Une prestigieuse université américaine intègre le Bitcoin dans son portefeuille via l’ETF de BlackRock

Longtemps frileuses face au bitcoin, les universités américaines amorcent un virage discret, mais décisif. Brown University, pilier de l’Ivy League, vient de déclarer une exposition directe à l’ETF IBIT de BlackRock. Une première, révélée dans un dépôt officiel à la SEC, qui pourrait redéfinir les standards d’allocation des fonds de dotation. Pourquoi ce mouvement maintenant ? Quels montants sont en jeu ? Et que révèle ce signal fort envoyé par une institution académique au cœur d’un marché crypto en recomposition ?

Une première exposition crypto pour Brown : les faits et les chiffres

Brown University détient 105 000 parts de l’ETF Bitcoin IBIT de BlackRock. C’est l’information inédite que révèle le dernier rapport réglementaire 13F-HR déposé auprès de la SEC et daté du 31 mars 2025.

Une telle position, absente des précédents rapports trimestriels, représente une valeur initiale de 4,9 millions de dollars, valorisée à environ 5,8 millions de dollars, grâce à la récente remontée du cours autour de 96 000 dollars.

Ce mouvement constitue la toute première incursion de l’université dans les cryptos, via un produit d’investissement régulé, piloté par l’un des plus grands gestionnaires d’actifs au monde.

En effet, la décision s’intègre dans une stratégie d’investissement affirmée et complexe, comme l’indique le rapport de dotation 2024 de l’université :

Aujourd’hui, une équipe de professionnels mène une stratégie diversifiée qui nécessite un haut niveau d’expertise et de compétence en investissement.

Le fonds de dotation de Brown, valorisé à 7,2 milliards de dollars, reste principalement orienté vers des actifs classiques. De plus, l’intégration de l’ETF IBIT s’insère dans cette dynamique de diversification, avec une exposition limitée, mais symbolique au bitcoin. À ce jour, le portefeuille de Brown comprend :

• Des actions cotées sur les grandes places boursières ;
• Des obligations souveraines et d’entreprise ;
• Des investissements privés, qui incluent des startups et fonds de capital-investissement ;
• Des actifs immobiliers et fonciers ;
• Des matières premières ;
• Et désormais, une exposition indirecte au bitcoin via un ETF réglementé.

Cette allocation crypto, qui représente à peine 0,08 % du portefeuille global, reste marginale en valeur relative, mais significative en termes de signal envoyé au marché. Elle témoigne d’une ouverture stratégique à des classes d’actifs jusqu’alors absentes des portefeuilles académiques traditionnels.

Des campus à la crypto : l’écosystème universitaire se tourne vers le bitcoin

Brown University n’est pas une exception isolée. Plusieurs établissements américains ont amorcé ces derniers mois un virage vers les cryptos, souvent dans des configurations très différentes.

L’Université d’Austin (UATX) a ainsi fait le choix, dès mai 2024, d’une dotation dédiée au bitcoin à hauteur de 5 millions de dollars, en partenariat avec la société Unchained. Une approche directe, en dehors des circuits ETF, qui contraste avec celle de Brown.

D’autres, comme Emory University à Atlanta, ont opté pour des véhicules d’exposition plus classiques. Emory détenait ainsi près de 16 millions de dollars en bitcoin via le Grayscale Bitcoin Mini Trust en octobre 2024. Malgré une réduction du nombre de parts dans leur dernier rapport, la valorisation totale est aujourd’hui estimée à 22 millions de dollars, portée par la hausse du cours du bitcoin. L’université détient également plus d’un million de dollars d’actions Coinbase, ce qui illustre un engagement élargi dans l’écosystème crypto.

Ces initiatives témoignent d’une évolution nette dans la perception du bitcoin au sein de la sphère académique. Ainsi, ce qui relevait encore d’un pari marginal tend à devenir une stratégie d’investissement assumée, certes prudente, mais plus affirmée. Contrairement à Brown qui privilégie un ETF géré par un acteur institutionnel, d’autres optent pour une exposition directe ou des véhicules plus volatils, ce qui renseigne sur des différences notables dans l’appétence au risque et les philosophies d’investissement propres à chaque établissement.

À moyen terme, cette diversification des approches pourrait accentuer une normalisation de l’exposition aux cryptos dans les portefeuilles institutionnels universitaires. L’implication croissante des universités dans le bitcoin, que ce soit par des ETF ou par des détentions directes, alimente une dynamique de légitimation. Si l’initiative de Brown reste modeste, elle s’ajoute à un faisceau d’indicateurs qui suggèrent que l’éducation supérieure américaine ne se contente plus d’observer l’univers crypto : elle y entre, lentement mais sûrement, en choisissant ses outils avec méthode.