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8 pays de l’OPEP+ relancent massivement leur production malgré la chute des prix du pétrole

18h00 ▪ 5 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Tandis que les cours du pétrole dégringolent et que la demande reste morose, l’OPEP+ surprend en annonçant une hausse massive de sa production dès juin. Huit membres du cartel rompent avec la prudence récente et ravivent l’incertitude sur un marché déjà sous tension. Derrière ce revirement se dessine un possible tournant géopolitique et économique, entre stratégie de reconquête et prise de risque calculée. Cette décision pourrait bien redessiner les équilibres énergétiques mondiaux.

Huit figures représentant symboliquement 8 pays de l’OPEP+. Certains tirent un levier, d’autres tournent une vanne ou enfoncent un bouton, pour faire jaillir du pétrole.

En bref

  • Huit membres de l’OPEP+, dont l’Arabie saoudite et la Russie, annoncent une hausse massive de la production de pétrole dès juin 2025.
  • Cette augmentation atteint 411 000 barils par jour, soit trois fois plus que les 137 000 initialement prévus.
  • Cette manœuvre pourrait aussi renforcer les relations diplomatiques entre Riyad et l’administration Trump, qui avait réclamé plus de production.
  • À moyen terme, ce changement de cap pourrait raviver une guerre des prix et bouleverser l’équilibre des marchés pétroliers mondiaux.

Une montée en puissance inattendue : l’OPEP+ triple sa cadence

L’annonce a été publiée ce samedi 3 mai 2025. Huit pays membres de l’OPEP+ vont produire dès juin 411 000 barils supplémentaires par jour, soit le même niveau qu’en mai, ce qui balaie d’un revers le plan initial qui n’en prévoyait que 137 000.

Cette décision implique des pays au cœur du cartel comme l’Arabie saoudite, la Russie, le Koweït, l’Algérie ou encore Oman. L’analyste Jorge Leon de Rystad Energy n’a pas mâché ses mots et déclare :

L’OPEP+ vient de lancer une bombe sur le marché pétrolier.

Cette déclaration traduit l’ampleur du choc infligé aux marchés, déjà fragilisés par une demande mondiale en berne.

Les détails du revirement confirment un changement profond d’orientation stratégique du cartel. Là où l’OPEP+ privilégiait jusqu’ici la prudence et les coupes ciblées pour soutenir les prix, elle adopte désormais une politique d’offre agressive, motivée par des enjeux de parts de marché. Voici les points clés de cette réorientation :

  • La quantité concernée : 411 000 barils/jour supplémentaires seront mis sur le marché en juin, soit trois fois plus que les 137 000 initialement prévus ;
  • Les pays impliqués : l’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie, et Oman, dont certains appartiennent à l’alliance des BRICS ;
  • La justification affichée : une volonté de rompre avec une stratégie de rareté qui a prévalu depuis l’accord OPEP+ de 2016.
  • Le contexte du marché : les cours actuels du pétrole sont autour de 60 dollars le baril, niveau historiquement faible pour une telle relance.

Ce tournant intervient dans un environnement déjà sous pression et constitue l’un des gestes les plus marquants du cartel depuis la pandémie de la COVID-19. Le message est clair : les leaders de l’OPEP+ ne veulent plus simplement gérer l’équilibre du marché, ils entendent le reconquérir.

Les objectifs cachés et les équilibres géopolitiques

Au-delà des chiffres, l’initiative porte la marque d’un calcul politique soigneusement calibré. En intensifiant leur production, les pays de l’OPEP+ ne cherchent pas uniquement à inonder le marché. Ils envoient également un message stratégique aux États-Unis, et plus particulièrement à l’administration de Donald Trump.

Cette ouverture massive des vannes répond partiellement à une demande explicite de Washington : « Peu après sa prise de fonction, le président américain avait demandé à l’Arabie saoudite de produire davantage pour faire baisser les cours. » En agissant ainsi, Riyad pourrait espérer renforcer ses relations avec la Maison Blanche et obtenir, en retour, un assouplissement de certaines pressions diplomatiques ou commerciales.

Un autre enjeu sous-jacent, et rarement évoqué publiquement est la gestion des dissensions internes au sein du cartel. Plusieurs experts avancent l’idée que cette augmentation de la production viserait à sanctionner les membres « tricheurs » de l’OPEP+, ceux qui ne respectent pas toujours les quotas.

En augmentant les volumes disponibles sur le marché, les leaders du groupe mettent une pression indirecte sur ces acteurs, les forçant à choisir entre alignement ou marginalisation. Cela pourrait aussi refléter une volonté d’écraser les marges des producteurs qui ne sont pas dans l’OPEP+ en Amérique latine ou en Afrique subsaharienne, moins capables de survivre à des prix plus faibles.

À moyen terme, cette stratégie pourrait profondément rebattre les cartes. En favorisant l’abondance plutôt que la rareté, l’OPEP+ prend le risque d’un effondrement prolongé des cours du brut, un pari dangereux pour des économies largement dépendantes de cette rente. Si les marchés y voient un retour à la guerre des prix, les conséquences pourraient aussi s’étendre aux politiques énergétiques, aux devises des pays producteurs et à la stabilité des marchés émergents. Ce changement de cap aura donc des répercussions bien au-delà du secteur pétrolier. Il pourrait influencer durablement les choix stratégiques des investisseurs, y compris dans l’écosystème crypto, intrinsèquement lié aux marchés mondiaux.

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Luc Jose A. avatar
Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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