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Bitcoin & Géopolitique - Semaine 7

mar 14 Fév 2023 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Derrière le brouillard de guerre ukrainien se joue la domination occidentale maintenue grâce au tandem dollar / réseau SWIFT. Et en attendant l’avènement du bitcoin, les fissures dans le système du pétrodollar s’épaississent de jour en jour.

Bitcoin

L’OTAN, le dollar et le réseau SWIFT

La Russie n’est pas à court de missiles. Au contraire, l’OTAN affirme que nous sommes à la veille d’une offensive majeure. C’est ce qu’a déclaré ce lundi Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord.

L’ancien ministre norvégien a également admis que « la guerre n’a pas commencé en février de l’année dernière ». « Elle a commencé en 2014, date depuis laquelle l’OTAN entraîne l’armée ukrainienne et lui fournit des équipements ».

« L’OTAN forme les militaires ukrainiens depuis 2014, les partenaires de l’OTAN fournissent aux forces armées ukrainiennes les armes et la formation nécessaires depuis 2014 » – Jens Stoltenbergs
« Invasion non provoquée
« 

Ces déclarations viennent corroborer celles de l’ancienne chancelière allemande. Angela Merkel s’est en effet confessée il y a quelques mois en avouant les accords de Minsk ne furent qu’une ruse « pour gagner du temps ».

Les récentes confidences de l’ancien Premier ministre israélien vont également dans ce sens. M. Bennett a expliqué en détail comment les Anglo-Américains ont tué le processus de paix en Ukraine qui était sur la bonne voie à Istanbul l’année dernière.

Par ailleurs, tout le monde le savait déjà, mais l’enquête du journaliste Seymour Hersh est venue confirmer que Washington est derrière l’attaque des gazoducs Nord Stream I et II.

Et alors que Joe Biden se rendra le 20 février à Varsovie, les Polonais ont du souci à se faire puisqu’il leur sera certainement demandé d’envoyer des mercenaires en première ligne.

Toutes ces informations suggèrent que le plan visant à sacrifier l’Ukraine pour faire tomber Vladimir Poutine ne date pas d’hier. Loin de là. On sent bien instinctivement que ce ne sont pas des km² qui sont en jeu, mais l’hégémonie occidentale.

L’euro et le dollar représentent en effet 80 % des réserves de change. Ainsi que 80 % des paiements internationaux réalisés via le réseau SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication).

Si la Russie humilie l’OTAN en Ukraine, de nombreuses nations rejoindront la fronde. Et le bitcoin aussi…

L’alliance russopersane ouvre le bal

Peu sont les politiques qui comprennent que le bitcoin est une monnaie de réserve internationale en même temps qu’un réseau de paiements (deux-en-un). D’ici là, il est encourageant de voir que la Russie et l’Iran viennent de raccorder leurs systèmes de messagerie bancaire.

Concrètement, 52 banques iraniennes sont désormais connectées à 106 banques russes via le SPFS, l’équivalent russe du réseau SWIFT. En visitet à Téhéran, le président de la Douma Vyachslav Volodin a également acté « l’utilisation conjointe des systèmes nationaux de paiement par carte Mir et Shetab ».

L’ambassadeur d’Iran à Moscou Kazem Jalali prédit que le rouble sera in fine la principale monnaie utilisée pour le commerce bilatéral : « Aujourd’hui, plus de 40 % des échanges entre nos pays se font en roubles ».

M. Jalali verrait aussi d’un bon œil que le rouble devienne la principale monnaie régionale. Et notamment au sein de l’Union économique eurasienne (Biélorussie, Russie, Kazakhstan, Kirghizistan et Tadjikistan) avec laquelle l’Iran est en train de conclure un accord de libre-échange.

Tout cela ne passe pas inaperçu dans le reste du monde. Nombreux sont les pays qui attendent le déploiement d’une alternative au réseau SWIFT pour échapper à l’asphyxie économique et l’hyperinflation lorsque leur politique étrangère ne s’alignera pas sur celle des États-Unis…

Outre la Russie et l’Iran, il va sans dire que le tango sino-russe a les mêmes plans. Le système chinois CIPS (Cross-Border Inter-Bank Payments System) est prêt depuis des années. Seulement, Washington a directement menacé d’expulser les banques chinoises de SWIFT en cas d’interconnexion avec les banques russes.

Pékin pourrait toutefois lâcher les amarres maintenant que les États-Unis ont décrété un embargo sur la vente de semi-conducteurs de dernière génération. Sans parler des provocations vis-à-vis de Taïwan et de la farce du ballon météo.

Nous observerions alors un schisme monétaire puisque la Chine est désormais le premier partenaire commercial de la grande majorité des nations. Si bien qu’à choisir entre SWIFT et CIPS…

BRICS VS Dollar

Parallèlement, les BRICS ne font plus grand secret de leur ambitions monétaires. Et le fait que les banques centrales aient acheté 1 136 tonnes d’or (70 milliards de dollars) en 2022 n’y est probablement pas étranger.

Pas moins de 13 candidats ont confirmé vouloir rejoindre les BRICS+. Le ministre des Affaires étrangères russe Sergey Lavrov a confirmé que l’Algérie, l’Iran et l’Argentine sont des candidats de premier plan.

Les trois autres pays sur la liste d’attente sont la Turquie, l’Arabie saoudite et l’Égypte. Le Caire vient d’ailleurs de rejoindre la nouvelle Banque de développement qui sera créée par les BRICS. Il s’agit d’une alternative à la Banque mondiale ainsi qu’au Fonds monétaire international.

Pour le député le député Égyptien Abdel-Hamid, « cette adhésion soulagera la pression exercée par la recherche de dollars pour payer les importations du pays. En effet, les membres de la Banque de développement utiliseront leur monnaie nationale pour commercer ».

Le député Ahmed El-Awadi, chef de la commission de la défense et de la sécurité nationale, s’est également félicité de lutter contre la dollarisation et d’ouvrir de nouveaux marchés pour les produits agricoles et industriels égyptiens.

Même son de cloche du côté de la députée Mervat Mattar qui estime que « le groupe des BRICS est un forum important, capable de soustraire l’économie mondiale à la domination du dollar américain ».

« Je pense qu’après avoir rejoint le groupe des BRICS et sa nouvelle banque de développement, nous serons en mesure de conclure des accords similaires avec la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud », a-t-elle ajouté.

Quid du bitcoin ?

Un vent de révolte monétaire souffle aux quatre coins du monde, c’est certain. Et gageons que la dédollarisation pourrait grandement s’accélérer si la Russie parvient toute seule à tenir tête à l’OTAN.

Est-ce que les États-Unis, un empire déclinant endetté de plus de 32 000 milliards de dollars, peuvent se permettre d’expulser les BRICS+ du réseau SWIFT ? Non.

Surtout que même l’Arabie Saoudite, pièce maîtresse du système pétrodollar, ne répond plus aux appels de Washington. Le Royaume est tout proche d’intégrer le groupe des BRICS ainsi que l’Organisation de coopération de Shanghai.

Riyad a certainement peur pour ses centaines de milliards de dollars investis dans la dette occidentale. Il est temps de se diversifier. D’autant plus que l’Ukraine, la Pologne et les États baltes insistent pour les réserves de changes russes gelées leur soient versées. Nous parlons de 300 milliards d’euros

Si Bruxelles et Washington font défaut vis-à-vis d’une puissance nucléaire, ni l’Arabie saoudite, ni aucune autre nation n’est à l’abri. Le monde a besoin d’une nouvelle monnaie de réserve que personne ne pourra « geler ». Nul besoin de l’usine à gaz des CBDC, ni de ridicules stablecoins adossés à l’or.

Le bitcoin fonctionne sans interruption depuis 14 ans et tirera son épingle du jeu plus tôt qu’on ne le croit. Ce n’est d’ailleurs probablement pas un hasard si le gouvernement russe soutient de plus en plus l’industrie du Mining de bitcoins…

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Nicolas T.

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