Bitcoin : Une réunion au sommet pour faire avancer la réserve stratégique US

Trump et le bitcoin, c’est un mélange de bruit et de stratégie. D’un côté, il martèle son ambition de placer les États-Unis en tête de la révolution Web3. De l’autre, il freine parfois, comme lorsqu’il exclut de puiser dans la trésorerie fédérale pour gonfler le portefeuille numérique du pays. Et, régulièrement, il tend l’oreille aux experts crypto qui affluent à Washington pour exposer leurs plans. La rencontre autour du BITCOIN Act illustre cette ambivalence.

Washington se réchauffe : le BITCOIN Act au cœur des débats politiques

Alors que la France parle déjà de bloquer certaines sociétés crypto pour se poser en modèle de régulation, l’ambiance est tout autre de l’autre côté de l’Atlantique. Mardi, 18 dirigeants crypto se sont retrouvés à Washington pour défendre le BITCOIN Act. Ce texte, porté par la sénatrice Cynthia Lummis et le représentant Nick Begich, propose que les États-Unis accumulent un million de bitcoins en cinq ans. Objectif : bâtir une réserve stratégique numérique, à l’image de Fort Knox pour l’or.

La réunion, organisée par The Digital Chamber et le Digital Power Network, a rassemblé des profils variés : Michael Saylor (MicroStrategy), Tom Lee (Fundstrat et BitMine), Fred Thiel (MARA), mais aussi des acteurs de la finance traditionnelle. Le tweet de Michael Saylor a résumé l’atmosphère : « Quand on vous invite à discuter des actifs numériques à la Maison-Blanche, portez votre cravate orange ». 

Pour l’instant, le projet n’a séduit que les Républicains. Sans soutien démocrate, le BITCOIN Act peine à avancer dans les commissions bancaires du Congrès.

Bitcoin, l’or numérique que l’Amérique rêve d’accumuler

L’ambition de ce projet dépasse un simple signal politique. Le texte veut faire du bitcoin un actif stratégique national, traité comme l’or.

Cette perspective enthousiasme les défenseurs de la crypto. Ils imaginent déjà un scénario où les trésoreries d’entreprises suivraient l’exemple de l’État fédéral, renforçant la légitimité du bitcoin comme « or numérique ». 

Charles Hoskinson (Cardano) a confirmé sa présence à la table ronde en publiant un bref message sur X annonçant son arrivée à Washington. Mais certains mettent en garde : un État accumulant de telles quantités pourrait perturber la nature décentralisée du bitcoin.

Le casse-tête budgétaire : un million de BTC sans impôt supplémentaire

Le cœur du débat réside dans le financement. Le BITCOIN Act exige que l’achat d’un million de BTC soit réalisé via des stratégies dites « budget-neutral ». Pas question d’augmenter les impôts ni d’alourdir la dette publique. Plusieurs pistes sont sur la table.

Les chiffres derrière le projet

• 1 million de BTC à acquérir en cinq ans ;
• 0 dollar de taxe supplémentaire : stratégie « budget-neutral » ;
• 18 dirigeants crypto présents au roundtable de Washington ;
• 2 commissions clés à convaincre : House Financial Services et Senate Banking.

Parmi les solutions envisagées : réévaluation des certificats d’or du Trésor, redirection des surplus douaniers, intégration des bitcoins saisis dans les affaires criminelles. 

Vugar Usi, dirigeant chez Bitget, nuance : 

Une réserve de Bitcoin aux États-Unis renforcerait la confiance institutionnelle, améliorerait la clarté réglementaire et consoliderait la perception du bitcoin comme un actif stratégique légitime. 

Les États-Unis ont la capacité d’acheter autant de bitcoins qu’ils le souhaitent. Mais la volonté politique reste déterminante. Récemment, Scott Bessent a refroidi les ardeurs des bitcoiners en déclarant que le gouvernement ne rachètera pas de BTC, mettant fin, du moins pour l’instant, aux rêves d’une réserve fédérale numérique adossée au bitcoin.