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Un « Ordinal Punk » vendu pour 9.5 BTC

ven 10 Fév 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.

Pendant que pro et anti-ordinaux se lancent des piques, l’espace squatté par les Bitcoin NFT représente désormais plus de 500 Mo.

ordinal

Un ordinal, des ordinaux

Bitmex révèle que 13 000 transactions ont été utilisées pour créer des NFT dans la blockchain Bitcoin. L’espace occupé par ces transactions volumineuses représentait déjà 526 Mo le 7 février.

Soit l’équivalent de 131 blocs remplis à ras bord, ou encore 24 h de fonctionnement du réseau Bitcoin. Le graphique suivant représente le nombre d’ordinaux par bloc :

Nombre d'ordinals par bloc
Source : BITMEX

Ces 13 000 ordinaux ont rapporté 6.77 BTC en frais de transaction depuis le 14 décembre, date de la création du premier ordinal. Soit 0.0001 % des récompenses ayant rapporté plus de 50 400 BTC dans le même temps.

Les fees d’ordinaux restent toujours de l’ordre de la marge d’erreur (0.07 %) si l’on commence la comparaison le 28 janvier, lorsque les ordinaux se sont vraiment envolés.

En tout, les fees de l’ensemble des transactions (y compris celles des ordinaux) ont rapporté 200 BTC entre le 28 et le 07 février. Dit autrement, les fees d’ordinaux ont représenté 3.4 % du total.

Autant dire que nous parlons de l’épaisseur du trait et que les ordinaux ne seront pas une manne digne d’intérêt pour les mineurs.

Au fait, comment ça marche les ordinaux ?

Les ordinaux intègrent des données liées à un fichier (n’importe quoi, mais le plus souvent un Jpeg) dans la blockchain du Bitcoin. Ils utilisent pour ça un espace offert par les transactions Taproot, le « witness ».

Ces transactions Taproot bénéficient d’une part de la mise à jour SegWit de 2017 ayant multiplié par quatre la taille des blocs (4 Mo). En d’autre part du fait qu’il n’y a pas de limite quant à la taille d’une transaction Taproot.

En clair, la taille des données arbitraires qui s’insèrent dans le witness d’une seule transaction peut théoriquement atteindre 4 Mo.

Bitmex souligne qu’il existe « une riche histoire d’intégration de toutes sortes de données étranges dans la blockchain » avant Taproot. Mais l’exercice est devenu beaucoup plus facile avec Taproot. Pour le pire ou le meilleur.

Les données des ordinaux se trouvent dans la section OP_IF et OP_PUSH des transactions Taproot.

Rendez-vous notre article « La Controverse des ordinaux » pour une explication de SegWit, Witness, Taproot et les ordinaux en termes simples.

« Bitcoin, a Peer-to-Peer electronic Jpeg system »…

Le débat de fond derrière les ordinaux ne date pas d’hier. Il fit irruption dès 2013 lors de la création de la section OP_RETURN.

La raison de la création de la section OP_Return n’est pas importante. Mais le fait est qu’il était possible d’y insérer des données arbitraires. On autorisa qu’elles puissent remplir jusqu’à 10 000 octets.

Cette « faille » fut rapidement exploitée pour réaliser une transaction comprenant les paroles de la chanson de 1987 « Never Gonna Give You Up » dans sa section OP_Return.

Le problème fut réglé par une mise à jour réduisant la taille de l’OP-Return à 80 octets. Le développeur Bitcoin Core Jeff Garzik dira à l’époque :

« À ce jour, je n’ai jamais vu de déversement de données dans la blockchain qui ne puisse être remplacé en toute sécurité par un simple hash. […] Il ne faudra pas s’étonner si l’utilisation [de l’espace OP_Return] à d’autres fins que celles prévues a des conséquences négatives, peut-être involontaires ou inconnues. Les opérations de Counterparty [un projet visant à squatter l’espace Op_Return] ne sont pas « conformes au protocole bitcoin ». Elles passent au travers des mailles parce qu’il n’a jamais été prévu que l’OP_Return soit utilisé de cette façon. »

Taproot ravive ce vieux débat en permettant de nouveau d’insérer des données arbitraires dans la blockchain. Et non plus 10 000 octets, mais 4 millions d’octets…

La controverse

Certains estiment qu’apporter son soutien aux ordinaux revient à soutenir les NFT. Or, personne ne peut nier leur redoutable efficacité pour arnaquer les gens…

À ce titre, notez qu’un ordinal punk vient déjà de se vendre pour 9.5 BTC. Ou devrait-on dire : « la même personne s’est achetée ce punk pour 9.5 BTC en espérant déclencher un jeu de chaises musicales ponzien ».

Personne ne l’explique mieux que Michael Saylor :

L’espace quasiment gratuit qu’occupent les ordinaux égratigne aussi la décentralisation. La raison étant qu’il faut plus d’espace disque pour un full node.

D’autres estiment que Taproot est un prérequis pour entretenir l’innovation. Ce qui est vrai, surtout pour réaliser des timestamps en tout genre.

Mais doit-on supporter des NFT en attendant qu’un usage véritablement intelligent de l’espace des blocs émerge ?

Probablement pas. Mais c’est ainsi. Alors que les uns appellent à filtrer ce qu’ils estiment être du spam malvenu, d’autres brandissent l’argument de la censure.

Tout cela étant dit, ne doutons pas que cette discorde finira par se tasser démocratiquement. Tel est, au fond, l’essence du Bitcoin : une démocratie directe et anarchique.

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Nicolas T.

Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".

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