Un portefeuille Bitcoin vieux de 14 ans transfère 8,6 milliards de dollars

Le 4 juillet 2025, un portefeuille Bitcoin resté inactif depuis 2011 a brusquement bougé 80 000 BTC, soit 8,6 milliards de dollars. L’opération, éclipsant tous les précédents records, intrigue autant qu’elle fascine. Aucun mot, aucune annonce, juste un mouvement massif capté par la blockchain. À la fois rare par son volume et exceptionnel par l’ancienneté des fonds, ce geste d’un détenteur anonyme interpelle sur les dynamiques cachées du marché et les intentions des grandes baleines.

Une transaction record dans l’histoire du bitcoin

Tandis que le bitcoin vient de franchir à nouveau le cap des 109 000 $, vendredi matin, en l’espace de quelques heures seulement, une entité anonyme a déplacé 80 000 BTC, répartis en blocs de 10 000 BTC, soit environ 1 milliard de dollars par tranche, selon les données de la société d’analyse blockchain Arkham Intelligence.

https://twitter.com/arkham/status/1941155893049217416

Ces fonds, dormants depuis 2011, proviennent de « transactions coinbase », les premières transactions d’un bloc miné, typiques des récompenses attribuées aux mineurs. Le transfert a commencé tôt le matin (heure de New York), avec l’ensemble des fonds déplacés vers de nouvelles adresses.

Julio Moreno, directeur de la recherche chez CryptoQuant, a affirmé : « Il s’agit du plus grand mouvement quotidien de pièces âgées de 10 ans ou plus dans l’histoire du bitcoin ». Ce record pulvérise la précédente référence, un transfert de 3 700 BTC d’une autre baleine de longue date, jugé pourtant exceptionnel à l’époque. Un autre analyste de CryptoQuant, J.A. Maartun, a souligné sur X (ex-Twitter) : « En huit ans d’analyse du bitcoin, je n’ai jamais vu quelque chose de semblable ».

https://twitter.com/JA_Maartun/status/1941136282811351513

Si l’identité du détenteur reste inconnue, plusieurs éléments orientent les analystes vers un mineur précoce, actif dans les premières années du réseau. Ces BTC ont été générés à une époque où l’actif valait moins d’un dollar et où le minage était encore une activité artisanale, loin de l’industrialisation actuelle. L’entité en question semble faire partie des tout premiers bâtisseurs du réseau.

Selon Conor Grogan, directeur chez Coinbase, ce portefeuille appartenait à une adresse ayant détenu jusqu’à 200 000 BTC, ce qui représente :

• 21,5 milliards de dollars au pic de sa valorisation ;
• Un classement dans le top 5 des plus grands détenteurs de BTC au monde ;
• Une implication dans l’écosystème bien avant l’arrivée des acteurs institutionnels.

Même si certains évoquent la piste d’une entité collective ou d’une entreprise active à l’époque, les experts estiment que la période de mining, bien antérieure à l’ère des fermes industrielles, penche davantage en faveur d’un OG miner, un individu pionnier de la première heure.

Des mouvements lourds de conséquences pour la psychologie des investisseurs

Ce transfert massif ne s’est pas opéré dans un vide. Le prix du bitcoin, déjà en léger recul depuis son sommet historique de 111 814 $ en mai, cotait 107 895 $ au moment du mouvement, accusant une baisse de près de 2 % sur 24 heures.

Ces grandes manœuvres alimentent naturellement la crainte d’une vente imminente, une inquiétude bien connue des investisseurs, car les mouvements de baleines sont souvent perçus comme des préludes à une pression baissière. Dans un marché aussi sensible à la liquidité et à la psychologie que celui de la crypto, une telle transaction, même sans vente effective, suffit à peser sur le moral des marchés.

De plus, CryptoQuant souligne par ailleurs une tendance de fond : « La croissance de la demande de la part des baleines n’a jamais été aussi forte ». Autrement dit, même si certains grands détenteurs prennent des décisions stratégiques comme celle observée vendredi, d’autres, peut-être les mêmes, continuent d’accumuler ou de repositionner leurs actifs avec agressivité. Ce qui laisse entendre que la transaction pourrait tout autant signaler un arbitrage, une réorganisation de portefeuille ou un transfert de garde, qu’une volonté de vente.

Ce déplacement inédit renseigne sur un fait souvent occulté par l’actualité brûlante des ETF, des régulations et de l’adoption institutionnelle : le réseau Bitcoin reste profondément marqué par les détenteurs historiques, ceux qui ont cru, et miné, avant même que le grand public n’en connaisse le nom.

Le réveil d’un portefeuille inactif depuis 14 ans agit ici comme une piqûre de rappel. Il nous montre que les équilibres de pouvoir sur la blockchain ne sont pas toujours visibles et que la mémoire longue du réseau peut ressurgir à tout moment, bouleversant les certitudes du présent.