Bitcoin : Taïwan envisage un investissement de 2,5 milliards de dollars 

Quand le New Hampshire a choisi d’intégrer le bitcoin dans ses réserves, l’initiative a peu résonné au-delà de ses frontières. Mais aujourd’hui, l’écho devient mondial avec Taïwan qui étudie la même stratégie, envisageant d’y allouer 2,5 milliards de dollars. Un signal fort d’un possible virage monétaire global.

Du New Hampshire à Taïwan : même monnaie, enjeux différents

Le New Hampshire, pionnier aux États-Unis, a été le premier à tester le bitcoin comme actif de réserve. Pour cet État fédéré, l’objectif était d’explorer la souveraineté monétaire à l’échelle locale. Taïwan, en revanche, évolue dans un environnement bien plus complexe. Entre pression de la Chine et dépendance au dollar, sa proposition d’intégrer 5 % de BTC à ses réserves constitue un geste fort.

Cette initiative s’inscrit dans une redéfinition du rôle des monnaies nationales, avec des motivations géopolitiques claires. L’intégration de cet actif numérique pourrait symboliser une volonté d’émancipation stratégique face aux puissances dominantes.

Pourquoi Taïwan veut sécuriser ses réserves avec du bitcoin

Le député Ko JU-CHUN estime que le bitcoin offre une couverture contre les incertitudes financières et monétaires. Avec ses caractéristiques techniques — offre limitée, décentralisation, portabilité — il pourrait compléter un portefeuille d’actifs composé de 577 milliards de dollars de devises et 423 tonnes d’or. Taïwan cherche à se protéger d’une éventuelle guerre financière, en anticipant des sanctions ou des gels des avoirs. Selon Ko, le BTC pourrait offrir :

• Une réserve de valeur insensible aux décisions politiques internationales ;
• Une liquidité immédiate, utile en cas de choc ou de crise ;
• Une indépendance accrue vis-à-vis des banques centrales étrangères.
  

Les défis d’une transition crypto-souveraine

Intégrer le bitcoin à une politique de réserve nationale implique des défis structurels. Sur le plan technique, des infrastructures robustes sont nécessaires pour sécuriser les actifs numériques. Le député Ko a rencontré Samson Mow, PDG de Jan3, pour aborder ces aspects. Sur le plan juridique, le bitcoin reste classé comme actif spéculatif, non comme monnaie légale.

Enfin, politiquement, ce choix pourrait susciter des tensions avec les alliés occidentaux, notamment les États-Unis, très attentifs à l’usage stratégique des crypto-actifs. Cette transition nécessite donc un alignement entre :

• Réglementation nationale ;
• Système bancaire ;
• Diplomatie économique.
  

Bitcoin : vers une nouvelle cartographie des réserves internationales ?

Le bitcoin gagne du terrain comme actif stratégique. Si Taïwan adopte cette voie, elle rejoindra un club naissant de juridictions explorant des modèles alternatifs aux réserves classiques. Le Salvador, la Russie, l’Iran ou encore la République centrafricaine ont déjà franchi le pas, chacun selon ses contraintes.

Pour des économies technologiquement avancées comme Taïwan, le signal serait fort : la diversification monétaire devient aussi numérique. Ce mouvement pourrait :

• Renforcer la légitimité du bitcoin comme réserve étatique ;
• Reconfigurer les équilibres géoéconomiques ;
• Accélérer l’émergence d’un ordre monétaire multipolaire.
  

Le bitcoin passe donc du statut d’expérimentation locale à enjeu géostratégique. Taïwan, en quête d’autonomie monétaire, pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de réserves numériques. Ce mouvement amorce un basculement où les États repensent leur sécurité économique en intégrant des actifs décentralisés à l’instar du BTC, comme levier de souveraineté.