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Bitcoin & Géopolitique - Semaine 8

mar 21 Fév 2023 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Conférence de Munich, rencontre tendue des ministres des Affaires étrangères chinois et Américain, visite de Biden à Kiev et discours de Vladimir Poutine. La semaine fut houleuse.

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Pas d’issue au conflit en perspective

La 61ième conférence de Munich sur la Sécurité s’est déroulée du 17 au 20 février. Tout le gratin va-t-en-guerre occidental a fait le déplacement pour caqueter leur détermination à soutenir l’Ukraine.

Le secrétaire général de l’OTAN a donné le ton en pressant l’alliance de se préparer à ce que la confrontation dure de « très, très, très nombreuses années »…

Même son de cloche du côté de J. Biden. Le président américain a promis son « engagement inébranlable et indéfectible envers la démocratie, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ». Les États-Unis resteront aux côtés de l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra », a-t-il assuré.

Rebelote dans la bouche d’Emmanuel Macron à Munich :

« Ma conviction est que nous devons absolument intensifier notre soutien et notre effort pour permettre à l’armée ukrainienne de mener la contre-offensive qui seule permettra des négociations crédibles aux conditions choisies par l’Ukraine, ses autorités et son peuple. […] Nous sommes prêts à un conflit prolongé. »

E. Macron a également rouvert la porte à « un dialogue avec les partenaires européens sur la dissuasion nucléaire française et la conception qu’a la France de la dimension européenne de ses intérêts vitaux ».

En clair, nous ne sommes pas à l’abri que le président français promette une riposte en cas d’attaque nucléaire contre n’importe quel pays de l’Union. Avec toutes les conséquences que cela implique pour la sécurité des Français…

Le Premier ministre britannique a lui déclaré que l’Angleterre sera le premier pays à délivrer des missiles de longue portée. Celui qui n’hésite plus à parler de « guerre globale » estime toutefois qu’il est « trop tôt » pour envisager le déploiement d’avions de chasse.

En somme, et pour dire les choses plus crûment, l’occident est prêt à se battre jusqu’au dernier ukrainien. Voire plus. Le nouveau ministre de la défense Allemand a proposé que 300 000 soldats de l’alliance soient « placés en état d’alerte maximale pour servir de force de réaction rapide »

Que va faire l’Empire du Milieu ?

À la demande des États-Unis, M. Blinken a pu confronter son homologue chinois Wang Yi en marge de la Conférence de Munich.

« J’ai pu lui faire part, comme le président Biden l’avait fait avec le président Xi, des graves conséquences que cela aurait sur nos relations », a déclaré M. Blinken en faisant référence à d’éventuelles livraisons d’armes à la Russie.

Les deux hauts responsables ont tous deux souligné ne pas vouloir d’une nouvelle guerre froide. Néanmoins, en coulisse, Washington ne semble pas se faire trop d’illusions.

Le porte-parole Wang Wenbin avait en effet déclaré à la veille de la conférence : « La Chine est prête à travailler avec la Russie pour faire progresser notre partenariat stratégique global pour une nouvelle ère ».

Rappelons aussi que V. Poutine et Xi Jinping se sont rencontrés à Pékin quelques jours avant le début de l’opération spéciale russe. Moscou et Pékin avaient alors publié une déclaration de 5 000 mots affirmant que leur partenariat n’avait « aucune limite ». Le texte fustigeait notamment l’élargissement de l’OTAN.

Le secrétaire général de l’OTAN ne l’a pas oublié. À Munich, Jens Stoltenberg a même laissé entendre que Pékin pourrait déclencher une guerre contre Taïwan. « Ce qui se passe en Europe aujourd’hui, pourrait se produire en Asie demain », a-t-il professé…

Le chef de l’OTAN a prévenu que l’alliance devait agir de manière unie. Aussi bien sur le front militaire que sur le front économique.

En effet, la Chine représente 60 % de l’extraction mondiale de terres rares. Et même 85 % du raffinage et de la production d’aimants permanents. Ces derniers sont essentiels pour convertir de l’énergie mécanique en énergie électrique, et vice versa (éolien, voitures électriques).

Les terres rares jouent également un rôle crucial dans l’industrie de l’armement (missiles, radars, avions de chasse furtifs, etc). C’est un levier de négociation énorme. La Chine pourrait l’utiliser si l’occident continue de refuser de lui vendre des semi-conducteurs de dernière génération.

A ce titre, l’aboyeur Zelensky a proféré des menaces hallucinantes dans le journal allemand Die Welt :

« Si la Chine s’allie à la Russie, il y aura une guerre mondiale. »

Discours du président russe

Vladimir Putin a eu le dernier mot après cette semaine d’effusions diplomatiques. Deux choses importantes ressortent de son long discours devant l’assemblée fédérale russe.

La première est que « l’Ukraine est utilisée comme un outil par l’Occident contre la Russie ». « Plus il y aura d’armes de longue portée en Ukraine et plus nous devrons repousser la menace loin de nos frontières. »

Ainsi, non seulement l’UE vide ses stocks stratégiques de munitions (les capacités de production sont inférieures au rythme d’utilisation), mais cela aura pour effet d’aggraver cette guerre qui a déjà fait plus de 150 000 morts.

Le second point important est la promesse d’en finir avec le rôle de monnaie internationale par excellence du dollar :

« Les organisateurs des sanctions se tirent une balle dans le pied. Leurs actions provoquent de l’inflation, la fermeture d’entreprises ainsi qu’une crise énergétique. […] Ils ont essayé de rompre les liens avec les entreprises russes et de les déconnecter des réseaux de communication financière [SWIFT]. Ils ont volé nos réserves de change et tenté de faire s’effondrer le rouble pour provoquer une inflation destructrice. Le but de ces chers humanistes est de faire souffrir nos citoyens. »

Le président russe a révélé que le rouble est désormais utilisé dans « un tiers des échanges, et plus de la moitié avec les pays amis ». « Nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour créer un système de paiement international indépendant du dollar et d’autres monnaies occidentales ». […] « Le Dollar perdra son rôle de monnaie internationale universelle ».

La guerre en Ukraine marque la fin d’une époque. Nous assistons probablement au dernier hourra de l’hégémonie monétaire occidentale. Les temps où le dollar et l’euro représentaient 80 % des réserves de change est révolu. Les achats d’or au plus haut depuis plus de 50 ans par les banques centrales vont dans ce sens.

Réserve de valeur indestructible, apatride et non censurable, le Bitcoin tirera forcément son épingle dans cette nouvelle ère monétaire.

L’hégémonie monétaire, tel est le véritable enjeu de l’affrontement des superpuissances en Ukraine. Et non pas la défense désintéressée des valeurs démocratiques brandie pour justifier le pire.

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Nicolas T.

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