergie chiffrée incensurable se diffractant aux quatre coins d'un monde en ébullitions géopolitique et inflationniste. Je vous tiens au courant.

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