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Bitcoin est avant tout un protocole de guerre douce

lun 07 Août 2023 ▪ 15 min de lecture ▪ par Satosh
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Jason Lowery, appelle le gouvernement des Etats-Unis à miner dès que possible du bitcoin, qu’il assimile à une nouvelle course à l’armement, semblable à celle du nucléaire durant la guerre froide. Il explique dans son livre “softwar”, comment Satoshi Nakamoto a permis de résoudre un problème millénaire : celui de contrôler des ressources, sans violence physique. Bitcoin est-il en passe de rendre la guerre obsolète ?

bitcoin dans la jungle

Le Bitpower a une valeur stratégique

« La Seconde Guerre mondiale sera une guerre d’information de guérilla sans division entre la participation militaire et civile », Marshall McLuhan.

Softwar, Jason P. Lowery

L’auteur utilise le terme de bitpower pour faire référence aux quantités d’énergie (watts) converties en bits d’information (physiquement rares, décentralisés et coûteux) à travers la preuve de travail et qui sont transférés dans le cyberespace.

Dans sa thèse, il propose une théorie sur le concept de bitpower lié à des protocoles comme Bitcoin. Celui-ci avance l’idée d’une compétition mondiale de ce pouvoir physique, qui se déroulerait sans que les nations en soient conscientes. Cette compétition se passe dans le cyberespace, un lieu abstrait, où personne ne peut être physiquement blessé.

Bitpower

Bitcoin : infiniment rare tout en étant infiniment évolutif

Bitcoin, présente une caractéristique particulière : sa quantité est limitée, garantissant sa rareté. Cependant, malgré cette limite, Bitcoin est potentiellement infiniment scalable. En effet, il peut accueillir n’importe quel nombre d’utilisateurs et convertir toute quantité d’énergie physique en bits. Cette propriété, qui semble contre-intuitive, s’explique par le fait que Bitcoin est numérique et donc sans masse.

Pour mieux comprendre, je propose de nous pencher sur la corne de Gabriel, un concept provenant des mathématiques. Cette forme géométrique est remarquable en ce qu’elle a un volume fini mais une surface infinie. On l’appelle aussi le paradoxe du peintre, car bien qu’elle puisse théoriquement être remplie d’une quantité fixe de peinture, sa surface ne pourrait jamais être entièrement recouverte, peu importe la quantité de peinture disponible.

Bitcoin, un objet paradoxal.

“Une façon d’exprimer le paradoxe d’avoir un solide de volume fini et de surface infinie est la question suivante : serait-il possible de peindre la surface intérieure de la trompette de Gabriel ? Si on raisonne à partir de la surface, celle-ci étant infinie, l’opération semble impossible : il faudrait une quantité infinie de peinture. Mais d’autre part, il est possible de remplir intégralement la trompette avec un volume fini de peinture, ce qui, a priori, recouvre toute sa surface.”, paradoxe du peintre, Wikipedia

Ce paradoxe illustre le potentiel de Bitcoin : bien que son offre soit limitée (équivalente au volume de la corne), sa capacité à servir un nombre infini d’utilisateurs (sa « surface ») est infinie. C’est ce qui fait sa force et son paradoxe.

Le paradoxe de Gabriel

Les règles codées sur Bitcoin définissent que sa puissance, bien qu’ayant une offre fixe, est capable de s’adapter à un nombre infini d’utilisateurs et de quantité d’énergie physique, tout en étant infiniment divisible.

Un seul bit de puissance généré par le protocole Bitcoin peut représenter une quantité théoriquement illimitée de puissance physique. Ainsi, tout le monde peut accéder à la puissance de Bitcoin, et toute personne qui y accède dispose d’une capacité de projection de puissance physique potentiellement infinie.

On pourrait aussi bien décrire la bitpower produite par le protocole Bitcoin comme des fragments de surface répartis également sur la corne de Gabriel, plutôt que comme une simple « pièce de monnaie ». Pourquoi ? Parce que cela met en lumière les propriétés complexes, paradoxales mais logiques du protocole.

La deuxième propriété émergente, qui mérite d’être soulignée, est que la bitpower de Bitcoin ne peut pas être diluée même si davantage de puissance physique est introduite dans le système. Par conséquent, ceux qui possèdent et contrôlent la bitpower de Bitcoin héritent automatiquement et parfaitement de toute la force de la puissance physique future introduite dans le système.

En gros, vous bénéficiez de l’apport de sécurité du protocole, même si vous n’êtes pas à l’origine de ce surcroît énergétique.

Bitcoin et le paradoxe de la puissance

La combinaison de ces propriétés crée une dynamique qui pourrait conférer à Bitcoin une valeur exceptionnelle en tant qu’actif de cybersécurité. Cette puissance ne peut être diluée par des adversaires à l’avenir, quelle que soit l’ampleur de leur montée en puissance, car : 21 millions de BTC.

Ce schéma illustre la dynamique paradoxale de la façon dont Bitcoin convertit la puissance physique en puissance binaire. La quantité d’énergie physique (watts) consommée par le réseau de Bitcoin peut être visualisée comme un volume en expansion infinie prenant la forme d’un cube.

Le paradoxe de Gabriel

Le protocole de Nakamoto exploite cette énergie en expansion infinie (représentée ici par des cubes bleus) et la convertit numériquement en une réserve d’énergie à volume fixe dont la surface peut s’étendre à l’infini. La partie gauche de cette image illustre l’expansion du volume d’énergie physique puisé de l’environnement par les ordinateurs qui exécutent le protocole de Nakamoto.

En bref, le point clé à retenir de ce concept est qu’une quantité infinitésimale de bitpower peut représenter une quantité infiniment grande de puissance physique pour un nombre illimité d’utilisateurs sans dilution, ce qui lui confère une valeur stratégique potentiellement disproportionnée en tant qu’actif de cybersécurité qui est à la fois infiniment rare et infiniment évolutif. Cela crée un avantage impitoyable pour ceux qui arrivent en premier.

Bitpower pourrait servir de technologie de lutte pour la liberté à l’ère numérique

Bitcoin peut sembler inefficace pour ceux qui ne comprennent pas les intrications de la théorie informatique, de la cybersécurité et de la dynamique du pouvoir agraire. Par conséquent, il peut être difficile de comprendre pourquoi les mineurs sont incités à utiliser de grandes quantités d’énergie pour convertir cette énergie en bits d’information et les utiliser pour la sécurité du protocole.

“Nous pouvons gagner une bataille majeure dans la course aux armements et gagner un nouveau territoire de liberté pour plusieurs années. », Satoshi Nakamoto.

Les protocoles de preuve de travail, comme ceux utilisés par Bitcoin, semblent transformer le réseau électrique mondial en un mécanisme à l’échelle planétaire qui peut transmettre, stocker et recevoir des informations lisibles par une machine, ajoutant ainsi au cyberespace, un espace d’état physiquement contraint et thermodynamiquement limité.

Satoshi a transformé le Cyberespace

Pour la première fois, nous avons découvert comment projeter de la puissance physique dans le cyberespace en convertissant l’énergie elle-même en bits. Ces bits, dont la production a un coût physique élevé, peuvent servir à imposer d’importants coûts physiques aux acteurs hostiles qui tentent de perturber ces derniers.

Face à l’augmentation des incidents de cybercriminalité, il est évident qu’il est difficile d’assurer la sécurité des logiciels lorsque les utilisateurs ne peuvent pas imposer de contraintes physiques.

Pour atténuer les menaces de la cybercriminalité, il est nécessaire d’adopter un type de protocole qui permette aux utilisateurs de sécuriser physiquement leurs bits, en projetant une puissance physique dans le cyberespace pour imposer des coûts physiques élevés à ceux qui cherchent à exploiter nos systèmes informatiques. C’est exactement ce que permet le protocole Bitcoin.

En résumé, tout comme les États-Unis ont obtenu leur indépendance en imposant des coûts physiques prohibitifs aux personnes qui les exploitaient, les utilisateurs de Bitcoin semblent avoir acquis la même capacité de se battre pour la liberté numérique, mais dans le cyberespace.

Bitcoin : défendre cette ressource vitale

Les protocoles de bitpower peuvent offrir une solution aux dangers associés aux hiérarchies de pouvoir. Ils peuvent servir de contrepoids, tout comme la puissance physique l’a fait tout au long de l’histoire. Envisagez un protocole open source où chaque individu a un accès égalitaire et sans entrave à la “bitpower”.

Hal Finney, avant Satoshi Nakamoto, a dû résoudre un problème majeur en concevant un protocole qui permettrait la réutilisation séquentielle de la “bitpower” tout en empêchant leur réutilisation parallèle. C’est un défi similaire à celui des systèmes financiers, qui doivent permettre une réutilisation séquentielle des billets tout en évitant leur contrefaçon ou double utilisation, un problème connu sous le nom de « double dépense ».

Pour résoudre ce problème, le protocole de preuve de puissance réutilisable de Finney devait inclure une nouvelle étape par rapport à celui d’Adam Back : il devait suivre la position de chaque « jeton » représentant une certaine puissance au fil du temps pour s’assurer qu’ils sont réutilisés de manière séquentielle et non en parallèle. En d’autres termes, le protocole doit maintenir un grand livre qui suit l’état et la chaîne de possession de chaque jeton de bitpower pour garantir qu’ils ne soient pas utilisés simultanément à plusieurs endroits.

Les protocoles d’Adam Back et de Hal Finney

Cependant, cette approche introduit une vulnérabilité de sécurité majeure car elle requiert de faire confiance à une entité dotée de permissions spéciales pour ne pas abuser de ces permissions et manipuler le système.

Finney, Back … Satoshi

En d’autres termes, le protocole de Finney impliquait une forme de hiérarchie de pouvoir, où certaines personnes dotées de permissions spéciales (autorisation administrative pour ajouter des transactions au grand livre) avaient un contrôle sur le bitpower. Cela créait une structure inégale de contrôle des ressources basée sur la confiance, avec une classe dirigeante (les administrateurs) et une classe dominée (les utilisateurs).

Malgré les améliorations apportées par le protocole de Finney, sa dépendance à une entité tierce de confiance pour suivre chaque « jeton » de bitpower a introduit une vulnérabilité de sécurité majeure. C’est cette faille qu’un individu pseudonyme, Satoshi Nakamoto, a rapidement identifiée et corrigé.

Bitcoin, c’est mieux que la guerre

S’inspirant des concepts de Back et Finney, Nakamoto a créé un protocole bitpower réutilisable de manière séquentielle, tout en gardant trace de l’état de propriété et de la chaîne de conservation à l’aide d’un grand livre, similaire à la conception de Finney. La différence majeure réside dans le fait que Nakamoto n’a pas limité les privilèges d’écriture du grand livre à un serveur de confiance. Au lieu de cela, Nakamoto a attribué ces privilèges spéciaux à ceux qui peuvent démontrer qu’ils ont une puissance réelle (en watts).

Contrairement à une hiérarchie basée sur un pouvoir abstrait, Nakamoto a créé un système où les individus ayant un pouvoir physique réel s’engagent dans une compétition mondiale pour l’autorité de contrôle de l’écriture du grand livre. Le gagnant de cette compétition mondiale jouit alors du privilège d’écrire dans le grand livre décentralisé. En gros, d’ajouter de nouvelles transactions, à la chaîne de transactions passées.

Le résultat de cette concurrence mondiale est la décentralisation du contrôle du bitpower. Cela a permis à des populations à travers le monde de rivaliser physiquement pour l’autorité de contrôle sur cette ressource potentielle et d’atteindre un consensus mondial sur son historique de transactions.

Bitcoin est remarquable car il semble avoir créé un équivalent non-létal à la guerre qui permet d’obtenir les mêmes avantages que la guerre traditionnelle, mais sans la violence, en utilisant une compétition énergétique.

Satoshi a inventé un protocole de guerre douce

Nakamoto a conçu un système qui utilise un réseau distribué de nœuds pour gérer le grand livre des transactions, au lieu de dépendre d’un tiers de confiance. Cependant, cette approche pose un nouveau défi de conception: comment obtenir un accord sur l’état légitime du grand livre à partir d’un réseau distribué d’ordinateurs non fiables ? C’est ce que l’on appelle le « problème du général byzantin » en informatique.

En élargissant la perspective, Nakamoto ne se confronte pas seulement à un problème informatique lié aux réseaux distribués. C’est un problème qui se pose depuis des millénaires dans la société humaine et même depuis quatre milliards d’années dans la vie elle-même. Il ne s’agit pas seulement de faire en sorte qu’un réseau d’ordinateurs distribué s’accorde sur l’état légitime du grand livre, mais plus largement de savoir comment établir une autorité de contrôle égalitaire et sans confiance sur une ressource, sans avoir recours à une hiérarchie de pouvoir ?

La fin de la guerre totale ?

Comment parvenir à un consensus entre des étrangers sans l’intervention d’un juge, d’un dieu-roi ou de toute autre figure d’autorité. Depuis au moins 10 000 ans, les êtres humains ont résolu ce problème de la même manière que les animaux : par le biais d’un protocole de projection de pouvoir physique connu sous le nom de guerre.

Si Satoshi a réussi à résoudre ce défi, cela pourrait signifier qu’il a non seulement relevé un défi informatique essentiel, mais qu’il a également trouvé une solution à un défi majeur de la civilisation agraire : créer une forme de guerre non létale, une « guerre douce ».

Satoshi Nakamoto a découvert comment construire un protocole que la société pourrait utiliser pour décentraliser Internet et s’opposer physiquement à ceux qui en exploitent actuellement l’architecture.

El Tres De Mayo, Goya.

Ce qui rend Bitcoin unique n’est pas simplement qu’il permet d’établir un contrôle décentralisé, sans permission et égalitaire sur des ressources précieuses, car nous le faisons déjà efficacement grâce à la guerre. Ce qui distingue Bitcoin, c’est la manière dont il atteint cet état final : électroniquement, dans le cyberespace, plutôt que physiquement, via la mer, la terre, l’air ou l’espace. Et tout cela d’une manière qui ne nécessite ni rois-dieux, ni effusion de sang, atténuant ainsi la menace d’une destruction mutuelle assurée.

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Satosh

Chaque jour, j’essaie d’enrichir mes connaissances sur cette révolution qui permettra à l’humanité d’avancer dans sa conquête de liberté.

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