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Bitcoin & Géopolitique - Semaine 16

mar 18 Avr 2023 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Cela devait arriver tôt ou tard. Le FMI cherche à concurrencer le bitcoin avec un shitcoin de son cru. Unicoin ?

Drapeaux en fond avec un Unicoin à l'avant.

Unicoin

Nous savions que les banques centrales essaient de créer l’amalgame entre le bitcoin et leur CBDC. Mais bien évidemment, personne n’est dupe.

Tout le monde sait que les CBDC seront la négation même du BTC. De vulgaires monnaies programmables. Flanquées de surcroît d’une « digital ID » (identité numérique) probablement biométrique.

La biométrie regroupe l’ensemble des techniques informatiques visant à reconnaître automatiquement un individu à partir de ses caractéristiques physiques, biologiques ou comportementales. Le grand dessein est que notre argent devienne accessible grâce à son visage ou son empreinte digitale. C’est déjà le cas en Chine.

En revanche, nous ne savions pas que le Fonds Monétaire International aussi veut sa propre CBDC. Cette ambition a transpiré à l’occasion des réunions de printemps du FMI.

L’obscure Digital Currency Monetary Authority (DCMA) y a dévoilé un prototype de CBDC internationale. Cette monnaie symbolisée par Ü répond au petit nom d’unicoin pour « Universal Monetary Unit ».

La DCMA se présente comme « un leader mondial dans la promotion des innovations en matière de monnaies numériques auprès des autorités monétaires ». « Notre mission est de faciliter la mondialisation des échanges grâce à l’intégration monétaire des paiements internationaux ».

Le réseau Unicoin se veut un réseau international décentralisé ouvert aux banques centrales, aux banques privées, aux Fintech, aux gouvernements ainsi qu’aux exchanges de cryptomonnaies comme Coinbase ou Kraken.

« Les banques centrales peuvent déployer un système monétaire CBDC résilient en adoptant le protocole Unicoin Network Crypto 2.0 », peut-on lire sur le site de la DCMA.

Unicoin vs Dollar

Le FMI n’adoptera très probablement pas l’unicoin. Mais n’oublions pas que cela fait longtemps que le FMI aspire à lancer sa propre monnaie. L’idée date de la conférence de Bretton Woods, lorsque John Maynard Keynes y présenta le fameux « bancor ».

Le bancor fut refusé par Harry Dexter White, le représentant des États-Unis. Ce dernier souhaitait plutôt faire du dollar américain la monnaie internationale de référence et jouir du fameux « privilège exorbitant ». White rétablira le Gold Exchange Standard en déclarant la libre convertibilité du dollar en or. Jusqu’à ce que les nations demandent pour finalement être trahies par Nixon.

C’est à ce moment-là que le FMI lança une nouvelle monnaie appelée le DTS (droit de tirage spécial). Pour rappel, le DTS est un panier de monnaies dont les parts sont réévaluées tous les cinq ans. Il se compose actuellement du dollar (43 %), de l’euro (29 %), du yuan (12 %), du yen (7 %) et de la livre (7 %).

Sans grand succès au final, alors même que la Chine y a longtemps vu une monnaie internationale susceptible de remplacer le dollar. En effet, même si le FMI est toujours présidé par un européen, les États-Unis y gardent un droit de veto. Au grand dam de la globaliste Christine Lagarde.

Tout cela pour dire que personne ne sera surpris de l’animosité du FMI envers le Bitcoin, lui qui caresse depuis longtemps l’ambition de damer le pion au dollar.

Le FMI et les CBDC

Le FMI jalouse le bitcoin ainsi que la banque des règlements internationaux. Cette dernière a clairement pris l’ascendant concernant les CBDC. La banque des banques centrales a bien l’intention de s’imposer comme le SWIFT des CBDC, notamment avec son projet mBridge.

Ce n’est d’ailleurs probablement pas un hasard si l’unicoin est compatible avec le réseau SWIFT. Son CEO Javier Perez sait bien que les CBDC constituent une menace existentielle et qu’une alliance avec le FMI pourrait s’avérer vitale.

Voici le genre de chose que l’on peut lire sur le blog du FMI :

« Les CBDC présentent des avantages par rapport au cash. Notamment via la promotion de l’inclusion financière grâce à leur capacité à atteindre les personnes qui n’ont pas de compte bancaire, et la réduction des coûts de transaction pour les paiements transfrontaliers. »

Faut-il en dire plus sur les sombres desseins de ce temple du globalisme. Mettre fin au cash tout en endettant toujours plus de nouvelles âmes pour faire tenir le ponzi global de la monnaie fiat parti en exponentielle.

[Le système requiert perpétuellement plus de dette pour tenir debout. Ne manquez pas notre article : « Pourquoi tant d’inflation » pour une explication ciselée du ponzi fiat.]

Notons également que le directeur général adjoint du FMI et ancien gouverneur adjoint de la Banque populaire de Chine Bo Li a sa petite idée sur ce que pourrait permettre les CBDC dans certaines régions du monde :

« La CBDC peut permettre aux agences gouvernementales et aux acteurs du secteur privé de programmer la monnaie pour permettre des fonctions politiques ciblées. Par exemple, le paiement de l’aide sociale, des coupons de consommation, des bons d’alimentation. En programmant la CBDC, l’argent peut être précisément programmé pour choisir à qui le distribuer et à quelles fins. »

Et à la fin, c’est le bitcoin qui gagne

Le FMI n’est plus qu’une coquille vide ne présentant aucune menace pour le bitcoin. Le globalisme a du plomb dans l’aile depuis le début de la guerre en Ukraine. Les pays en développement préfèrent désormais s’adresser à la « banque des BRICS ».

Le président brésilien a d’ailleurs fustigé le FMI pas plus tard que la semaine passée, l’accusant d’asphyxier son voisin argentin. Pour Lula, la Banque des BRICS doit remplacer le FMI et lancer une monnaie internationale alternative.

Cette monnaie internationale fantasmée aura probablement autant de succès que le DTS. En outre, il est certain qu’elle ne sera pas émise en quantité absolument fixe. Seule une monnaie décentralisée peut le garantir.

Nous en revenons toujours au bitcoin. La monnaie des ennemis. La monnaie sans confiance. Comme l’a si bien dit Satoshi Nakamoto :

« Nous devons faire confiance aux banques centrales de ne pas dévaloriser la monnaie, mais l’histoire montre que cette confiance est toujours trahie. »

Ce fut le cas avec les « Quantitative Easing » lancés par la Fed et la BCE. Depuis, Pékin et Moscou accumulent de l’or, sans parler de l’industrie du mining de bitcoins.

« Le hashrate du Bitcoin continue de battre des records historiques malgré la baisse de 57% du prix du $BTC par rapport à ses plus hauts niveaux historiques.
Je ne dis pas que cela a quelque chose à voir avec le mining en Russie, je dis que cela a tout à voir avec le mining en Russie. »

La nature apatride, décentralisée, anti-inflationniste et non censurable du bitcoin en fait la réserve de valeur parfaite pour huiler le commerce mondial. Surtout dans un contexte de tensions géopolitiques graves, de surendettement et de raréfaction énergétique promettant l’hyperinflation.

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Nicolas T.

Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".

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