Un mineur solitaire remporte 350 000 dollars en validant un bloc Bitcoin
Tandis que le mining de Bitcoin semble désormais réservé aux mastodontes industriels équipés d’ASIC surpuissants, un exploit improbable vient défier cette logique. Un mineur solitaire, armé de seulement 2,3 PH/s, a décroché un bloc à lui seul via Solo CK, empochant environ 350 000 dollars. Cette prouesse statistique quasi impossible rappelle les débuts plus ouverts du réseau. Dans un écosystème de plus en plus centralisé, cette victoire isolée ravive la question fondamentale : le réseau Bitcoin est-il encore accessible aux indépendants ?
En bref
- Un mineur indépendant a validé seul un bloc Bitcoin, empochant 3,173 BTC, soit près de 350 000 dollars.
- L’exploit a été réalisé via Solo CK Pool, une plateforme de minage non centralisée avec seulement 2,3 PH/s de puissance.
- Selon l’administrateur du pool, les chances de réussite étaient d’environ 1 sur 2 800 par jour, soit une victoire statistique tous les 8 ans.
- Malgré son aspect exceptionnel, cet événement relance le débat sur la viabilité du mining solitaire face à l’industrialisation croissante du secteur.
Un exploit chiffré : le bloc 903 883 frappé au hasard
Pendant que la demande en bitcoin plonge de 895 000 BTC, jeudi soir, un mineur indépendant opérant via Solo CK Pool a réussi à valider le bloc n° 903 883 du réseau Bitcoin, décrochant une récompense de 3,173 BTC, soit 349 028 dollars.
L’événement a été rendu public par le Dr. CK, développeur et administrateur du pool, qui a salué l’exploit sur X : « Félicitations au mineur bc1q~9sj3 avec 2,3 PH pour avoir résolu le bloc numéro 301 ». Selon lui, « un mineur de cette taille a environ 1 chance sur 2 800 de valider un bloc chaque jour, ce qui représente en moyenne une victoire tous les 8 ans ».
Ce résultat renseigne sur le caractère extraordinairement improbable d’un tel événement. Pour mieux comprendre les rapports de force en jeu, quelques chiffres essentiels permettent de mesurer l’écart abyssal entre le mineur solitaire et les grands acteurs du secteur :
- La puissance de calcul du mineur gagnant : 2,3 PH/s (pétahashes par seconde), soit 0,00026 % du hashrate total estimé à 881 EH/s ;
- Une comparaison avec Foundry USA (le pool ayant miné le bloc précédent) : 2,3 PH/s équivalent à 0,000847 % de son hashrate de 271,7 EH/s ;
- La récompense obtenue : 3,173 BTC, intégrant la récompense fixe du protocole et les frais de transaction ;
- L’outil utilisé : Solo CK Pool, un service sans but lucratif qui prélève 2 % de frais, mais permet aux mineurs isolés d’agir sans infrastructure lourde.
Le mineur chanceux n’est pas affilié à un pool traditionnel, mais opère en toute autonomie via cette plateforme, qui rend possible le solo mining en réduisant la barrière technique.
Toutefois, ces tentatives restent statistiquement vouées à l’échec, tant la concurrence industrielle est aujourd’hui écrasante. Cette réussite isolée constitue donc une anomalie mathématique plus qu’un modèle économique viable.
Une lueur d’espoir ou un mirage statistique dans un réseau industrialisé ?
Ce succès isolé survient dans un contexte d’ultra-concentration du mining. Aujourd’hui, la majeure partie des blocs Bitcoin sont validés par une poignée de pools industriels, comme Foundry USA, Antpool ou Binance Pool.
Le mining solitaire, longtemps considéré comme obsolète, ressurgit ici comme un clin d’œil aux origines du réseau. Pourtant, ces coups d’éclat restent rarissimes. Le dernier bloc trouvé par un utilisateur de Solo CK remonte à quatre semaines, avec une récompense similaire de 3,15 BTC. Avant cela, il avait fallu patienter trois mois pour observer un autre succès sur cette même plateforme.
Le fondateur d’Optiminer, Scott Norris, rappelle que le mining en solo est assimilable à un jeu de hasard : « C’est comme jouer à la loterie », souligne-t-il. Les chiffres lui donnent raison.
Depuis 2014, les utilisateurs de Solo CK ont cumulé environ 5 222 BTC, soit environ 594,9 millions de dollars selon les prix actuels, un total largement constitué de victoires uniques et non d’une stratégie viable à long terme. D’autant que la complexité du réseau ne cesse de croître : le hashrate a bondi de 46 % en un an, rendant chaque tentative de plus en plus improbable.
À moyen terme, ces anecdotes peuvent nourrir un imaginaire autour d’un bitcoin plus accessible, mais elles ne constituent pas une alternative durable à la puissance industrielle actuelle. Elles rappellent toutefois que, malgré les rapports de force déséquilibrés, l’architecture ouverte du réseau permet encore à un acteur isolé de perturber l’ordre établi, ne serait-ce que le temps d’un bloc. Un symbole fort dans un écosystème souvent critiqué pour sa centralisation croissante.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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