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Combat de coqs, une autre manière de comprendre le bitcoin (BTC) ?

dim 26 Juin 2022 ▪ 12 min de lecture ▪ par Mikaia A.

Certes, le marché des cryptomonnaies est en crise, on parle même d’un « hiver crypto », mais pas question de laisser ces actifs en hibernation. On spécule gratuitement sur une mort imminente du bitcoin et des NFT, alors que l’histoire nous a fait de merveilleux cadeaux à travers ces derniers. L’un d’entre eux est la dynamique sociale engendrée par les actifs cryptographiques. Petit plongeon dans cet étage peu exploré des cryptomonnaies et incursion dans le combat de coqs balinais pour une analogie des deux mondes.

Comprendre le bitcoin par le combat de coqs

Combat de coqs à Bali, plus qu’un jeu d’argent

À Bali comme à Haïti ou à Madagascar, le combat de coq serait une pratique culturelle héritée des asiatiques. Raison pour laquelle nous nous concentrerons spécialement sur le cas des Balinais dans ce billet.

Car Bali héberge de vrais amateurs de combats de coq, de vrais passionnés qui osent défier la loi afin de perdurer cette culture, et par la même occasion, gagner de l’argent.

À Bali, le combat de coqs se résume comme suit : deux coqs mâles se combattent avec ou sans éperon métallique (tadji) fixé à une jambe. Habituellement, ces combats organisés dans une arène regroupent des gens soutenant les belligérants. Et s’ils déploient leur patience sur ces lieux, ce n’est pas pour le plaisir de voir des coqs s’affronter : il y a des paris d’argent derrière chaque combat de coq ou tetadjen. Et c’est ce qui a poussé certains pays comme Bali à réprimer la pratique.

À Bali, le choix d’adversaire constitue une étape très importante dans cette pratique culturelle. Loi de l’omerta oblige, les propriétaires de coq cherchent discrètement et calmement leur adversaire. Une fois les accords établis, les préparatifs terminés (fixation du tadji), il ne reste plus qu’à attendre le coup de gong.

Dans un combat de coqs, on notera certainement la circulation d’argent, l’afflux de gens de couches différentes, et aussi la présence de régulateurs. Tel est le cas des arbitres qui « sont en fait à la fois juges, rois, prêtres et agents de police ».

Mais il ne faut pas oublier que derrière se trouve des éléments socioculturels non moins intéressants comme :

  • les paris : le pari singulier (toh kentengah) et le pari collectif (coalition derrière les propriétaires de coqs) ;
  • l’identification au coq : c’est un penchant observable chez les amateurs de combat de coqs, notamment la gent masculine qui l’affectionne ;
  • le préambule d’un sacrifice : car l’appétit des démons balinais s’apaise avec le sang versé au cours d’un combat de coqs ;
  • le tissage d’un lien entre les villages : et peut aller jusqu’à résoudre les conflits tant individuels que collectifs.

Que signifie le combat de coqs balinais ?

Les anthropologues comme Geertz, qui se présentent comme une communauté de chercheurs pro-bitcoin, se sont intéressés au combat de coqs depuis des lustres. Pour eux, le cas de Bali semble très intéressant, car il recèle des éléments très profonds.

Comme évoqué ci-haut, l’affrontement de volailles permettent aux gens l’identification à un groupe ou encore l’affirmation d’un attachement aux valeurs et croyances culturelles. S’ajoutent à cela la gestion du prestige au quotidien, la création d’émotions, la résolution de conflits sociaux, etc.

Explications :

« Ce dont le combat de coqs nous parle, c’est de relations sociales entre différents rangs sociaux. Ce qu’il en dit, c’est qu’elles sont affaire de vie et de mort. Il est le fruit de la réflexion des Balinais sur leur propre violence, absente de la vie quotidienne, mais qui hante d’une manière ou d’une autre l’esprit humain : sur ce dont elle a l’air, ses procédés, sa force et la fascination qu’elle exerce. À travers le combat de coqs, les Balinais nous racontent une histoire sur eux-mêmes. »

D’ailleurs, les combats de coqs balinais tirent leur pertinence sociologique dans l’organisation d’affrontement d’oiseaux domestiques entre des membres de groupes familiaux ou villages. Il est dans leur intérêt de ne pas parier contre leur propre famille ou village. Non seulement, ces paris mettent en jeu l’argent, mais aussi ils affirment l’autorité d’une famille.

Néanmoins, il faut note que les Balinais accordent aux combats de coqs d’autres fonctions comme la réaffirmation de leurs valeurs culturelles : on y exprime notamment sa colère

Geertz explique :

« Ce qui fait la profondeur du combat de coqs à Bali, ce n’est pas l’argent en soi, mais ce que l’argent engendre : la migration de la hiérarchie du statut balinais dans le corps du combat de coqs. »

Le fait que les membres d’une communauté quelconque s’impliquent dans le jeu renvoie aussi d’autres significations et valeurs réelles du combat de coqs.

N’empêche que ce sport connait aussi la présence de spéculateurs qui se contentent de parier sans tenir compte de l’engagement de cette première catégorie de personnes. Ceux-ci intègrent un autre classement que même les Balinais n’approuvent pas dans cet environnement. Ils n’hésitent pas à les traiter d’« imbéciles qui ne comprennent pas ce qu’est ce sport, des idiots qui passent tout simplement à côté du but de tout cela ».

Source : Facts of Indonesia

Analogie avec le bitcoin

Le côté pari souvent mis au centre du combat de coqs sera le premier à être considéré comme un point de ressemblance avec le bitcoin. Car la reine des cryptomonnaies était considérée, dans les années 2017, comme une déclinaison de jeu d’argent. Ce qui fait que des spéculateurs gravitent autour de cet écosystème. Loin d’eux l’idée d’agir comme les familles ou membres de groupe balinais. Sauf qu’ils ont le pouvoir d’influer sur la valeur actuelle des cryptomonnaies, parallèlement aux vrais investisseurs.

Dire que ces spéculateurs, souvent à l’origine d’un système de Ponzi, nuisent efficacement à l’image des cryptos en général. À ceux-là s’ajoute des hackers comme Lazarus Group, qui s’activent constamment pour le siphonner l’argent des investisseurs comme Shane Rochmann.

Heureusement qu’on a encore la « communauté Bitcoin », le pilier de cet univers pas très facile à saisir. Cette communauté est non seulement hétérogène, mais se renforce par le biais de rencontres physiques et virtuelles organisées fréquemment. Certes, on les agresse souvent, mais leurs répliques sont aussi percutantes sur Reddit, Twitter, Telegram ou encore Bitcointalk.org.

La communauté Bitcoin peut être associée à l’assistance d’une arène de combat de coqs. Au centre de cette infrastructure se trouvent les cryptomonnaies, et dans les périphéries, les détenteurs, ainsi que les spéculateurs.

Les cryptomonnaies, même si elles s’effondrent comme l’UST, font toujours l’objet de discussions. Ces dernières peuvent revêtir un niveau technique sans pour autant se dépérir de leurs valeurs et des croyances culturelles qui leurs sont associées. Or, ces discussions ne s’arrêtent pas entre les membres de la communauté crypto. Elles peuvent également s’étendre vers les institutions comme les banques centrales. La présidente de la BCE ou celui de la FED font partie des représentants institutionnels qui monopolisent la parole ces derniers temps.

Et si vous voulez avoir une idée d’analogie pour les éperons métalliques, prenez les memes. Ces derniers imitent des fois des batailles sanglantes entre les no-coiners et les believers. Les thèmes qui en dégagent évoquent parfois des croyances et des valeurs propres à une communauté donnée.

Comme croyance, n’oubliez pas que beaucoup soutiennent que le bitcoin, par exemple, représente l’avènement d’un monde où régnera la décentralisation. Le bitcoin serait le garant de la disparition, ou pour le moment la dépréciation du système financier classique, promouvant l’inflation, l’irresponsabilité des banques centrales ou encore l’inégalité.

Bravo Satoshi Nakamoto !

Centralisation vs Décentralisation

Bitcoin rime avec liberté

Comme les amateurs de combat de coqs n’écartent pas les intérêts financiers dans ce sport, les investisseurs en bitcoin acceptent aussi l’existence d’une forme de spéculation sur le prix de cet actif. Comme indiqué par son créateur, le BTC accorde une fonction de rareté à cet argent numérique disruptif. Ce qui fait que les gens accourent pour détenir du BTC dans leur wallet et en faire des avoirs à garder sur le long terme.

Or, les valeurs et les croyances ne sont pas perçues de la même manière au sein de la communauté crypto. Ce qui motive la pratique du hodling ou la spéculation. Les hodlers ont un motif culturel et philosophique à observer, ils pourront incarner le cœur de la communauté bitcoin. Ils achètent régulièrement des BTC en dépit des hausses ou des chutes de leur prix.

Ce ne sont aux hodlers qu’on apprendra la question de volatilité des cryptomonnaies. Eux, ils espèrent que ces actifs ne s’effondreront jamais, leurs valeurs connaîtront un sommet historique sur le long terme. Une situation que le bitcoin a souvent connue courant 2021.

Bref, leur attachement au bitcoin est tout ce qu’il y a de plus profond.

Hors du cœur du bitcoin, il y a les spéculateurs qui considèrent le bitcoin comme un moyen d’accumulation de richesses. Une pratique que Diogène le Cynique n’approuve pas, car relève du plaisir sensible, et garantit corolairement de la douleur.

Les spéculateurs, peu appréciés par les vrais amateurs de combats de coqs de Bali, n’attendent que l’envolée des prix du BTC pour pouvoir vendre et s’offrir des choses luxueuses. Une pratique que les vrais hodlers ne feront pas, vu qu’ils se sont engagés sur le long terme et qu’ils ont compris la vraie signification du bitcoin.

Le bitcoin, n’est-il pas un outil révolutionnaire ?

Attention, les spéculations avec des bitcoins ne concourent pas à une identification à un groupe aspirant à un ordre mondial plus juste, plus décentralisé et égalitaire. Mais avouons-le, la fin de la spéculation sur les cryptomonnaies est une utopie. Comme les spéculateurs autour des arènes de combats de coqs ne disparaîtront pas de la circulation, il faut s’attendre à côtoyer ce genre de personnes tant que ces pratiques existent. Malheureusement, la cupidité ne pourra pas s’extirper de la vie humaine.

À Bali, les combats de coqs sont réels, comme l’argent qui circule tout autour de ce sport. Dans notre quotidien, il y a une tendance à dire que le bitcoin n’existe pas, qu’il ne mérite pas cette attention que beaucoup d’Américains, de Français ou d’Européens, voire des Africains, lui accordent en ce moment. Ces gens ont-ils oublié les questions philosophiques, politiques et financières associées au bitcoin en tant qu’argent qui garantit la souveraineté d’un individu ?

Sources : Medium ; Bali Authentique

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Mikaia A.

La révolution blockchain et crypto est en marche ! Et le jour où les impacts se feront ressentir sur l’économie la plus vulnérable de ce Monde, contre toute espérance, je dirai que j’y étais pour quelque chose

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